CAPRIN FROMAGER
Une installation 100 % féminine à Étables

Mylène Coste
-

L’une vient de Bourg-Saint-Andéol, l’autre d’Orgnac. Tout juste installées en élevage caprin avec transformation fromagère, à la tête de « Les Caprices du Petit Chère », Mylène Massaudet et Léa Brugier comptent bien se tailler une place de choix sur leur nouveau territoire, à Étables.

Une installation 100 % féminine à Étables
Originaires du Sud-Ardèche, Mylène Massaudet et Léa Brugier viennent de s'installer ensemble en caprin à Étables. Elles souhaitent produire des yaourts et différents fromages fermiers au lait cru, dont le fameux Picodon AOP !

La passion : c’est sans doute et avant tout, ce qui unit Mylène Massaudet et Léa Brugier, deux Ardéchoises aux parcours différents, mais qui se sont rejointes autour d’un projet commun : celui de s’installer ensemble en élevage caprin à Étables. Originaire de Bourg-Saint-Andéol, Mylène a obtenu un BTS Acse à Tournon et effectué un apprentissage dans un élevage de vaches laitières à Dieulefit, même si ce sont les chèvres qui l’ont toujours davantage attirées. De son côté, Léa a grandi dans les vergers de son père arboriculteur à Orgnac ; c’est pourtant l’élevage caprin qui l’a toujours passionnée, et l’a poussé à réaliser un BTS Acse à Aubenas suivi d’un certificat de spécialisation en transformation fromagère et commercialisation, ainsi que divers stages en élevage caprin fromager (Loir-et-Cher). Des parcours différents qui ont toutefois forgé un amour partagé pour les chèvres et une volonté ferme d’en faire leur métier.

Comment leurs chemins se sont-ils croisés ? « Nous avons toutes deux travaillé comme salariées durant quatre ans à l’Earl Les Caprines de Fonteron, à Garde-Adhémar, indique Mylène Massaudet. Nous y avons appris énormément de choses ! » Léa Bruguier de compléter : « Cette ferme était une sorte de modèle de ce à quoi nous aspirions : un élevage de 90 chèvres avec un atelier de transformation en fromage et de la vente directe. Cela nous a confortées dans notre volonté de nous lancer à notre tour dans un projet similaire. »

Produire des Picodons et du Caillé Doux de Saint-Félicien

C’est ainsi que les deux jeunes femmes se sont lancées. « Initialement, nous recherchions des opportunités en Sud-Ardèche mais les prix sont très élevés, et l’offre de fromages de chèvre y est déjà très importante, indique Mylène. Nous avons élargi notre périmètre de recherche, jusque dans le Gard, le Vaucluse et même le Verdon ! » Finalement, à force de persévérance, les deux jeunes femmes trouvent leur bonheur à Etables, près de Tournon : « Nous avons trouvé une offre pour une structure jusqu’alors exploitée en vaches laitières par des fermiers en location, avec deux maisons d’habitation et 23 ha de terrains : c’était inespéré ! », affiche Léa, avant de poursuivre : « Nous allons entreprendre de gros travaux pour adapter le bâtiment pour les chèvres et construire la fromagerie, mais nous sommes très heureuses de nous installer sur ce territoire que nous avons hâte de découvrir. »

Les chevrettes, originaires d'une exploitation du Vercors, devraient prochainement arriver à la ferme

Avec un projet bien ficelé et une volonté de fer, les deux jeunes femmes n’ont pas eu de mal à convaincre les partenaires (Chambre d’agriculture, banques…) de les suivre dans cette aventure. « Nous allons démarrer avec 40 chèvres avant d’agrandir progressivement le troupeau jusqu’à 80 animaux, explique Mylène. Je m’occuperai essentiellement de l’élevage tandis que Léa sera davantage centrée sur le transfo et la vente ».

« La transformation fait partie intégrante de notre projet, poursuit Léa. Nous voulons intégrer des signes de qualité, notamment l’AOP Picodon et, pourquoi pas, le Caillé Doux de Saint-Félicien qui est ancré dans l’identité du territoire. Nous avons le projet de développer la vente directe à la ferme et sur les marchés locaux, ainsi que dans des GMS, fromagers et épiceries locales. » Les deux jeunes associées devraient recevoir leurs premières chèvres en novembre prochain, et inaugurer leurs premiers fromages en février 2022.

Garder un temps pour notre vie personnelle

Conscientes de la charge de travail qui les attend, les jeunes éleveuses comptent bien toutefois s’aménager du temps pour leur vie personnelle : « C’est une condition sine qua non pour pérenniser notre activité, indique Mylène. Garder du temps pour nous, ne pas être esclave de son métier, c’est pour nous essentiel. Il existe aussi des outils collectifs comme les services de remplacement ou les groupements d’employeurs à disposition des agriculteurs : profitons-en ! »

Les jeunes femmes ont également rejoint les JA du canton de Tournon : « Il est important pour nous de créer un réseau, de nous intégrer dans le monde agricole du territoire, estime Léa. Rien de mieux pour cela que le réseau JA. »

Mylène Coste

Une cagnotte pour soutenir Mylène et Léa dans leur projet
Les deux jeunes chevrières ont lancé un appel à contribution pour financer leur projet.

Une cagnotte pour soutenir Mylène et Léa dans leur projet

Réhabiliter le bâtiment d'élevage, créer une fromagerie, consituer un troupeau... Tout cela a une coût, et pas des moindre. Si les deux jeunes cheffes d'exploitation à la tête des Caprices du Petit Chère ont réussi à réunir 90 % de la somme nécessaire à leur installation, il leur manque un petit coup de pouce pour parvenir à boucler leur budget. Mylène et Léa ont ainsi décidé de lancer une cagnotte en ligne dans le but de réunir 5000 €. Les contributions, quelle que soit la somme, sont possible jusqu'au 25 juillet, date de la clôture de la cagnotte.

Pour participer, rendez-vous sur https://www.miimosa.com/fr puis tapez "caprices du petit chère" dans la barre de recherche

Les deux jeunes installées ont repris une exploitation bovine à Étables pour créer leur ferme caprine, "Les Caprices du Petit Chère".

Une filière caprine très féminisée

Comme beaucoup de femmes, Léa Bruguier et Mylène Massaudet ont choisi la filière caprine. Explications…

Pourquoi les chèvres ? « Il y a tout d’abord la question de la manipulation des animaux : les chèvres sont plus légères que les bovins, et l’élevage caprin nécessite moins de mécanisation, souligne Mylène.  Nous étions aussi très attirées par la transformation fromagère fermière, la vente et le contact avec les clients, qui existent peu en bovin lait. C’est cette dimension pluriactivités et d'ouverture sur l’extérieur qui nous a séduites, et l’élevage caprin s’y prête parfaitement. Et d’ajouter : Je crois aussi que les femmes ont tendance à faire plus de choses que les hommes, qui sont plus centrés sur la production ! » Aujourd’hui, les femmes sont très représentées dans la filière caprine, plus encore dans la transformation fromagère. En Ardèche, on comptait en 2016 171 cheffes d’exploitation en élevage caprin ou ovin, sur un total de 567 (soit 30 % de femmes).