CONSOMMATION
Comment remettre les fruits et légumes au goût du jour ?

L’interprofession Interfel a dévoilé le bilan 2021 de la consommation de fruits et légumes qui affiche un important recul. Les causes de cette décroissance seraient multifactorielles.

Comment remettre les fruits et légumes au goût du jour ?
La pomme est l’un des fruits préférés des Français. ©Pixabay

Interfel a dressé le bilan 2021 de la consommation de fruits et légumes en France qui affiche un recul important. Globalement, la quantité de fruits et légumes achetée par les consommateurs est passée de 169 kg par ménage pour l’année 2020 à 161,7 kg en 2021. Sont concernés par cette baisse les fruits et légumes d’été notamment avec une offre peu abondante, du fait des épisodes de gel et d’une météo estivale maussade peu favorable aux achats. Selon l’institut de données Kantar, les ventes en volume de cerises ont diminué de 25 % entre 2020 et 2021 et de 4 % pour les courgettes. Pour les produits d’automne-hiver, dans un contexte d’offre d’un bon niveau, l’automne relativement doux n’a pas permis un basculement correct vers la consommation de produits de saison. Les ventes en volume de choux-fleurs ont diminué de 11 %, celles de carottes de 7 % en comparaison avec les chiffres de 2020. La pomme, l’un des fruits les plus consommés par les Français, n’échappe pas à cette tendance avec une baisse de 6 %.

Une baisse multifactorielle

La persistance de la crise sanitaire de la Covid-19 ainsi qu’un contexte inflationniste sur différents postes ont contribué à modifier les arbitrages d’achats des consommateurs. Un phénomène de « cook fatigue » est aussi apparu sur cette période. Après plus d’une année à avoir davantage cuisiné en raison des confinements, une fatigue se fait sentir et une réorientation des achats vers des produits jugés plus pratiques comme le surgelé est observée. À ces facteurs récents, Marie-Joseph Amiot-Carlin, directrice de recherche à l’Inrae de Montpellier, ajoute que « 25 % des Français sont de très petits consommateurs de fruits et légumes, c’est-à-dire qu’ils consomment moins de 200 grammes de fruits et légumes par jour alors que la recommandation est d’au moins 400 grammes ». Cette proportion de très petits consommateurs est due à plusieurs facteurs selon la chercheuse : « Ne pas savoir comment cuisiner les fruits ou légumes, le manque de temps, la mauvaise qualité du produit qui ne donne plus envie d’en consommer et le manque de moyens financiers sont autant de freins à la consommation. à cela, il faut rajouter que les repas s’amenuisent de plus en plus. L’impasse est faite sur les crudités en entrée et sur les fruits en dessert ». Pour changer ces modes de consommation, « un travail important doit être réalisé sur l’éducation des enfants par rapport aux fruits et légumes », suggère la spécialité en recherche nutritionnelle.

Manger des fruits et légumes, ça s’apprend !

Pour relancer une dynamique de consommation, l’éducation dès le plus jeune âge aux fruits et légumes est primordiale. « Manger des fruits et légumes, ça s’apprend. Il faut présenter le produit  plusieurs fois aux enfants. Naturellement,  l’enfant ne va pas être attiré par les légumes mais c’est en répétant l’exposition à ces nouvelles saveurs qu’il développera un comportement favorable. » Pour Marie-Joseph Amiot-Carlin, l’enseignement ne s’arrête pas là : « Il faut apprendre aux enfants d’où viennent les fruits, comment les manger, les conserver… c’est un vrai travail qui relève de l’éducation parentale et scolaire ».

Baptiste Vlaj

ZOOM / La filière fruits et légumes frais en Auvergne Rhône-Alpes

  • 470 000 tonnes de fruits et légumes produits (soit 11,3 % de la production française de fruits et 4,1 % de la production française de légumes).
  • 177,9 kg de fruits et légumes frais achetés par ménage et par année.
  • 8 fruits et légumes sous labels : noix de Grenoble, châtaignes d’Ardèche et lentilles vertes du Puy (AOP), pommes et poires de Savoie et ail de la Drôme (IGP), cerises, abricots et pêches-nectarines (label rouge).

Une filière bien implantée 

  • 14 900 entreprises
  • 40 000 emplois tous métiers confondus
  • 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires