ARBORICULTURE
Vers une récolte satisfaisante en pommes et poires

Avec des volumes et une qualité gustative au rendez-vous, malgré un calibre et une coloration impactés par la canicule, la récolte des fruits à pépins s'annonce globalement correcte en Ardèche. Retours de terrain.

Vers une récolte satisfaisante en pommes et poires
Nadège et Jérôme Maisonnas, arboriculteurs à Colombier-le- Vieux. Ici devant une parcelle de Golden Delicious irriguée par aspersion et protégée par des filets antigrêle.

À Colombier-le-Vieux, les pommiers de l'Earl Maisonnas ploient sous les fruits verts et dorés. « Nous avons commencé la récolte dès la fin du mois d'août, avec deux semaines d'avance cette année. La saison s'annonce correcte en termes de volume. Nous visons les 40 à 45 t/ha », indiquent Nadège et Jérôme Maisonnas, arboriculteurs et éleveurs installés depuis une vingtaine d'années dans la vallée du Doux. Une bonne nouvelle pour ces producteurs diversifiés, qui avaient perdu les trois-quart de leur récolte l'an passé à cause des gelées. « Nos vergers, que nous renouvelons depuis trois ans, ont globalement résisté aux aléas climatiques grâce à l'irrigation et aux filets antigrêles », précisent-ils. Pour eux, la pomme représente un complément de revenu écoulé sur le marché local (Lamastre, Saint-Félicien, Vernoux, Tournon-sur-Rhône).
Si la quantité est là, la qualité reste cependant en deçà des meilleures années. « Nous aurons plutôt des petits calibres cette saison à cause de la sécheresse. Comme pour nos cerises, la chaleur a bloqué le fruit qui n'a pas beaucoup grossi. C'est particulièrement le cas pour les variétés précoces », poursuivent Nadège et Jérôme Maisonnas.

Une production en hausse après la faible récolte 2021, mais des fruits plutôt petits en raison d'un été particulièrement sec. Ce constat est partagé par de nombreux producteurs de pommes en Ardèche. C'est le cas de Stéphane Leyronas (Gaec de Ferrières), qui produit de pommes et poires pour la vente directe, à Saint-Étienne-de- Fontbellon. « Nous aurons une belle récolte en Golden, Story ou Chanteler, avec des pommes fines, jolies et en quantité. Par contre, le calibre n'est pas très gros et les fruits manquent de couleur », détaille-t-il. Productrice à Baix, Catherine Sagnes dresse le même bilan sur ses quatre hectares de pommiers. « Les fortes températures ont ralenti la prise de calibre. Nous n'avons rien pu y faire, malgré l'arrosage », regrette-t-elle.

 La Gala fait grise mine

Première victime de la canicule : la Gala, une variété précoce à la couleur rouge caractéristique... en principe. « Nous avons terminé la récolte des Gala dès la fin du mois d'août et cela n'a pas été une réussite, avec une coloration absente, une surmaturité et des chutes importantes », rapporte Christophe Guigue (Earl Le Bordelet), installé sur 19 ha de pommes en agriculture biologique à Saint-Just-d'Ardèche. « Les arbres se sont cloqués à cause de la sécheresse et les pommes n'ont pas bien coloré avec le manque d'amplitude thermique entre le jour et la nuit », poursuit l'arboriculteur.
« Beaucoup de précoces sont tombées toutes seules à cause de la chaleur. Je n'avais jamais vu ça », observe de son côté Stéphane Leyronas, quand Catherine Sagnes rapporte que « près de 70 % de [ses] Gala ont éclaté ».
Ces producteurs sont toutefois confiants sur les autres variétés. « La qualité est intéressante sur les Story, les Juliette et les Golden  notamment », précise Christophe Guigue.

Si la récolte des Gala n'a pas été bonne cette année, les variétés plus tardives montrent de belles promesses
Si la récolte des Gala n'a pas été bonne cette année, les variétés plus tardives montrent de belles promesses

Les poires font leur grand retour

Côté poires, les arboriculteurs ardéchois interrogés font état d'un campagne satisfaisante, loin  devant la récolte précédente qui avait été lourdement impactée par le gel. « Nous avons ramassé les Williams, qui sont très jolies. Nous espérons cinq ou six tonnes au total sur la saison, là où nous avions presque tout perdu l'année dernière », déroule Stéphane Leyronas.
Catherine Sagnes se remet elle-aussi à cueillir des poires, après une année 2021 presque blanche. Elle regrette toutefois de nombreuses poires cerclées qui vont aller directement à la transformation. « Nos deux variétés, Guyot et Williams, sont impactées », précise-t-elle. L'arboricultrice, qui cultive de la poire sur deux hectares, alerte aussi sur des problèmes de main-d’œuvre. « Nous avons eu beaucoup de
mal à recruter. La récolte s'est faite avec un personnel non-qualifié. C'est un problème récurrent, mais cette année a battu des records. »


Marin du Couëdic

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« L'irrigation a sauvé ma saison »
Les calibres ont pâti du manque d'eau

« L'irrigation a sauvé ma saison »

Les producteurs ne manquent pas de le souligner : l'irrigation et la lutte antigel et antigrêle ont été des alliés indispensables pour produire cette année. « Ici à Colombier-le-Vieux, nous avons pu tenir un volume et un calibre sur les terrains les plus fertiles grâce à nos filets et systèmes d'irrigation par aspersion », insiste Jérôme Maisonnas.
« L'eau a permis de sauver notre saison », abonde de son côté Stéphane Leyronas, également équipé en matériel de chauffage antigel. D'autres n'ont pas eu cette chance. « Nous aurons une petite production en pommes cette année car les vergers ont subi la la sécheresse et nous n'avons pas assez d'eau pour tout irriguer », rapporte Hervé Grange, gérant de la Ferme de Sarameille, à Peaugres.

Pour Christophe Guigue, cet été caniculaire a montré les limites du système utilisé sur son exploitation : « Nous sommes passés au goutte-à-goutte pour faire les bons élèves mais ce n'était pas suffisant pour assurer une pleine production. Certains arbres ont manqué d'eau. On se demande si nous avons fait le bon choix pour la suite. »

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SANITAIRE

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Arboriculteurs, gare à la punaise diabolique ! « Nous faisons face à une grosse pression en Ardèche et dans la Drôme en ce moment, notamment sur les vergers de poiriers », alerte Sophie Buléon, conseillère à la Chambre d'agriculture de l'Ardèche.
Arrivée en France depuis quelques années seulement, la punaise diabolique peut infliger de lourds dégâts sur les arbres fruitiers. « Cet insecte invasif pique les fruits pour se nourrir et les déforme. Il est difficile de lutter chimiquement contre ce nuisible. Un piégeage peut être mis en place au moment où la population est la plus importante », précise Sophie Buléon.

En cas de détection sur une parcelle, contacter la Chambre d'agriculture au 04 75 08 10 87.