FRUITS
Des récoltes abondantes, mais une consommation en berne

Si le début de saison des fruits d’été s’annonçait sous les meilleurs auspices, il n’en a pas été de même par la suite. La faute à une consommation en berne, malgré une production en forte hausse. Explication avec le président de l’AOP pêches et abricots France, Bruno Darnaud.

Des récoltes abondantes, mais une consommation en berne
Bruno Darnaud, président de l’Association d’organisation de producteurs de pêches et abricots « il y a un déséquilibre entre l’offre et la demande ».

« On est à 15 % de plus, de production par rapport aux prévisions du mois de mai », annonce en préambule, Bruno Darnaud. En cause, un début d’été très pluvieux qui a permis aux abricots, pêches et nectarines, de gagner en calibre, mais également en poids.

« La consommation n’a pas été au rendez-vous. »

Malgré le volume, le marché de l’abricot finit sa saison en Berne :« On a eu une bonne entrée en campagne, jusqu’au 20 juin. Puis, il y a eu un déséquilibre au niveau de l’offre et la demande. La consommation n’a pas été au rendez-vous, le volume a déséquilibré le marché », constate l’arboriculteur drômois et président de l’AOP pêches et abricots de France. La cause est multifactorielle. Selon lui, la météo défavorable n’a pas donné envie aux consommateurs d’acheter des fruits d'été, mais pas seulement : « Les distributeurs se sont réveillés au mois d’août en multipliant les actions promotionnelles. De plus, l’exportation au mois de juillet a été inexistante malgré le volume des fruits et les prix pratiqués. L’Italie s’est démarquée cette année en étant davantage présente que l’Espagne, sur les étals », analyse Bruno Darnaud. « On sortait de trois années où il y avait peu d’abricots pour l’export : le consommateur s’est détourné du produit. Et par-dessus toutes ces raisons, il y a eu une déception gustative en début de campagne. Nous devons réaliser une progression à ce sujet », concède l’arboriculteur. Il insiste sur un dernier point : « De plus, il y a eu une atomisation de l’offre en abricot. L’organisation en amont était insuffisante. L’offre était dispersée, peu préparée". Du côté des pêches et nectarines, la fin de saison s’annonce meilleure que pour les abricots, malgré une frayeur, fin juillet.

« On a frôlé la catastrophe, fin juillet »

« En ce qui concerne les pêches et nectarines il n’y pas eu de grande fluidité. Les prix ont été inférieurs à l’année dernière, avec une concurrence forte de l’Espagne. Le grand volume et la concurrence des pêches plates espagnoles ont conduit la filière à frôler la catastrophe fin juillet. Heureusement, on a réussi à vendre le surplus sur le mois d’août », souffle soulagé, le président de L’AOP pêches et abricots de France.

Haro sur la pêche plate espagnole

Une question se pose alors aux arboriculteurs, au sujet de la pêche plate : « Il y a une réflexion à avoir autour de cette variété : continue-t-on à ne pas en produire ? », questionne Bruno Darnaud. Si les arboriculteurs rechignent à s'y mettre malgré l'engouement des consommateurs, c'est en partie parce que « Les distributeurs prennent moins de marge sur la pêche plate espagnole, car les gens se tournent en priorité sur ce produit". Les distributeurs l’achètent en dessous du prix de distribution ce qui débouche sur un marché très concurrentiel.

"Pour les pêches et nectarines on ne s’en sort pas si mal, on est à l’équilibre"

Avec un volume de fruits de 15 % supérieur aux prévisions, mais des prix inférieurs, la fin de saison qui approche ne changera pas la donne. « On va finir sur une année morose pour l’abricot, mais pour les pêches et nectarines on ne s’en sort pas si mal, on est à l’équilibre ».

Pour la saison prochaine, nul doute qu’il faudra se pencher sur la restructuration de l’organisation du marché de l’abricot, afin d’éviter les déconvenues de cette année, mais également, compter sur l'aide des distributeurs dans le but de regagner des consommateurs qui se sont détournés des fruits locaux d’été, pour ne pas mettre en danger les exploitants arboricoles français sur le long terme.

Marine Martin

« C'est une mauvaise saison », annonce sans détour Christophe Claude, directeur de Rhoda Coop. Si la récolte a été bonne avec 6200 tonnes de pêches et 5000 tonnes d'abricots, la déconsommation de tout le pays a affecté la coopérative. Et ce, alors même que les prix sont en deçà de l'année précédente. « Les prix à la vente ne sont pas bons et les charges augmentent », déplore le directeur. Et si ce n'est pas seulement l'inflation qui impacte la consommation, il y a fort à parier que la météo y est aussi pour quelque chose. « La qualité des fruits était hétérogène », détaille Christophe Claude. Et surtout, « Le temps était frisquet dans la moitié nord ». Et comme les glaces, les abricots ou les pêches ne s'invintent sur la table des français qu'en cas de coup de chaud. Et cet été, il aura été plutôt fulgurant.

P.D-D.

À Rhoda-coop, une « une mauvaise saison »
Christophe Claude, directeur de Rhoda Coop.

À Rhoda-coop, une « une mauvaise saison »

« C'est une mauvaise saison », annonce sans détour Christophe Claude, directeur de Rhoda Coop. Si la récolte a été bonne avec 5000 tonnes d'abricots et 6200 tonnes de pêches, la déconsommation de tout le pays a affecté la coopérative. Et ce, alors même que les prix sont en deçà de l'année précédente. « Les prix à la vente ne sont pas bons et les charges augmentent », déplore le directeur. Et si ce n'est pas seulement l'inflation qui impacte la consommation, il y a fort à parier que la météo y est aussi pour quelque chose. « La qualité des fruits était hétérogène », détaille Christophe Claude. Et surtout, « le temps était frisquet dans la moitié nord ». Et comme les glaces, les abricots ou les pêches ne s'invintent sur la table des français qu'en cas de coup de chaud. Et cet été, il aura été plutôt fulgurant.

P.D-D.