CAMPAGNE
Des moissons jugées hétérogènes

Selon Arvalis-Institut du végétal et la coopérative Oxyane, le premier bilan des récoltes de blé et d’orge dans la région est mitigé. Les prévisions, faites au début du printemps, prévoyaient pourtant une campagne très réjouissante.

Des moissons jugées hétérogènes
Si la moisson 2023 est correcte dans l’ensemble, elle déçoit par rapport aux attentes du printemps. ©Josef Mohyla

34,8 millions de tonnes (Mt). Un sondage de terrain réalisé par Agritel et le cabinet Agritel (groupe Argus Media), situe la récolte française de blé tendre juste au-dessus de la moyenne des cinq dernières années, en hausse de 1,12 Mt par rapport à l’an passé et de 1,3 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Selon Agritel, le rendement est de 73 q/ ha, soit une hausse de 1,4 % par rapport à la moyenne quinquennale. « Cette moisson 2023 est correcte dans l’ensemble, mais elle déçoit par rapport aux attentes du printemps », a déclaré Gautier Le Molgat, directeur général d’Agritel.

Manque d’eau et échaudage

En Auvergne-Rhône-Alpes, ce sentiment de déception est en partie partagé par Arvalis-Institut du végétal. « Nous avions du potentiel pour faire plus, confie l’ingénieur régional Yann Janin. Mais le manque d’eau, l’échaudage en fin de cycle, la pression de jaunisse nanisante en Isère et dans la Drôme, ainsi que de la rouille brune dans la Drôme, sont autant de facteurs qui ont entraîné un peu de perte de rendement. » Selon Arvalis, la récolte moyenne régionale de blé s’établit à 61 q/ha (égale à la moyenne quinquennale) et à 55 q /ha en orge (légèrement en dessous de la moyenne quinquennale). « Les pluies survenues juste avant la récolte ont fortement impacté les poids spécifiques et il est probable que le sec du printemps ait joué, bien que nous restions prudents », a ajouté Ophélie Boulanger, ingénieure à Arvalis. Du côté de la coopérative régionale Oxyane, la récolte en orge s’est conclue par une bonne surprise. « Cette dernière a été au-delà de nos prévisions, puisque le rendement est 5 % plus haut que ce que nous avions prévu : soit 55 000 t récoltées, au lieu de 48 000 t prévues », détaille le directeur de collecte et de commercialisation, Raphaël Comte.

Des poids spécifiques variables

Tout comme Arvalis, la coopérative Oxyane s’accorde à dire que ces moissons ont été marquées par une forte hétérogénéité et disparité selon les variétés et les secteurs. « En orge, le poids spécifique moyen est de 63, mais sur les 55 000 t rentrées, 6 000 t ont une moyenne de poids spécifique de 58, avec des orges qui descendent jusqu’à 55 ou 56 », décrit Raphaël Comte. Conséquences ? Ces orges seront commercialisées en orge fourragère. Concernant la récolte de blé, Oxyane s’attendait à rentrer 275 000 t. Ce chiffre sera finalement 10 % inférieur à la prévision et ne devrait pas dépasser les 255 000 t. « Tout le monde avait misé sur une année record à 70 q/ha de moyenne, finalement ce rendement moyen sera plutôt de l’ordre de 63 q/ha, ce qui correspond à une année moyenne. » Parmi les explications, le responsable évoque le déficit de pluviométrie et de lumière en mai, ainsi qu’un moindre fonctionnement du troisième apport d’azote. « Les poids spécifiques sont de 76,5, tandis qu’une année normale se situe entre 77,5 et 78. La teneur en protéines n’est pas non plus au rendez-vous, ce qui fait que nous avons déclassé entre 10 et 15 % des blés », conclut Raphaël Comte. Point positif : aucun problème de mycotoxine n’a été détecté. Seuls quelques ronds d’échaudage en fin de cycle et du piétin ont fait leur apparition, sans toutefois provoquer d’alertes importantes. La récolte de colza a, elle aussi, apporté son lot de surprise. D’une moyenne de 38 q/ha, la déception concerne surtout la taille des graines, en crescendo à partir de la zone des Dombes dans l’Ain, et de Villefranche-sur-Saône dans le Rhône.

Léa Rochon

MAÏS FOURRAGE

Les premières récoltes attendues avant le 15 août

Le 20 juillet, Arvalis-Institut du végétal a publié une première estimation des dates prévisionnelles de début des récoltes pour le maïs fourrage. Selon l’organisme, les premiers chantiers sont attendus avant le 15 août dans certains secteurs des Pays de la Loire, du nord de la Nouvelle-Aquitaine, de la Bourgogne-Franche-Comté et d’Auvergne-Rhône-Alpes. « Les semis ont été retardés en raison d’un mois d’avril plutôt frais et relativement humide », souligne Arvalis.

Des disparités entre l’Est et l’Ouest

Ainsi, les départements de l’Est de la région Auvergne-Rhône-Alpes, le Jura et la Saône-et-Loire devraient récolter avant le 15 août. Toujours selon Arvalis, les récoltes des départements du Rhône, de la Loire, de la Haute-Loire et le sud du Puy-de-Dôme sont attendues entre le 15 et le 19 août. Les maïs fourragers du nord-est du Puy-de-Dôme et le nord-ouest de l’Allier devraient être récoltés entre le 20 et le 24 août. Les dates de récoltes les plus tardives reviennent au sud-ouest du Cantal et à la zone aveyronnaise (du 30 août au 3 septembre). Toutefois, la chaleur du mois de juin a « permis de compenser en partie le retard pris en début de cycle ». À travers ces estimations, l’objectif d’Arvalis est de « sensibiliser les éleveurs, les Cuma et les entreprises de travaux agricoles à l’avancement de la maturité des maïs, afin de déclencher les chantiers de récolte à temps et ainsi éviter les ensilages à taux de matière sèche trop élevé ».

L.R.