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Le gel a frappé très fort en région

Sébastien Duperay
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Le gel a frappé durement la semaine dernière, particulièrement dans la nuit du 7 ou 8 avril. Tous les départements de la région ont été impactés. De lourdes pertes sont redoutées pour les productions végétales régionales. Tour d’horizon.

Le gel a frappé très fort en région
Aucun département en Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté n’a été épargné par l'épisode de gel et les températures glaciales dans la nuit du 7 ou 8 avril. Les vignes et les vergers ont particulièrement souffert. ©AD

Si le gel n’est pas rare à cette période de l’année, l’épisode qui a touché dix régions françaises sur treize entre le 5 et le 8 avril a été exceptionnel, par son intensité, par sa durée et par son étendue. Les températures sont, par endroits, descendues jusqu’à - 8 °C. De nombreuses stations météo ont battu leur (triste) record pour un mois d’avril. À cela s’ajoutent des stades végétatifs très avancés cette année, après une fin mars quasi estivale. Conséquence : les températures glaciales qui se sont abattues sur une grande partie du territoire ont causé d’importants dégâts sur l’ensemble des cultures. Aucun département en Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté n’a été épargné. Les vignes et les vergers ont particulièrement souffert.

Ardèche et Drôme très touchés

En Drôme, tous les territoires ont été touchés. Les températures enregistrées dans la nuit du 7 au 8 avril ont battu des records, descendant jusqu’à - 7,5 °C à Bourdeaux, selon les relevés de Météo France… L’événement est qualifié de pire gel en avril depuis le milieu des années 1970. Tous les moyens de lutte ont été déployés, sans résultats ! Fruits à noyaux, fruits à pépins, noyers, amandiers, fraises de plein champ, vignes, les cultures touchées en Drôme sont nombreuses. Les légumes primeurs ou encore la production de plants ont aussi subi des dégâts. On recense d’ores et déjà de 80 à 100 % de perte dans de nombreux vergers. En vignes, le secteur des côtes-du-rhône méridionales a particulièrement souffert. En Ardèche, le gel s’est installé dès la nuit du 3 au 4 avril. La nuit du 7 et 8 avril a été la plus froide, avec des températures entre - 4 et - 6 °C. En arboriculture et viticulture, de forts dégâts sont à craindre sur l’ensemble du département. Des maraîchers ont d’ores et déjà constaté des dégâts en plein champ, sur leurs plants et sous serre. Le gel pourrait aussi avoir dégradé les troncs sur de jeunes vergers de châtaigniers. En grandes cultures et semences, la situation du colza qui était à un stade sensible inquiète.

Les vignobles de montagne impactés

En Isère, la situation semblait homogène bien qu'inégale. Les vignes des Balmes dauphinoises dans le Nord du département ne connaîtront pas de récolte cette année, alors que celles du Grésivaudan ou de la zone vins de Savoie s'en sortent mieux. Dans l’Ain, le vignoble du Bugey devra se passer des trois quarts de sa production, annonçait en début de semaine le syndicat des vins du Bugey. « Le secteur de Cerdon est très touché, avec des pertes de 70 à 75 %, voire 100 % sur certaines vignes. » Côté températures : jusqu’à - 7 °C ont été enregistrés à Massignieu-de-Rives. En pays de Savoie, la gelée noire du 8 avril a causé beaucoup de dégâts aux vergers et au vignoble malgré la lutte active engagée par les professionnels pour tenter de sauver les récoltes. Le potentiel de production des vignes est très affecté, de - 30 % à - 80 % des bourgeons détruits. Une grande partie des pommiers et surtout des poiriers en floraison avancée ont été littéralement brûlés. La température est « tombée » à - 7 °C à Copponex (Haute-Savoie). D’autres coups de gel étaient annoncés cette semaine. Dans le Jura, les effets du gel sur les cépages chardonnays, qui représentent le gros du volume de production, sont catastrophiques. Les pertes s’échelonnent de 70 à 90 %. Les températures sont descendues à - 6 °C. La neige qui est tombée aurait pu protéger du gel mais ça n’a pas été le cas car il a fait trop froid. Sur les autres cépages plus tardifs les dégâts sont un peu moindres.

Prudence de la Bourgogne à la Loire

En Saône-et-Loire, du 5 au 8 avril, les températures ont brusquement chuté. Vent glacial, neige surprise, froid intense - jusqu’à - 8 °C dans le Nord Mâconnais - ont grillé les bourgeons et fleurs étalées dans les vignes. Les estimations font état de 75 à 100 % de pertes sur de larges secteurs, du Sud Mâconnais jusqu’au Chablisien. Dans le Rhône, la filière arboricole a été la plus durement impactée par cet épisode de gel. Les températures sont même descendues jusqu’à - 8,2 °C le 8 avril ! Les remontées de terrain font état de dégâts très importants, indiquait lundi la chambre d’agriculture. En viticulture, dans les côtes-du-rhône septentrionaux, les vignes ont été fortement touchées, y compris celles plantées sur les coteaux de côte-rôtie. En appellation coteaux-du-lyonnais, le nord est moins affecté que le sud. C’est le cépage chardonnay, plus sensible et plus en avance, qui est le plus impacté, tout comme en Beaujolais où les responsables se montrent plus prudents quant aux pertes affichées dans le vignoble. Dans les vignobles de la Loire, les dégâts sont hétérogènes et encore difficiles à estimer. Les vignerons estiment que c’est « du jamais vu » en côte-roannaise. En côtes-du-forez, jusqu’à 60-70 % de bourgeons ont été grillés, les coteaux ayant été les plus touchés. Au Sud : jusqu’à 100 % de perte sur certaines parcelles. Dans les vergers de la Loire, Pilat et Jarez, aucun producteur (abricots, cerises, pêches, prunes, pommes) n’aura moins de 30 % de pertes. Des producteurs sont impactés à 100 %.

Sébastien Duperay

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Rassurant pour les céréales

Le gel n’a pas fait trop de dégâts « généralisés » sur les grandes cultures, indiquait ce mardi Yves Pousset d’Arvalis - Institut du végétal. « Les températures sont descendues assez bas, mais nous sommes à des stades de mi-montaison et la sensibilité n’était pas au maximum. » Des dégâts ponctuels peuvent être observés, mais avec la pluie qui est tombée le week-end dernier, il est recommandé de « bien laisser la culture repartir pour faire un vrai diagnostic 10 à 15 jours après ».