L’élevage français a un rôle à jouer en faveur de la souveraineté alimentaire
Depuis la crise sanitaire, puis le début de la guerre en Ukraine, la notion de souveraineté alimentaire est de plus en plus plébiscitée. Souvent malmenée et confondue avec le concept d’autosuffisance, sa définition a pourtant été officialisée dès 1996. Traduisant la capacité d’autodétermination d’un État sur les systèmes alimentaires qui se déploient sur son territoire, la souveraineté alimentaire est dorénavant indissociable des dépendances à d’autres pays producteurs. Malgré sa force de frappe sur le marché intérieur, comme à l’export, l’élevage de ruminants tricolore ne fait pas exception à la règle et doit relever de nombreux défis.

Matthieu Brun est directeur scientifique à la Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (FARM). Il est également chercheur associé au laboratoire « Les Afriques dans le monde » de Sciences Po Bordeaux et spécialiste des enjeux géopolitiques de l’agriculture. Quelle est l’origine du concept de souveraineté alimentaire ? Matthieu Brun : « Le concept de souveraineté alimentaire est bien plus ancien que son utilisation actuelle. Dans les années quatre-vingt-dix, ce vocabulaire était utilisé par la Via Campesina, un mouvement altermondialiste de paysans sud-américains critiques envers la libéralisation. Les militants ne refusaient pas le commerce, mais souhaitaient davantage le réguler et l’encadrer. » À quelle date ce concept a-t-il été reconnu à l’échelle internationale ? M.B. : « Sa théorisation a été officialisée lors du Sommet mondial de l’ali...
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