L'INFO PRAIRIES
Gestion de l'herbe : quelle stratégie adopter ?

Climat, stade de l'herbe, état des prairies... Quelles stratégies adopter ? Emmanuel Forel, conseiller Agronomie Fourrages à la Chambre d'agriculture de l'Ardèche, fait le point.

Gestion de l'herbe : quelle stratégie adopter ?

Ce début d’années est de nouveau très sec. Mise à part en montagne, la réserve en eau des sols superficiels est déjà consommée. Une dégradation pluvieuse est annoncée pour vendredi sur l’ensemble du département.

Gestion de l’herbe

En montagne, laisser passer l’épisode de froid et réaliser les apports d’azote sur les parcelles d’enrubannage et les parcelles destinées à la mise à l’herbe. Apport de 50-60 kgN/ha en complément des effluents d’élevage (voir ci-dessous pour mesurer l’opportunité d’un tel apport). 

Sur les autres secteurs, le stade mise à l’herbe est atteint sur prairie naturelle. Cependant le déficit hydrique génère un différentiel de croissance important entre les prairies productives qui ont démarré depuis longtemps et les prairies naturelles maigres. Accompagner le pâturage des animaux par une complémentation en fourrage distribuée en fonction de l’herbe disponible : 

  • Herbe au talon (5 cm) : <150 kg MS/ha disponible
  • Herbe au coup de pied : env. 250 kg MS/ha
  • Herbe entre coup de pied et cheville : 250 à 750 kg MS/ha

Emmanuel Forel,
Chambre d’agriculture de l’Ardèche

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Somme des températures depuis le 1er février

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Stades repères en somme de températures

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Réserve en eau des sols au 28 mars 2022

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Collecte des déchets plastiques d'élevage

Vous n'êtes pas encore inscrit à la collecte des déchets plastiques d'élevage ? Contactez très rapidement Cécilia Roux et Laëtitia Boffelli au 04 75 20 28 00 ou [email protected]

Hausse du prix des engrais, attention aux fausses économies

Hausse du prix des engrais, attention aux fausses économies

La conjoncture fait monter les cours des intrants : engrais, céréales, tourteaux… La problématique vient également de l’absence de disponibilité de certains produits (engrais notamment). Avec les cours actuels, quelles sont les bonnes stratégies en matière de fertilisation azotée des fourrages ?

Maintenir les pratiques de fertilisation azotée sur les fauches précoces de bonne qualité

Les apports d’azote génèrent plus de gains de rendement en fauche précoce destinée à l’ensilage qu’en fauche tardive à foin. On observe sur nos essais qu’une fertilisation optimale basée sur un apport de 80 kg N/ha d’ammo-nitrate en première coupe (ou 30 m3 de lisier +60 kg N/ha) permet de gagner 1.7 t de MS/ha. Compte tenu du cours des céréales et des tourteaux (orge à 357 €/t et tourteau de soja à 590 €/t) le prix d’équivalence d’un bon ensilage d’herbe se situe à 325 €/t de MS (ensilage d’herbe à 0.84 UFL/kg MS et 95 g PDIN). Si vous avez payé votre ammo-nitrate 400 €/t, vous valorisez aujourd’hui votre € dépensé à 5.8 € sous forme d’ensilage d’herbe.  

En revanche pour des fauches tardives, le différentiel de rendement avec ou sans fertilisation est moindre : de l’ordre de 0.25 t MS/ha pour 40 uN apportée. Compte tenu de la valeur moindre du foin (0.64 UFL, 58 g PDIN), son prix d’équivalence s’établit à 247 €/t MS. Si vous avez payé votre ammo-nitrate 400 €/t, vous valoriser votre € dépensé à 1.3 €, si vous l’avez payé 600 €/t vous valorisez votre euro dépensé à 0.9 €. Il vaut mieux alors garder l’engrais dans le sac et le mettre à l’abri de l’humidité.

Exemple de calcul d’opportunité de la fertilisation azotée d’un ensilage d’herbe (80 UN, prix d’équivalence de l’ensilage à 325 €/t MS, orge à 325 €/t, t. de soja à 596 €/t).

Des pistes pour limiter les achats d’engrais

Tenir compte de la valeur fertilisante des effluents d’élevage

Les fumiers, lisiers et purins sont toujours riches en particulier en fumure de fond (phosphore et potasse). Des doses d’apports modérées (20 t/ha de fumier de bovins ou 30 m3/ha de lisier de VL peu dilué) permettent de couvrir les besoins en P et K des prairies. En fonction du mode d’utilisation, un apport d’azote complémentaire se justifie car l’azote des effluents d’élevage n’est pas intégralement disponible.

Prairies temporaires : intégrer suffisamment de légumineuses

Les légumineuses sont autonomes en fertilisation azotée, car elles sont capables de fixer l’azote de l’air avec leurs nodosités. Aussi, dans les prairies temporaires on visera de 30 à 50 % de légumineuses dans les mélanges semés. Pour cela il faut tenir compte du poids de mille grains des espèces et non pas raisonner au kg. Quelques exemples :

  • Dactyle-luzerne : 10 kg de dactyle + 20 kg de luzerne vous assurent un mélange à 50-50 entre graminées et légumineuses.
  • RGH- trèfle violet : 15 kg/ha de RGH diploïde et 10 kg/ha de TV diploïde permettent d’avoir un mélange à 56% de graminées pour 44% de légumineuses.

Positionner les apports d’engrais azoté en fonction de la météo

Il faut environ 15 mm de pluie dans les 15 jours qui suivent l’apport pour que l’engrais azoté soit assimilé. On évitera donc les épandages par temps secs, froids et ventés qui favorisent les pertes par volatilisation. Le suivi régulier de la météo devient un atout.

Emmanuel Forel