SYNDICALISME
Mobilisations agricoles, Saison 2

Marine Martin
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La FDSEA et Jeunes agriculteurs (JA) Ardèche ont mené des actions à travers tout le territoire ardéchois ce lundi 28 octobre, pour faire entendre leur voix face à « l’absence de réponse » et au « manque d’actions concrètes » menaçant l’avenir de leurs exploitations.

Mobilisations agricoles, Saison 2
La FDSEA et JA 07 ont mené plusieurs actions symboliques de bâchage de radars et de panneaux d'entrée de ville dans la nuit du 28 octobre pour protester contre l'inaction de l’État. « Il faut que le gouvernement se réveille », a martelé la présidente de JA 07, Nathalie Soboul.

« On marche sur la tête », le slogan des premières mobilisations a laissé la place à des « Agriculteurs en colère », dont l’inscription orne les radars et panneaux préalablement bâchés, aux abords des communes du territoire. Les syndicats agricoles majoritaires, avec la FNSEA et Jeunes agriculteurs (JA) en tête, se préparent à de nouvelles mobilisations à la mi-novembre. Avant que ces actions ne s’intensifient si l’État ne réagit pas, les agriculteurs augmentent progressivement la pression.

L’élément déclencheur ? L’accord de libre-échange UE-Mercosur, dont les négociations ont repris au niveau européen. « C’est un affront de plus à l’agriculture française ! Il est grand temps que l’État se réveille et protège notre agriculture ! Car il y a un mal-être omniprésent en agriculture, un venin tapi dans l’ombre dont les dommages peuvent être bien plus irréversibles que d’aller bâcher un radar ! », martèle la présidente de JA 07, Nathalie Soboul.

Des mots forts, mais à la hauteur de la réalité des agriculteurs, dont le quotidien s’est encore assombri par les aléas climatiques et les crises successives. La plus récente, la crise sanitaire liée à la FCO suscite une vive inquiétude chez les éleveurs. « L’an dernier, la FCO a touché peu d’éleveurs, mais malheureusement, cette année, elle frappe durement. Actuellement, très peu de personnes en mesurent réellement l’ampleur », alerte Gilles Amblard, délégué cantonal à la FDSEA. Cet éleveur bovin et ovin a perdu une quarantaine de brebis sur son cheptel de 380 têtes et estime les pertes à plus de 6 000 euros. « On se demande comment on va faire, car on est limite au niveau de la trésorerie. Il faut que l’État se rende compte que le monde agricole est en difficulté et qu’il nous aide pour remonter notre troupeau, on demande une reconnaissance des pertes directes et indirectes », ajoute-t-il.

Les demandes portent également sur une harmonisation de la prise en charge des vaccins par l’État. En effet, le vaccin contre le sérotype 8 reste payant, contrairement à celui contre le sérotype 3, et ce malgré une vague de contamination par ce sérotype dans le département.

Un bis repetita à destination de l’État

Malgré les mobilisations de l’hiver 2023-2024 et les quelques avancées obtenues suite à cet événement, le contexte politique du printemps-été et la dissolution de l’Assemblée nationale ont rebattu les cartes, car de nombreuses mesures promises par l’ancien Premier ministre Gabriel Attal n’ont pas pu voir le jour. Bien que certaines aient été inscrites dans les projets de loi de finances pour 2025, cela reste trop peu pour les syndicats agricoles, qui tirent la sonnette d’alarme. « Trop peu de choses ont changé depuis la fin des mobilisations. Alors certes, nous avons obtenu un fonds d’urgence pour la viticulture, ou encore la taxe carburant, mais nous avons besoin de mesures d’urgence pour les trésoreries pour l’élevage, l’arboriculture, et même la viticulture qui a connu une nouvelle crise climatique avec l’orage de grêle qui est tombé en juillet et a ravagé 800 hectares de vignes en Ardèche. Ce n’est pas rien ! », ne décolère pas la présidente de JA 07.

Parmi les mesures urgentes demandées pour faire face aux défis actuels, la protection des exploitations locales se distingue. Les syndicats estiment que la pression foncière et les prix agricoles, considérés comme trop bas, menacent la viabilité des fermes. Dans cette même veine, une rémunération équitable permettant de vivre dignement est également au cœur des revendications. De plus, la simplification administrative promise après les mobilisations tarde à se concrétiser, entravant l’installation et l’activité des agriculteurs, qui font face à un véritable mur de normes et de bureaucratie.

La FDSEA et JA 07 demandent des mesures massives pour faire face à la prédation et une meilleure gestion des crises agricoles, comme l’accès à l’eau, alors que les périodes de sécheresse sont de plus ne plus sévères. La plupart des revendications avaient déjà été exprimées lors des mobilisations de début 2024, mais pour les agriculteurs, les services de l’État nécessitent un bis repetita. « Il nous faut des actes, pas des paroles », lancent d’une même voix les syndicats agricoles.

M.M.

Les Jeunes agriculteurs murent l'entrée de la préfecture et de la DDT
Dimanche 27 octobre, une quarantaine d'agriculteurs ont emmuré les entrées de la préfecture, protestant contre l'inaction des services de l’État. ©JA07
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Les Jeunes agriculteurs murent l'entrée de la préfecture et de la DDT

Les Jeunes agriculteurs (JA) de l’Ardèche ont pris un peu d’avance sur les mobilisations, pour signifier leur mécontentement, face à « l’inaction de l’État ».

Dès dimanche soir, une quarantaine de Jeunes agriculteurs (JA) se sont retrouvés devant la préfecture pour déverser du fumier et murer les entrées, signifiant le « non-respect des engagements » pris lors des mobilisations de l’hiver 2023-2024. Ils demandent des mesures concrètes et d’urgence pour soulager une agriculture en crise : des aléas climatiques de plus en plus violents, une situation sanitaire qui impacte de nombreux éleveurs, une concurrence déloyale venue des pays aux normes environnementales et sanitaires moins strictes, ou encore une bureaucratie et des normes bien trop lourdes.

À NOTER

Mercosur : les négociations avancent, au grand dam des agriculteurs

Bien que le président de la République s’oppose depuis 2019 à l’accord de libre-échange UE-Mercosur (comprenant l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay), il apparaît de plus en plus isolé, car les négociations en vue d’un accord semblent avancer. Le G20 qui se teindra dans quelques jours sera une occasion de discuter de cet accord, qui vise à établir les volumes de produits pouvant entrer en Europe sans droit de douane, notamment ceux des matières premières agricoles.

Alors que les consommateurs privilégient de plus en plus les produits d’origine française, on constate que près d’un poulet sur deux consommés en France est importé. Le Brésil est le deuxième producteur et le premier exportateur mondial de viande de bœuf et de volaille. Dans ce cadre, l’importation massive de produits agricoles, issus d’une main-d’œuvre moins coûteuse et soumis à des normes environnementales et phytosanitaires moins strictes, pourrait affaiblir l’agriculture française et menacer certaines productions locales.

M.M.

photos préfecture du 27/10
Les Jeunes agriculteurs de l'Ardèche ont pris de l'avance sur les mobilisations prévues à la mi-novembre. ©JA07