Myrtille
Myrtille : une campagne 2019 hétérogène mais globalement satisfaisante

La cueillette de la perle bleue s'achève sur la Montagne ardéchoise. Épargnée par la drosophila suzukii, les producteurs sont plutôt satisfaits. Certains secteurs ont cependant été sinistrés par les orages de grêle du début d'été.

Francis et Florian Giraud en pleine cueillette, à flanc de montagne, à Saint-Julien-du-Gua.
Francis et Florian Giraud en pleine cueillette, à flanc de montagne, à Saint-Julien-du-Gua.

 

Il est 8 h, et  même à 1 000 m d'altitude, la chaleur se fait déjà sentir. Au lieu-dit La Riaille, à Saint-Julien-du-Gua, Francis Giraud et ses deux enfants Coralie et Florian se sont levés à l'aube pour éviter les températures caniculaires qui ont marqué le mois de juillet. Munis d'un seau et des fameux peignes, ils arpentent minutieusement les landes pour récolter la précieuse perle bleue tant convoitée par les gourmands. Une fois la cueillette terminée, place au tri, lui aussi entièrement réalisé à la main.

Vache maigre pour les zones grêlées...

Rien à redire sur la qualité de la petite baie, à la saveur sans pareil.

Producteur de châtaignes, Francis Giraud élève également des lapins et entretient plusieurs landes de myrtilles sauvages entre 650 m et 1 300 m d'altitude. « Cela permet d'échelonner mais aussi de sécuriser la production en cas d'intempéries, comme cela a été le cas cette année : les parties basses ont été fortement abîmées à cause des orages de grêle de ce début d'été, causant des pertes de récolte de 100 % sur certaines parcelles. D'autant plus que les plantes avaient déjà été fragilisées par le gel des 11, 12 et 13 mai, à la période des saints de glace, alors qu'elles étaient déjà en fleur. Il poursuit : Heureusement, sur les landes plus en altitude, les fleurs n'étaient pas encore sorties. Les orages de grêle n'ont pas non plus atteint les hauteurs, où les landes ont donné davantage de baies. »

Sébastien Bonnefoy, jeune agriculteur installé depuis 2011 à Saint-Étienne-de-Serre, y élève des brebis, des poules pondeuses et cultive des vergers de châtaigniers. Il a vu ses landes de myrtilles anéanties par les orages de grêle du 15 juin. « Cela va être très difficile cette année, car les châtaigniers ont également été endommagés par la grêle ; je ne peux pas non plus compter sur l'élevage à cause du manque de fourrage », se désole-t-il. À quelques kilomètres de chez lui, Jean-Jacques Bay tient à peu de choses près le même discours. « Début juillet, un violent épisode de grêle a touché tout le secteur et endommagé une bonne partie des landes, indique cet éleveur et castanéiculteur installé à Saint-Pierreville. Une année sans aléas, on ramasse 4 à 5 t. de myrtilles. Cette année, si tout s'était bien passé, on aurait pu récolter jusqu'à 6 ou 7 t, mais on ne fera pas plus de 3 t, compte tenu des dégâts de la grêle. »

… Paniers pleins sur les hauteurs !

Les landes à myrtille font partie intégrante du paysage de la montagne ardéchoise

À Marcols-les-Eaux, Anabelle Chanal a échappé à la grêle, qui a pourtant frappé à quelques kilomètres de ses landes situées entre 700 et 1350 m d'altitude. « Nous avons eu la chance de passer au travers des orages Nous avons fait une meilleure récolte que les années précédentes.»

Globalement, la grêle est restée limitée à un périmètre allant de Saint-Pierreville à Saint-Étienne-de-Serre en passant par Saint-Julien-du-Gua ou Aizac. Au-dessus du col des Quatre Vios, la cueillette a été fructueuse.

François Blache, agriculteur à Marcols-les-Eaux et président de l'association La Myrtille sauvage d'Ardèche, est plutôt satisfait de son bilan. « Nous avons eu de bonnes conditions météo. Surtout, nous avons été épargnés par la drosophila suzukii, véritable fléau des cueilleurs ces dernières années. » Globalement, il qualifie la campagne 2019 de « moyenne ». « On a fait environ 30 % d'une récolte normale. C'est mieux que les années précédentes qui ont été catastrophiques, mais ce n'est pas excellent. ». De quoi ravir en tout cas les nombreux gourmands lors du marché de la myrtille sauvage de samedi !

 

Mylène Coste

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