VITICULTURE
Connaître son sol : un élément incontournable pour pérenniser son vignoble et réussir sa plantation

La chambre d’agriculture de l’Ardèche organise deux sessions de formation en janvier prochain sur le thème de la « connaissance du sol » dans l’objectif de pérenniser son vignoble et réussir sa plantation.

Connaître son sol : un élément incontournable pour pérenniser son vignoble et réussir sa plantation
Problématique d’uniformisation, avec altération des transferts d’eau et du compartiment organique. ©DR

Avoir les clefs agronomiques et pédologiques de compréhension de son sol viticole, comprendre son fonctionnement biologique et le devenir d’un produit organique dans son sol, sont des atouts pour réussir une nouvelle plantation, modifier ses itinéraires techniques, réussir ses couverts végétaux, mieux gérer la fertilisation et la matière organique ou encore s’adapter au changement climatique.

La chambre d’agriculture de l’Ardèche propose une formation de deux jours à destination de tous les agriculteurs, particulièrement les viticulteurs, situés en Ardèche ou en zones limitrophes.

Cette formation abordera divers sujets :

  • Le sol viticole et sa fertilité : définitions, les éléments à regarder et pourquoi, les outils de diagnostic, proposition d’une méthode d’autodiagnostic de sols viticoles pour comprendre leur fertilité globale.
  • Éléments de la morphologie du sol en viticulture.
  • La matière organique des sols.
  • L’intérêt d’une observation pragmatique de son sol.
  • Rappel du fonctionnement de la fertilité globale d’un sol, piliers de la fertilité : physique, chimique, biologique et positionnement des indicateurs analytiques sur ces trois piliers.
  • Présentation de situations pédologiques viticoles altérées : intérêt de connaître l’état organo-physique de son sol avant plantation.
  • Feuilles de route agronomique (à construire avec l’intervenant lors de la formation) pour améliorer la fertilité biologique des sols.
  • Les indicateurs d’une analyse de sol classique : limites d’utilisation et pertinence.

Diverses méthodes pédagogiques seront utilisées :

  • En salle : apports fondamentaux à partir de diaporamas/photos et sur la base d’analyses de sol apportées par les stagiaires.
  • Sur le terrain : réalisation de profils pédologiques (observation de profils pédologiques préalablement ouverts à la mini-pelle).
Drainage vertical favorable. ©DR
« Le monde du sol réagit sur un temps long »
Christian Barnéoud.
QUESTIONS À

« Le monde du sol réagit sur un temps long »

Christian Barnéoud, pédologue et spécialiste sur l’agriculture de conservation des sols, qui interviendra lors de cette formation.

Dans quels intérêts est-il important de savoir connaître et apprivoiser son sol ?

Christian Barnéoud : « Les aléas climatiques fragilisent le matériel végétal dès lors qu’il a été implanté dans des conditions limites, ce qui peut générer la création d’horizontalités, de fermetures d’horizons : en conditions limite d’humidités, il est possible ainsi de créer des ruptures de perméabilité, altérant durablement la porosité du sol dont les conséquences principales sont les risques d’engorgement temporaire au-dessus de la zone altérée et l’installation du système racinaire dans cette même zone qui peut subir des engorgements s et des stress hydriques. L’objectif de cette formation est de permettre à des viticulteurs de regarder et d’apprivoiser leur sol de manière simple et pertinente, en leur donnant suffisamment d’outils accessibles, quelles que soient les plantations. Leur faire prendre conscience qu’on peut regarder son sol simplement et comprendre son offre globale. Avec mes collègues, Thibault Déplanche (Laboratoire Celesta-lab) et Matthieu Archambeau (I-Cosystème), on propose le terme d’horizons de responsabilité pour qualifier la zone qui subit/bénéficie de l’action de l’homme. »

Quels indicateurs analytiques leur permettraient de le faire ?

C.B. : « Parmi tous les indicateurs normalisés, on peut souligner quatre types d’analyses. La première est celle du fractionnement granulométrique de la matière organique (MO) : la fraction libre révèle la manière dont on gère les entrées de MO dans les sols, elle doit représenter entre 15 à 20 % de son stock. Elle correspond à l’énergie de système sol indispensable aux organismes vivants du sol. La seconde fraction est liée à la matière minérale et participe en quelque sorte au ciment qui va participer à la construction, l’agrégation des éléments terreux jouer un rôle sur les transferts d’eau (rétention, drainage vertical : micro et macroporosité). La troisième analyse concerne le carbone vivant qui permet de vérifier si son sol est suffisamment vivant, en capacité de renouveler sa population de micro-organismes. La quatrième analyse (minéralisation du carbone et de l’azote en conditions contrôlées) permet une vision d’avenir proche : mon sol est-il capable de me rendre des services et plus particulièrement peut-il assurer une partie de la fourniture azotée nécessaire à ma plante. Le sol, placé en condition optimale de fonctionnement révèle ce qu’il est capable de produire en azote, tout en vérifiant son "efficacité respiratoire". »

Comment se déroule la formation concrètement ?

C.B. : « Elle se déroule sur deux jours, avec des temps en salle et sur le terrain. La première journée permet de s’accorder sur le vocabulaire du sol. Qu’est-ce que c’est ? À quoi ça sert ? Comment se mesure le système du sol ? Comment se pilote-t-il ? L’après-midi, sur le terrain, on va observer l’ouverture de deux à trois fosses pour appréhender les sols par autodiagnostic. Durant la seconde journée, en matinée, un point est fait en salle sur le volet spécifique des problématiques liées aux sols en viticulture et les points de vigilance à apporter sur la plantation, la préparation des sols, la manière d’analyser les problèmes rencontrés et les leviers mécaniques et techniques à mettre en œuvre pour les résoudre, que ce soient des problèmes physiques ou de gestion de la MO. L’objectif est de leur rappeler que le monde du sol réagit sur un temps long… On peut parfois réparer mécanique rapidement un sol, mais un dysfonctionnement du compartiment organique peut parfois nécessiter 2 à 3 ans de rééquilibrage des différents compartiments que je viens d’évoquer. Il existe de nombreux leviers, dont la vitesse d’action va dépendre du problème rencontré. L’après-midi, sur le terrain, j’invite les stagiaires à observer des sols et faire des propositions de conduite de la parcelle, dans le but de s’approprier les points de vigilance évoqués en matinée. »

Propos recueillis par A.L.

Sessions de formation
PRATIQUE

Sessions de formation

  • 23 janvier et 2 février 2024 à Alba-la-Romaine.
  • 24 janvier et 2 février 2024 en Nord Ardèche.
  • Durée de la formation : 14 heures (9 h à 12 h et 13h30 à 17 h).
Pré-inscriptions en ligne. 
Contact : Mélanie Terrasse au 04 75 20 28 58 et à [email protected]