INITIATIVE
Filière bois : une future école de production de la première transformation

Chloé Monget
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L'association pour la valorisation écosocioculturelle du Nivernais moulinois responsable (Avenir) a posé les jalons pour la création d'une école de production dans le secteur de la première transformation du bois à Moulins-Engilbert, dans la Nièvre, d'ici 2023.

Filière bois : une future école de production de la première transformation
Dans le Morvan nivernais, les besoins en main-d’œuvre dans le domaine de la première transformation du bois sont importants.

« Moulins-Engilbert perd des habitants, environ 2 % par an, et cet aspect démographique est le nerf de la guerre pour redynamiser notre territoire plein d'atouts », souligne Emmanuel Bigot, président de l'association pour la valorisation écosocioculturelle du Nivernais moulinois responsable (Avenir), à l’origine du projet. « En partant de ce constat, le comité de gestion d'Avenir a réfléchi à ce qui pourrait attirer la population, comme la création d’emplois. Notre choix s'est porté sur une école de production, de statut hors contrat mais homologuée et reconnue par l'Éducation nationale, rendant la formation diplômante axée sur la première transformation du bois avec un CAP et Bac Pro. Son nom est l'École de production du Morvan 58 – Institut Sallonnyer. Nous avons aussi d'autres projets comme un méthaniseur ou encore une huilerie participative. »

Une filière qui embauche

« Nous avons opté pour la filière bois, parce que le secteur est en tension notamment en ce qui concerne la première transformation. Ce sont des métiers qui se perdent alors qu'ils sont porteurs d'avenir. Les scieries du Morvan, notamment, ferment une à une faute de main-d’œuvre qualifiée, alors que la demande en bois augmente. L’offre en formation dans ce secteur spécifique est quasiment inexistante en France. Seules quelques écoles subsistent et aucune ne se situe à moins de 3 heures du Morvan, cœur pourtant d’une forte activité de sciage. En formant des jeunes aptes à postuler, ce sont des familles qui s'installeront dans la Nièvre, participant ainsi à l'économie et à la vie sociale de ce territoire. »

Faire pour apprendre

Normalement, les élèves partent de la théorie pour aller vers la pratique. Mais, avec le concept pédagogique prôné par ces écoles de production, le principe est inversé : c’est la pratique qui les amène ensuite à la théorie. Le travail de production des élèves correspond à de vraies commandes pour de vrais clients comme le feraient des apprentis chez un artisan. Ce procédé permet aussi de valoriser le travail des élèves, car ils devront répondre aux demandes et exigences des clients. Cela est aussi une manière de les responsabiliser, à la manière des situations qu'ils rencontreront dans le monde du travail. Le bénéfice des ventes est ensuite réinjecté dans le budget de fonctionnement de l’école contribuant à payer la scolarité des élèves. En revanche, les règles sont bien définies et les bénéfices de ces productions ne peuvent excéder 30 % du budget de fonctionnement de l’école.

Valoriser les élèves

« Les cibles de cette école sont les enfants à partir de 15 ans jusqu’à 19 ans environ qui n'ont pas réussi à trouver un modèle de formation leur correspondant dans le large panel proposé par l'Éducation nationale. Pour moi, tout le monde doit avoir sa chance, et proposer un système d'éducation alternatif et complémentaire est un atout qui peut attirer. Nous voulons montrer aux jeunes qu'ils savent faire et qu'ils font bien, qu’ils ont leur place dans la société. Toute la démarche est de leur faire comprendre. Afin que le processus soit le plus bénéfique pour eux, les classes seront composées de 10 à 12 élèves maximum. »

Un modèle singulier mais pas unique

L'école de production est un concept qui existe depuis la fin du XIXe siècle (avec la première nommée Les Ateliers d'apprentissage Boisard - devenus l'École de production Boisard - fondée à Lyon, par le Père Boisard, prêtre, industriel et ingénieur). Le concept attire beaucoup depuis quelques années. On en comptait 21 en 2017 et, actuellement, il y en a 45. Le gouvernement l'a d'ailleurs compris et soutient ces projets par des fonds spécifiques. C'est en partie sur ces financements que ce projet pourra voir le jour. « Nous sommes également à la recherche de mécènes, précise Emmanuel Bigot, soit par un soutien financier direct soit par du mécénat en compétences ou en nature via le don de matière première. Chaque entreprise redevable de la taxe d’apprentissage peut également soutenir le projet et la formation de ces élèves par l’octroi de cette taxe à l’organisme de formation de son choix. Que toute personne intéressée n'hésite pas à nous contacter : [email protected] ou [email protected] ».

Chloé Monget