RECONNAISSANCE
Les zones humides du Jura labélisées Ramsar

S.C.
-

Les lacs et tourbières du massif du Jura viennent d’être reconnus par la convention de Ramsar, visant à protéger les zones humides. Pour le Parc naturel du Haut-Jura, cette labellisation démontre que tous les acteurs du territoire, agricoles et touristiques, ont su travailler en bonne intelligence pour préserver l’environnement.

Les zones humides du Jura labélisées Ramsar
A la découverte de la tourbière de Frasne (Doubs).©Epage-Haut-Doubs-Haute-Loue

Tourbières et lacs d’altitude sont emblématiques de la montagne jurassienne. Ces zones humides jouent un rôle primordial dans la préservation de la ressource en eau et dans l’adaptation au changement climatique. Le 2 février 2021, à l’occasion des Journées mondiales des zones humides, ce patrimoine a rejoint le réseau des 50 sites labellisés Ramsar en France. Une reconnaissance qui intervient alors que cette convention internationale pour la conservation des zones humides et l’utilisation rationnelle de leurs ressources, fête ses 50 ans. Elle vise à enrayer leur dégradation ou disparition, en reconnaissant leurs fonctions écologiques ainsi que leurs valeurs économique, culturelle, scientifique et récréative. Quarante nouvelles communes, situées entre Pontarlier et Saint-Claude, ont rejoint les 12 communes du site du Drugeon, jusque-là seule zone labellisée Ramsar de la région. Sous l’impulsion du Parc naturel régional du Haut-Jura et de l’Epage Haut-Doubs Haute-Loue, le site « Tourbières et lacs de la montagne jurassienne » a pu être reconnu. Il s’appuie principalement sur 12 sites Natura 2000 d’une surface totale de 12 134 ha et intègre 125 tourbières. Cela représente 36 % de la surface recensée dans le massif jurassien (Suisse et Ain compris) et 66 % de la part franc-comtoise. Dix-huit lacs naturels au-dessus de 800 mètres d’altitude sont aussi labellisés.

Des pratiques agricoles compatibles

« La convention Ramsar est une reconnaissance de la préservation de ces zones humides, » explique Pierre Durlet, chargé de mission milieux naturels pour le Parc naturel du Haut-Jura. « C’est grâce au travail des différents acteurs du territoire que nous avons pu être labellisé. Un équilibre a été trouvé entre l’activité humaine, qu’elle soit agricole ou touristique, et la conservation des ressources. Pour les agriculteurs, aucune nouvelle contrainte ne se rajoute, poursuit-il. La loi sur l’eau continue de s’appliquer. Si les tourbières et lacs du Haut-Jura ont mérité ce label, c’est en partie grâce aux pratiques agricoles qui ont permis de maintenir leur qualité. Les coopératives peuvent s’en saisir et mettre en avant cette biodiversité préservée pour l’image de marque de leur production. » Preuve d’une agriculture respectueuse de l’environnement, le PNR vient de décerner à l’ensemble de la filière bleue de Gex le label « Valeurs Parc Naturel régional ».

S.C.

A lire également :

Des écosystèmes qui rendent service à la société

Agriculture et territoires, des enjeux indissociables

13 500 hectares de zones humides recensés en Ardèche

Les zones humides incluses dans l'expérimentation des PSE

Des agriculteurs sceptiques

Laurent Mussillon, éleveur en AOP comté sur les rives du lac de l’Abbaye et membre du bureau de la FDSEA 39, regrette que les agriculteurs du secteur n’aient pas été mis au courant de cette labellisation. Il fait le parallèle entre Ramsar et la classification Natura 2000 : « Natura 2000 était annoncée comme formidable au départ, il ne devait y avoir aucune contrainte. Mais petit à petit les choses se sont durcies. Désormais tout est soumis à étude d’incidence. Il ne faudrait pas que, d’ici quelques années, Ramsar suive la même voie. » Selon lui, entre les Znieff, Natura 2000, la loi sur l’eau et les captages prioritaires, les contraintes subies par les agriculteurs sont déjà nombreuses : limitation de la fertilisation azotée et phosphore, interdiction de la mise en tas du fumier et des épandages de lisier sur certaines zones… « Nous ne sommes pas contre la préservation de l’environnement, bien au contraire, précise l’éleveur.  Nous avons un peu l’impression d’être sous tutelle, que toutes ces règles font fi des besoins de l’agriculture et des règles de propriété privée. Les zones humides ont le vent en poupe mais il ne faudrait pas qu’à terme elles aillent à l’encontre de notre activité. »

S.C