LÉGISLATIVES
Les propositions agricoles des candidats à la circonscription 2 (Annonay)

Mylène Coste
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En perspective des élections législatives des 12 et 19 juin prochains, l’Avenir agricole de l’Ardèche a invité les candidats à s’exprimer sur leurs propositions en matière agricole. Dans la 2e circonscription, 4 candidats sur 10 nous ont répondu. Cette démarche fait suite à l'invitation de la FDSEA et Jeunes agriculteurs Ardèche à une rencontre avec l'ensemble des candidats, interrogés sur six thématiques : l'installation et la transmission, la croissance durable, la production, la rémunération, l'alimentation et la transition. Une rencontre avec les candidats. Une rencontre avec les candidats de la 2e circonscription a été organisée le mercredi 1er juin à Saint-Jean-de-Muzols.

Les propositions agricoles des candidats à la circonscription 2 (Annonay)
Sébastien Gladieux (Le Mouvement de la Ruralité) : "Sauver notre souveraineté alimentaire"
Sébastien Gladieux.

Sébastien Gladieux (Le Mouvement de la Ruralité) : "Sauver notre souveraineté alimentaire"

"Installation, transmission : les agriculteurs ne sortent pas un revenu décent, le métier n’est pas attractif. Il faut faciliter la transmission en proposant une exonération des frais de succession. L’attractivité sera directement liée aux mesures mises en place pour augmenter les conditions de travail et le revenu. 

Croissance agricole durable : arrêter la distorsion de concurrence en Europe. L’agriculture française est hyper normée et très contrôlée. Il faut sauver notre souveraineté alimentaire et cela passe par l’utilisation raisonnée de produits phytosanitaires. Le bio n’est pas la solution, les rendements sont plus faibles.

Production à défendre : le cellule Demeter, bien qu’attaquée dernièrement, est essentielle pour protéger les exploitations d’agressions et d’intrusions. L’agribashing est un fléau pour les agriculteurs, harcelés par un groupuscule minoritaire mais très vindicatif.

Rémunération : la loi Egalim 2 assure une sécurité à l’agriculteur grâce à la contractualisation. Il faut continuer de mettre la pression sur les grandes surfaces afin de prétendre à des prix de vente décents pour les éleveurs. Les collectivités doivent utiliser le plus possible les circuits courts et les produits locaux et de saison, qui participeront également à l’éducation de nos enfants. L’Etat doit prendre ses responsabilités et soutenir son agriculture, il faut bloquer les prix du GNR à 1 € / litre max, et les prix de l’aliment du bétail.

Alimentation française de qualité : un étiquetage honnête qui ne trompe pas le consommateur sur la provenance de la viande, privilégier les circuits courts et les labels.

Transition agro écologique : la transition s’effectuera également par une transition énergétique. Les agriculteurs ont désormais à leur disposition des moyens de production d’énergie renouvelable tels que les panneaux photovoltaïques ou méthaniseurs. De plus, il faudra penser à changer nos habitudes de culture, en stockant l’eau et en utilisant des plantes moins gourmandes en eau."

Marc-Antoine Quenette (Les Républicains) : "Revaloriser le travail"
Marc-Antoine Quenette.

Marc-Antoine Quenette (Les Républicains) : "Revaloriser le travail"

"L’avenir de notre agriculture passe d’abord par la défense de nos territoires ruraux, dans lesquels s’inscrivent nos exploitations. Pas d’agriculture sans vie dans nos villages. Je me battrai pour que notre gouvernement n’oublie pas nos départements ruraux et privilégie nos communes rurales à l’image de ce qu’a fait la Région Auvergne-Rhône-Alpes, afin de défendre nos services publics, notre patrimoine, nos commerces, nos écoles et l’installation de professionnels de santé.

L’avenir de notre agriculture passe ensuite par la connaissance de vos réalités pour mettre en place des politiques de bon sens. C’est pour cela que j’ai pris comme suppléant Pascal Balaÿ, viticulteur et éleveur de chèvre à Sécheras. Il est grand connaisseur des questions d’eau. Ensemble, nous défendrons le principe d’absence d’interdiction sans solution. Nous soutiendrons les projets d’irrigation et de stockage de l’eau, devenus indispensables.

L’avenir de notre agriculture passe aussi par la revalorisation du travail face à des difficultés toujours plus grandes à recruter des collaborateurs. Il n’est pas acceptable que les aides toujours plus variées découragent le travail. Cela passe aussi par la valorisation de nos métiers agricoles, loin de l’agribashing et des modes végan ou antispécistes, et la réorientation des formations vers la production et non seulement le contrôle. Nous voulons des agriculteurs, pas des contrôleurs.

Nous voulons enfin que nos agriculteurs puissent vivre de leur travail et n’aient pas l’impression de vivre de primes. Je serai très attentif aux suites des lois Egalim pour que la chaîne de valeur se rééquilibre réellement et que l’État lutte contre la concurrence déloyale. Nous ferons de la revalorisation des petites retraites agricoles une priorité et une question de justice.

