SEMIS
Reprise des sols : une étape cruciale pour réussir l’implantation du tournesol

Claire Martin-Monjaret - Matthieu Abella
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La qualité de l’implantation du tournesol joue un rôle clé dans la réussite de la culture, car elle conditionne la dynamique de levée, le peuplement, l’enracinement et donc la croissance de la plante. Parmi les éléments déterminants, la qualité de la structure du sol et celle du lit de semence sont en tête de file.

Reprise des sols : une étape cruciale pour réussir l’implantation du tournesol
La qualité de la structure du sol et celle du lit de semences sont les deux éléments déterminants pour une bonne implantation du tournesol. © P.Cristante

Deux objectifs principaux sont à rechercher au moment des interventions de reprise du sol avant l’implantation du tournesol. Le premier objectif est d’obtenir une structure aérée sur les 20 à 30 premiers centimètres, avec un mélange de terre fine et/ou de mottes majoritairement non tassées et une absence de lissage, pour permettre un enracinement optimal. Le deuxième objectif porte sur la qualité du lit de semence. Un lit de semence favorable comporte au moins autant de terre fine que de motte en surface pour assurer un bon contact terre-graine. Attention à un trop grand nombre de passages qui entraînerait un excès de terre fine, ce qui peut être préjudiciable dans les sols sensibles à la battance ou à l’érosion pour obtenir un taux et une vitesse de levée élevés.

Un contexte climatique particulièrement favorable

Après un mois de septembre pluvieux, les précipitations ont été relativement proches des normales, voire en deçà, au cours de l’automne et l’hiver. Les mois d’octobre et de novembre ont été particulièrement propices au ressuyage des parcelles et à la réalisation de travaux profonds dans de bonnes conditions. Des labours précoces de fin d’été ont également été réalisés sur le secteur. Ces labours ont par ailleurs bénéficié de périodes de gel durant l’hiver ce qui facilitera les interventions de reprises. Les travaux profonds plus récents de début d’année, effectués parfois dans des sols argileux moins bien ressuyés, seront plus délicats à reprendre avec de nombreuses mottes à détruire.

Une réflexion est indispensable

Les reprises s’annoncent dans l’ensemble plus aisées à entreprendre que l’an passé, cependant quelques règles fondamentales sont à suivre pour décider des modalités de reprise des sols en vue des prochaines implantations de tournesol. Globalement le contexte incite à une reprise précoce, il est cependant nécessaire de limiter au maximum le nombre et la profondeur des opérations de travail du sol qui pourraient provoquer des lissages, créer des mottes plastiques en situation argileuse, trop affiner la structure de surface. Ainsi, il convient d’attendre un ressuyage du sol sur la profondeur travaillée pour ne pas dégrader la structure. Le travail profond du sol est à éviter, mais reste nécessaire si le sol est tassé sur l’horizon 0-20 cm. En outre, quelle que soit la situation, le travail du sol sur 0-10 cm reste sécurisant pour l’implantation du tournesol. Dans les sols sensibles à la battance où lorsque la structure de surface a déjà été dégradée, il conviendra de réaliser un travail grossier et donc de privilégier des outils à dents étroites, plutôt que des outils animés, à disques ou à socs larges. Encore une fois, attendre que le sol soit ressuyé est primordial avant d’engager l’intervention. Pour les sols limoneux, celle-ci peut être envisagée même tardivement, juste avant le semis du tournesol.

Cas des parcelles avec couverts végétaux

Les parcelles avec couverts végétaux d’interculture seront a priori moins concernées par les phénomènes de dégradation de la structure du sol, grâce à la protection du sol et à l’action des racines. Il est tout de même intéressant de vérifier l’état structural du sol en pratiquant un test bêche dès que possible directement dans le couvert. En cas de compaction observée, la reprise devra être précoce. Des outils à dents et/ou à disques indépendants pourront être utilisés, avec la même exigence d’un ressuyage suffisant du sol. Les sols avec couverts n’ont pas la même dynamique de ressuyage que les parcelles nues, une surveillance particulière s’impose. Les couverts composés d’espèces à tiges creuses (féverole, phacélie) peuvent être détruits mécaniquement à l’aide de rouleaux hacheurs ou d’une herse rotative passée de façon très superficielle et à vitesse élevée. L’intervention ne doit pas être trop tardive pour ne pas amputer la réserve en eau utile pour le tournesol. Enfin, en présence de graminées adventices, préférer dans tous les cas une destruction anticipée du couvert. Si les graminées sont peu développées et la période relativement séchante, une destruction mécanique est envisageable ou sinon une destruction chimique peut être faite trois à quatre semaines avant la date de semis visée.

Claire Martin-Monjaret - Matthieu Abella – Terres Inovia. Contact régional : [email protected]

L’implantation du tournesol en vidéo

Terres Inovia propose une websérie en six épisodes qui explique les étapes de l’implantation du tournesol après un couvert ou un travail profond : diagnostic visuel, témoignages d’agriculteurs, conseils de Terres Inovia (tournages réalisés en 2021). 1 : Les choix à l’interculture ; 2 : État des lieux en sortie hiver et choix des interventions de reprise ; 3 : Résultat de la reprise et destruction du couvert (3 mars) ; 4 : Le semis (réglages densité… le 17 mars) ; 5 : Bilan de la levée (31 mars) ; 6 : Bilan à la floraison (14 avril).

À regarder sur la chaîne YouTube de Terres Inovia ou via www.terresinovia.fr.
Pratiquer des tests bêches pour aider à la décision
©M.Abella_TerresInovia

Pratiquer des tests bêches pour aider à la décision

L’observation de la structure du sol à la bêche est particulièrement utile pour analyser l’état du sol sur l’horizon d’exploration des racines du futur tournesol. Il permettra d’appuyer la prise de décision quant aux passages d’outils en sortie d’hiver. L’analyse du test bêche doit permettre de distinguer si la structure est majoritairement composée de terre fine et mottes poreuses, ou majoritairement composée de mottes tassées et/ou fissurées et si oui sur quelle profondeur. Il permettra aussi d’observer d’éventuelles zones de tassement/lissage qui pourraient freiner l’exploration racinaire. Une trop forte humidité du sol ne permet pas une bonne lecture du test bêche. Il faut attendre par conséquent un minimum de ressuyage pour réaliser l’opération.

Un travail profond du sol ne sera à envisager que si une majorité de mottes tassées et/ou fissurées est détectée. Dans les sols argileux, les travaux profonds étant difficiles au printemps, ils devront être réalisés uniquement dans les situations les plus problématiques. Dans le cas d’observation d’un profil de sol discontinue avec la présence d’une semelle ou une zone de lissage, un travail de fissuration avec un outil à dent pourra être envisagé en fonction des conditions de ressuyage du sol.

Pour plus de détails sur le diagnostic de la structure du sol, aller sur www.terresinovia.fr « Évaluer la structure pour identifier le travail du sol adapté ».
Tableau