OVINS
Alimentation des agneaux : des économies sont possibles

Baptiste Vlaj
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Mercredi 6 octobre, au Sommet de l’élevage, une conférence sur la production ovine s’est tenue abordant plusieurs pistes afin de réaliser des économies sur les charges alimentaires des agneaux.

Alimentation des agneaux : des économies sont possibles
Selon une enquête réalisée en élevage, la finition des agneaux à l’herbe entraîne une économie de 120 kg de concentré par couple mère/agneau(x) par rapport à une conduite en bergerie.

Pour être rentable, l'éleveur doit maîtriser ses coûts de production. « L'un des postes de dépense les plus importants en élevage ovin est le coût du système d’alimentation qui représente 43 % du coût total de production », indique Marie Miquel de l’Institut de l’élevage. Si le coût du système d’alimentation pèse aussi lourd, c’est qu’il dépend de facteurs que les éleveurs ne peuvent pas contrôler comme le changement climatique ou encore la hausse et la volatilité des cours des matières premières. Pour diminuer ces coûts sur l’alimentation plusieurs solutions sont envisageables.

Le sevrage tardif : une fausse bonne idée

Un sevrage plus tardif des agneaux permet une substitution du concentré par le lait maternel donné plus longtemps aux agneaux. Les coûts du système d’alimentation devraient dans ce cas être réduits. Mais quand est-il vraiment ? Pierre-Guillaume Grisot de l’Institut de l’élevage et François Demarquet de la Ferme expérimentale de Carmejane (Alpes-de-Haute-Provence) ont testé ce procédé. Deux lots d’essais ont été sélectionnés. Un lot témoin sevré autour de 70 – 75 jours d’âge, soit une période classique, et un autre lot sevré autour de 95 – 100 jours d’âge, pour un sevrage plus tardif. Les deux lots sont ensuite alimentés de la même façon avec un concentré. À l’abattage, les poids des agneaux sont similaires avec un poids vif à l'abattage de 35,6 kg pour le sevrage classique contre 35,8 kg pour le sevrage tardif. Là où l’expérience prend tout son intérêt, c’est sur la quantité d’aliments consommés par les agneaux durant la finition. Un agneau au sevrage classique consomme 40 kg de concentré alors que celui sevré tardivement consomme 36 kg. Une différence de 10 % sur la consommation de concentré qui permet une économie sur le coût du système d’alimentation. En revanche, la consommation des brebis est plus importante de 24 % avec le sevrage tardif, des dépenses qui sont donc supérieures aux économies réalisées.

Génétique et alimentation

Laurence Sagot de l’Institut de l’élevage-Ciirpo insiste sur l’importance d’allié génétique et alimentation : « S'il est vrai que le choix de l’aliment à des répercussions sur le coût de la ration des agneaux, la production laitière de leurs mères reste prédominante sur le résultat économique ». Il est donc primordial de concilier un choix génétique et une alimentation équilibrée de brebis tout au long de l’année et en particulier dans le dernier mois de gestation. Pour comparaison, entre deux lots d’agneaux dont le poids au sevrage était de 29 kg d’une part et de 23,6 kg d’autre part, le premier a eu besoin de 30 jours de finition contre 44 jours avec un poids de carcasse supérieur pour le premier lot. Soit un écart de 13 kg de concentré consommé entre les deux lots. Mieux la brebis est nourrie, plus elle donnera de lait accélérant ainsi la croissance de ses agneaux. Une plus-value chiffrée à 10 € au niveau du solde sur coût alimentaire (prix de vente de l'agneau déduit des charges d’aliments).

Le meilleur rapport qualité/prix

Autre moyen de réduire les coûts de l’alimentation concerne l’achat des concentrés. Pour choisir l’aliment avec le meilleur rapport qualité-prix, la valeur énergétique est un facteur important à prendre en compte. L’agneau régule de lui-même sa consommation de concentré en fonction de sa valeur énergétique. Plus l’aliment est énergétique, moins il en ingère quotidiennement pour assurer une même croissance. Par exemple, il va consommer 1,3 kg par jour d’un aliment titrant 0,92 UFV (unité fourragère viande). Avec un concentré moins énergétique, 0,86 UFV, ce même agneau va augmenter son niveau d’ingestion quotidien à 1,4 kg soit 7 % de plus. Pour comparer deux aliments, il est donc indispensable de connaître leur valeur énergétique et de calculer leur coût ramené à l’UFV.

Une finition à l’herbe ou sur dérobé ?

Plus économique en concentré, la finition des agneaux à l’herbe apparaît comme une piste plausible à la diminution des charges alimentaires. Si le coût alimentaire est réduit à 5,40 € par agneaux, plusieurs critères doivent néanmoins être réunis ; des agneaux de plus de 28 kg vifs au sevrage, de l’herbe en quantité courte et feuillue, tout en ayant une parfaite maîtrise du parasitisme. En automne et en hiver, la finition sur dérobé pourrait aussi s’avérer être une solution. Selon une enquête réalisée en élevage, la finition des agneaux à l’herbe entraîne une économie de 120 kg de concentré par couple mère/agneau(x) par rapport à une conduite en bergerie. Cependant, on remarque que la période de finition est plus longue du fait d’une croissance plus lente.

Baptiste Vlaj

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L'un des postes de dépense les plus importants en élevage ovin est le coût du système d’alimentation qui représente 43 % du coût total de production.