VISITE DE TERRAIN
2021 : « l’année de la décision »

A.L.
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Vendredi 9 avril, la présidente de la FNSEA Christiane Lambert est venue apporter son soutien aux agriculteurs ardéchois impactés par le gel, lors d’une visite chez Alain Mounier, arboriculteur près de Charmes-sur-Rhône.

2021 : « l’année de la décision »
Christiane Lambert, accompagnée du vice-président de la Chambre d'agriculture de l'Ardèche et de la FNSEA Jérôme Volle et de la présidente de la FDSEA Christel Cesana.

Sur 10 hectares de vergers d’abricot, Alain Mounier a tout perdu dans la nuit du 7 au 8 avril. Alors que le thermomètre descend jusqu’à -5°C et s’y maintient durant plusieurs heures, les systèmes de ventilation mis en place en urgence par l’arboriculteur ne lui suffisent pas à réchauffer suffisamment ses arbres fruitiers. Cette année encore, ils étaient en avance de deux semaines, au stade de petit fruit noué, issus de variétés précoces et rustiques. « D’heure en heure, on a vu tous les bourgeons geler. Certaines parcelles n’avaient jamais gelé jusqu’ici, je n’ai jamais connu ça, rien n’y a échappé », constate Alain Mounier le lendemain. Engagé sous contrat avec un industriel pour sa production d’abricots, il estime sa perte de récolte à 90 % minimum. « Même sans récolte, il va falloir entretenir les arbres, les arroser… On fera tout ce qu’on peut pour passer ce cap mais ça ne suffira pas. C’est une catastrophe. »

Dispositifs et mesures d’urgence

En Ardèche, l’année 2021 sera « une année blanche pour de très nombreuses exploitations arboricoles, viticoles et autres productions qui étaient en pleine floraison », souligne la présidente de la FDSEA Christel Cesana. « Nous n’avons jamais vu l’ensemble du département geler. C’est un gel historique, d’une ampleur immense, qu’il va être très difficile de passer. » Le 9 avril sur l’exploitation d’Alain Mounier, elle était accompagnée de la présidente de la FNSEA Christiane Lambert qui a appelé à « l’effort de tous ». Banques, assurances, structures économiques, élus… « Dans l’immédiat, il faut trouver des mesures d’urgence de trésorerie », parmi lesquelles elle a évoqué notamment la prise en charge des cotisations de mutualisation agricole, la répartition de la taxe sur le foncier non bâti, des reports d’annuités avec prise en charge des intérêts et des aides de trésorerie exceptionnelles « dont il faudra trouver le nom et la source ». D’autres dispositifs peuvent être enclenchés, a-t-elle ajouté : report du remboursement des prêts garantis par l’État pour les viticulteurs qui ont émargé au Plan de soutien gouvernemental et un aménagement fiscal pour les stocks de vin ; veiller à la protection des arboriculteurs qui ne pourront pas honorer leurs contrats. « Tout ceci est important mais compliqué à mobiliser. Nos organisations syndicales et les Chambres d’agriculture ont un rôle important d’écoute, d’expertise et de conseils techniques à tenir pour encourager la mise en place de ses dispositifs et aider les agriculteurs à tenir sur l’année ! »

Préserver l’avenir d’une économie capitale pour le territoire

En raison de l’amplification et la multiplication des aléas climatiques, la présidente de la FNSEA n’a pas manqué de souligner la réflexion à mener sur la gestion des risques en agriculture et la refonte des dispositifs de calamités agricoles et d’assurance privé. « J’espère que l’année 2021 sera l’année de la décision, qu’elle sensibilisera l’opinion publique à la fragilisation de l’agriculture. Nous avons aussi besoin de soutiens politiques, de créer un mouvement pour pousser le ministre à la décision. Il en va de la survie des exploitations ! » Un constat partagé par le président de la Chambre Benoit Claret « pour préserver l’avenir de filières capitales pour le territoire ». En Ardèche, la viticulture concerne 70 millions d’euros (M€) de chiffre d’affaires, l’arboriculture 50 M€ et 10 000 emplois sont liés à l’agriculture, a-t-il rappelé. « Vu les spécificités des exploitations ardéchoises, le dispositif des calamités agricoles ne suffira pas à accompagner les agriculteurs. » Jérôme Volle, vice-président de la Chambre et de la FNSEA d’ajouter : « Le combat mené par les agriculteurs cette nuit-là, leurs investissements dans de nouveaux vergers et de la protection, ne doivent pas être vains. Nous avons besoin d’un plan national, beaucoup d’outils économiques peuvent être enclenchés pour les soutenir ».

Ce jour-là, de nombreux élus ardéchois ont apporté leur soutien aux agriculteurs impactés par le gel, dont le président du Département Laurent Ughetto, les députés Fabrice Brun, Hervé Saulignac et Michèle Victory, le sénateur Mathieu Darnaud et le conseiller régional Olivier Amrane.

A.L.

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Sur 10 hectares de vergers d’abricot, Alain Mounier a tout perdu dans la nuit du 7 au 8 avril.
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Le 8 avril au petit matin, il faisait toujours -4,5°C dans les vergers d’Alain Mounier, malgré les systèmes de ventilation.
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Cette année encore, ses abricots étaient en avance de deux semaines, au stade de petit fruit noué, issus de variétés précoces et rustiques.