INSTALLATION
D’hier et pour demain, la châtaigneraie en héritage

Mylène Coste
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INSTALLATION / Au 1er janvier prochain, Daniel Vernol cèdera officiellement son exploitation à son fils Gaëtan, à Saint-Étienne-de-Boulogne. Le jeune homme compte bien perpétuer et prendre soin de cet héritage, vieux de plusieurs générations. 

D’hier et pour demain, la châtaigneraie en héritage
La relève est assurée : s’apprêtant à partir à la retraite, Daniel Vernol cède l’exploitation familiale à son fils Gaëtan.

« Reprendre l’exploitation n’était pas dans mes plans initiaux, confie Gaëtan Vernol. Je travaillais comme mécanicien dans la maintenance industrielle, en CDI, avec mes confortables 35 heures… Pourquoi m’embêter avec un travail fatigant à la merci des aléas climatiques ? » Mais l’annonce du départ en retraite de son père Daniel sonnera comme un déclic : « J’ai regardé nos montagnes, nos châtaigniers… Je ne pouvais pas abandonner ce précieux patrimoine que mon père, et avant lui mes aïeuls, ont mis tant d’énergie à bâtir ! » Il constate également : « Dans les années 1980, il y avait encore 17 exploitations dans le village. Elles ne sont plus que cinq aujourd’hui. Je ne pouvais pas en abandonner une de plus ! C’est presque une mission : celle de sauvegarder et d’entretenir nos paysages. »

Castanéiculture et élevage, un juste équilibre 

C’est ainsi que Gaëtan Vernol a décidé de se lancer en reprenant l’exploitation familiale, qui comprend aujourd’hui une centaine d’hectares dont 15 ha de châtaignes, 15 ha de prairies permanentes, et le reste en landes et parcours. Après un BPREA réalisé au Pradel en 2019, et un stage à Prades dans la ferme de Benoit Breysse (élevage d’aubrac, châtaignes et fruits), le jeune homme, s’est lancé dans l’aventure.

Passionné par l’élevage, il compte bien conserver des bovins sur l’exploitation. « Mon père a aujourd’hui un atelier de broutards en race charolaise. J’ai cependant décidé de convertir le troupeau en aubrac, une race plus rustique qui peut s’adapter à du fourrage de moins bonne qualité. Pas question pour moi d’acheter du foin à 100 km d’ici ! Avec les aubracs, je vise vraiment l'autonomie fourragère. » Le jeune éleveur réfléchit également à la possibilité de faire de la vente directe : « L’époque a changé, et les consommateurs reviennent aux circuits courts. De plus, le cours des broutards est au plus bas ! Pour l’heure, je vais continuer sur le même système que mon père tout en développant peu à peu la vente directe afin de créer un petit réseau. » Gaëtan Vernol n’écarte pas non plus la possibilité de devenir plus tard éleveur-naisseur et de faire de la sélection.

 Outre l’apport économique de l’atelier bovin, l’intérêt est aussi pratique : « Les animaux pâturent toute l’année sous les châtaigniers, hormis lors de la récolte. Ils ont un rôle crucial d’entretien des terrains ! »

La castanéiculture est l’autre activité phare de l’exploitation. « Mon père m’a laissé une châtaigneraie en excellent état. Côté variétés, nous cultivons 60 % de bouche rouge, 20% de garrinche et 15 % de comballe, tout en AOP. Il ajoute : Le châtaignier se plante d’une génération pour une autre. Peut-être qu’un jour, je transmettrai à mon tour ce patrimoine à mon fils Nino… »

Déjà engagé pour la profession

S’il n’est pas encore tout à fait installé, Gaëtan Vernol est déjà engagé pour la profession agricole : « Je suis membre des Jeunes agriculteurs (JA), mais également administrateur à la caisse locale du Crédit Agricole d’Aubenas. A l’avenir, je pense que je m’investirai aussi au sein de la filière castanéicole. Si on ne s’implique pas, rien ne bouge ! » Un engagement qu’il tient de son père Daniel, président du syndicat de défense de la châtaigne d’Ardèche. Bien que prochainement à la retraite, nul doute que ce dernier sera aux côtés de son fils pour l’épauler dans ses premiers pas dans le métier. « Tout comme mon grand-père Edmond, qui, même à la retraite, a travaillé la terre jusqu’à ses 87 ans ! Aujourd’hui, il nous demande chaque jour un compte rendu de ce qu’il se passe dans les vergers. » Preuve que la passion résiste fermement au passage du temps !

M.C.

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« Le châtaignier se plante d’une génération pour une autre », souligne Gaëtan Vernol, dépositaire du travail réalisé avant lui par ses aïeuls.
« Le châtaignier se plante d’une génération pour une autre », souligne Gaëtan Vernol, dépositaire du travail réalisé avant lui par ses aïeuls.