EMPLOI

L’agriculture a toujours plus de mal à trouver des saisonniers

Pas de jaloux, le ministre du Travail s’est rendu chez un vigneron indépendant, le domaine Louis Chèze (Limony) et dans une cave coopérative, celle de Saint-Désirat, le 2 septembre. Chez l’un comme chez l’autre, le cœur de la discussion est le même : la difficulté à recruter de la main-d’œuvre, en particulier en saison. « Depuis six ans, on a de grosses difficultés à trouver des saisonniers, explique Rafaël Matricon, du Domaine Louis Chèze. Pour les vendanges, nous en embauchons 35 personnes mais en début de saison, nous n’en avions que sept ! » Parmi eux, Amar Talla, Sénégalais, qui comptabilise déjà de nombreuses vendanges à son actif. « Je travaille ici tous les ans. J’ai aidé le domaine à recruter du personnel en mobilisant mon réseau d’amis. » Sur les 35 saisonniers, 24 sont étrangers, Sénégalais ou Equatoriens. « On sait qu’il faut faciliter l’emploi de main-d’œuvre étrangère en saison », affiche Olivier Dussopt. Pour faire face aux difficultés de recrutement, il a notamment évoqué cinq pistes.

1. Le TODE reconduit en 2023

« Nous allons reconduire le dispositif TODE (travailleurs occasionnels et demandeurs d’emploi) qui permet d’exonérer de charges patronales pour les saisonniers », s’est engagé Olivier Dussopt. La reconduction n’est toutefois valide que pour un an : « C’est un dispositif qui doit être voté chaque année dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale. »

2. Logement : les internats de collèges et lycées réquisitionnés

« Frein important pour l’embauche, l’hébergement est un vrai sujet », insiste Jérôme Volle, vigneron et responsable du dossier emploi à la FNSEA. D’autant plus que l’hébergement en tente, possible dans la Drôme, est interdit en Ardèche. Sur ce point, Olivier Dussopt a été clair : « La logique voudrait plutôt que le logement sous tente soit interdit dans la Drôme, mais pas qu’il soit autorisé ici. » D’autres solutions sont soulevées : « Nous devons mobiliser les collectivités pour la mise à disposition de cuisines ou hébergement collectifs. Comme nous avons commencé à le faire cette année avec les lycées de Vallon Pont d’Arc et Lamastre, nous allons aussi encourager les établissements scolaires à mettre leurs internats à disposition des saisonniers l’été. »

3. Des dérogations pour lisser le temps de travail en saison

« En agriculture, on peut avoir besoin de faire une grosse journée avec des heures supplémentaire tel jour en anticipation d’une journée chaumée le lendemain à cause de la pluie, souligne Benoit Nodin, responsable emploi à la FDSEA de l’Ardèche. Il faut qu’on puisse lisser le temps de travail ! » Ce à quoi le ministre a répondu favorablement : « C’est déjà bel et bien possible, et 100 % des dérogations sur le temps de travail hebdomadaire qui ont été faites en Ardèche ont été acceptée. »

4. Simplifier les accords d’intéressement

Si revaloriser les salaires n’est pas toujours faciles dans les petites entreprises agricoles, les dispositifs de primes liées aux résultats de l'entreprise (ou « intéressement ») est toutefois plus évident à mettre en œuvre et permet de fidéliser les salariés. « Nous venons de voter une simplification des dispositifs d’intéressement dans les petites entreprises de moins de 50 salariés. » Encore peu courants dans les petites entreprises, ces primes d’intéressements ne sont pas obligatoires (contrairement à la participation pour les entreprises de plus de 50 salariés) et permettent de rémunérer les salariés en cas de bonne performance.

5. Simplifier l’embauche de main-d’œuvre étrangère

Olivier Dussopt s’est engagé à faciliter l’embauche de main-d’œuvre étrangère. « Nous travaillons avec l’Offi (office français de l'immigration et de l’intégration) pour simplifier la liste des métiers en tension ouverts à la main-d’œuvre étrangère en saison. Nous allègerons les procédures en amont des contrats Offi pour faciliter les embauches. Nous allons également mettre en place des dispositifs pour intégrer les réfugiés par l’emploi dans ces métiers, dont l’agriculture. Toutefois, nous n’ouvrirons pas la possibilité de travailler pour les personnes en situation irrégulière. »

M.C.