Avec Pascal et moi, vous trouverez une équipe unie pour défendre vos intérêts ! Je ne démissionnerai pas de mon poste de député et je battrai pour la fierté de nos agriculteurs."

Philippe Bory (Reconquête !) : "Mettre fin aux centrales d’achats communes"
Philippe Bory.

Philippe Bory (Reconquête !) : "Mettre fin aux centrales d’achats communes"

"Il faut encourager l’installation de nouveaux producteurs dans un objectif de revitalisation et de diversification. Pour cela je souhaite augmenter la DJA, simplifier les procédures d’installation et d’achat de foncier, développer et soutenir une offre en matière de formation, de parrainages et de garanties bancaires. Il faut aussi exonérer de droits de donation et de succession toute transmission familiale d’une exploitation agricole.

Pour garantir une croissance durable, il faut interdire toutes les importations de produits agricoles que les agriculteurs français n’ont pas le droit de produire sur notre territoire en raison des normes de production françaises et européennes. Je veux instaurer un moratoire sur la participation de la France aux négociations actuelles et futures des traités de libre-échange qui pénalisent trop nos agriculteurs. Par ailleurs, nous devons cesser d’accabler de contraintes les agriculteurs en interdisant la sur-transposition dans notre droit des normes européennes.

Concernant la rémunération des agriculteurs, il faut faire en sorte que la grande distribution ne puisse plus imposer ses prix aux producteurs en mettant fin aux regroupements de plusieurs enseignes au sein de centrales d’achats communes. Nous devons privilégier les circuits courts en augmentant la part de produits locaux sur tous les marchés et réseaux pour lesquels cela est possible. Il faut reconquérir notre souveraineté alimentaire, cultiver en France tous les produits qui peuvent l’être en orientant les aides publiques à la production et à l’innovation. Pour cela il faut financer la recherche et l’innovation en robotique agricole ce qui doit permettre de réduire de façon réaliste et non dogmatique l’utilisation des produits phytosanitaires."

Non présent à la rencontre organisée par la FDSEA et JA Ardèche.
Olivier Dussopt (Majorité présidentielle): "Maintenir le dispositif TODE"
Olivier Dussopt.

Olivier Dussopt (Majorité présidentielle): "Maintenir le dispositif TODE"

"L’Ardèche est et doit rester une terre de production agricole. Avec la Chambre d’agriculture et les organisations syndicales, nous défendrons la « ferme Ardèche », car l'agriculture est l'un des piliers de notre territoire. En nous nourrissant, les agriculteurs contribuent à la souveraineté alimentaire. Par leur travail, ils aménagent nos territoires et nous apportent une alimentation de qualité.

Défendre la ferme Ardèche implique des revenus décents. Après avoir obtenu le maintien des fonds PAC jusqu'en 2027, il nous faut être attentif à l'application d' Egalim 2 avec de nouvelles négociations de prix et l'accélération de l'introduction de produits locaux dans la restauration collective.

C'est aussi, permettre aux agriculteurs de s'adapter aux aléas avec la nouvelle assurance récolte, des équipements de protection adaptés et une réflexion sur les retenues collinaires qui tienne compte de la sécheresse. En cas de crise, les délais, montants et durées doivent s'adapter. C'est l'objet du plan de résilience pour la crise énergétique et la hausse des matières premières avec des dispositifs d’exonération et/ou de report de cotisations qui se mettent en place, ainsi qu'un dispositif d’aide à plusieurs paliers en fonction des pertes ou du niveau d’exposition.

C'est permettre de produire en maintenant le dispositif TODE1, que j'avais déjà prolongé avec Didier Guillaume, en facilitant le logement des saisonniers, en luttant contre les déserts vétérinaires, en veillant à ne pas sur-transposer les obligations européennes et en pensant à des alternatives, efficaces et maîtrisées.

C'est permettre la transmission avec la loi d’Avenir qui protégera le foncier et le rendra plus accessible aux agriculteurs, tout en valorisant l’enseignement et les métiers agricoles, en maintenant et adaptant les aides à l’installation.

Enfin, c'est une méthode : proximité et lien direct avec les dirigeants de la Chambre et des organisations professionnelles, celle que j'utilise depuis que les Ardéchois me font confiance."

1. TODE : dispositif d'exonération de charges patronales pour l'emploi des travailleurs occasionnels demandeurs d'emploi agricoles.

Les autres candidats de la 2e circonscription sont : Claire Guilmin (Patriotes), Michèle Gaillard (Lutte Ouvrière), Cyrille Grangier (Rassemblement National), Martin Chaize (Agir Unis), Christophe Goulouzelle (Nupes). Ces derniers n’ont pas répondu à notre invitation pour s’exprimer dans nos colonnes.