ANNONAY
Jean Patot, la passion et l’engagement sans faille

Mylène Coste
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ANNONAY / Né à Annonay dans la ferme familiale, Jean Patot a repris le flambeau dans la lignée de ses aînés, tout en faisant évoluer l’exploitation. Engagé pendant de nombreuses années au service de la profession, il reste aujourd’hui attentif aux actualités du monde agricole.

Jean Patot, la passion et l’engagement sans faille
Même à la retraite, Jean Patot continue de travailler la terre, dans son jardin potager toujours bien fourni en légumes !

Boucieu… Le petit hameau, situé dans la campagne annonéenne, conserve un charme fou. C’est ici que se sont succédées de nombreuses générations de la famille Patot. Jean Patot, aujourd’hui retraité de l’agriculture, est le témoin de cet héritage familial, « qui a démarré il y a fort longtemps, du temps de la Révolution française ! », témoigne-t-il.

Jean Patot a grandi dans la ferme, au milieu des vignes et des animaux. « Mon grand-père Alphonse y cultivait des vignes au milieu desquelles on trouvait quelques pêchers, et il élevait des vaches laitières, quelques chèvres et quelques moutons. C’était un système équilibré, où chaque activité avait sa place : y compris les chèvres et les moutons qui mangeaient les buissons et entretenaient les terrains. » Le jeune annonéen d’alors le savait : un jour, il deviendrait lui aussi agriculteur ! Une conviction qui s’est confirmée durant les deux années d’études agricoles qu’il a réalisé au lycée Olivier de Serre du Pradel : « J’y ai beaucoup appris, et me suis véritablement pris de passion pour l’agronomie. J’en garde un très bon souvenir. »

Entre héritage et innovations, l’exploitation évolue

Si son père s’est éloigné de l’agriculture pour se consacrer à la tannerie, Jean a quant à lui repris le flambeau de son grand-père. D’abord salarié agricole aux côtés de son aïeul, il devient chef d’exploitation en 1975. Le jeune agriculteur fait évoluer la ferme : « J’ai d’abord abandonné les chèvres et les moutons pour me consacrer uniquement aux vaches laitières, principalement de race abondance et montbéliarde. Je livrais le lait à une laiterie annonéenne aujourd’hui disparue. »

Mais dans les années 1980, à l’arrivée des quotas laitiers, il décide d’abandonner l’élevage bovin lait. « À l’époque, de nombreux éleveurs laitiers cessaient leur activité ; la collecte était menacée, j’ai donc décidé de me convertir en élevage allaitant, explique Jean Patot. J’ai constitué un troupeau d’une quinzaine de mères et de quelques génisses, essentiellement en race limousine, mais j’avais aussi quelques tantes (montbéliardes). Je vendais tout à un boucher local. Je pouvais négocier les prix en direct avec lui, ce qui est un gros avantage par rapport à l’élevage laitier où l’on ne maîtrise pas tout le processus. » Jean Patot cultivait aussi 10 ha de céréales (seigle, orge, avoine) et des prairies naturelles.

Côté fruits, l’Annonéen supprime les pêchers pour se consacrer exclusivement à la vigne et au raisin, qu’il livre à la cave coopérative de Saint-Désirat. « J’ai reconverti mes 2 ha de vignes hybrides en gamay dans les années 1970, encouragé par la cave, précise-t-il. Les plantations de gamay ont bien pris et se sont bien adaptées sur mes terrains. »

La défense du foncier agricole, un engagement qui lui tient à cœur

Dès son jeune âge, Jean Patot s’est engagé au sein du syndicat Jeunes agriculteurs (JA), puis de la FDSEA de l’Ardèche dont il fut pendant un temps membre du bureau. « J’ai également été élu à la Chambre d’agriculture durant deux mandats. J’ai notamment fait partie du comité technique de la Safer, et de la commission départementale d’aménagement foncier, se souvient-il. La défense des terres agricoles est un combat qui m’a toujours tenu à cœur, encore aujourd’hui. » D’autant plus que Jean Patot a vu pousser de nombreux lotissements sur d’anciens terrains agricoles encore cultivés il y a 20 à 30 ans. « Il y avait énormément de vignes en terrasses, à Annonay. Elles ont aujourd’hui disparu, tout comme de nombreuses exploitations, pourtant pleines de potentiel. Ce n’est pas propre à Annonay : à Davézieux, c’est pire ! Jean Patot déplore : Depuis la loi SRU1, l’aménagement foncier est plus encadré ; mais cela n’empêche pas certains élus de passer outre ! »

Un retraité toujours actif !

Aujourd’hui retraité, Jean Patot profite d’une retraite bien méritée aux côtés de son épouse, Claudine. Lecteur assidu de la presse agricole, il est membre de la section des anciens exploitants agricoles (SDEA), « pour garder des liens avec d’autres retraités agricoles du département ».

Si son fils Thomas n’a pas repris l’exploitation, ce dernier semble avoir hérité de la passion du vin, puisqu’il travaille comme commercial au sein de la Cave aux cinq sens (Tain l’Hermitage).

Quant à Jean Patot, il a conservé une parcelle de subsistance avec quelques vignes dont il prend grand soin et du blé pour ses poules. Il continue de mettre la main à la pâte dans son jardin potager où poussent une multitude de légumes : « Je suis très actif, et j’ai besoin de travailler la terre. Je suis au jardin tous les jours, confie-t-il. Et de plaisanter : Si on n’a ni but ni passion, on est foutus ! »

Mylène Coste

1. Solidarité et le renouvellement urbain (SRU).