Année de la fusion entre les interprofessions porcines d'Auvergne et de Rhône-Alpes, 2023 a été rythmée par le déploiement de plusieurs projets de nature sanitaire, économique et environnementale.
La filière porcine en Auvergne-Rhône-Alpes vogue désormais sous la bannière commune d'Interp'Aura. Issue de la fusion, l'an dernier, entre l'Ipal (interprofession Auvergne Limousin) et Interporc Rhône-Alpes, l'interprofession s’est réunie en assemblée générale le 19 juin dernier à Montrond-les-Bains dans la Loire. L'occasion de réaliser un focus sur plusieurs actions phares conduites en 2023. D'abord, la mise en place du nouveau dispositif d'aides aux bâtiments d'élevage (mesure 201 du PSR). L'accompagnement sous forme de subventions de la Région et du Feader pour les travaux des bâtiments d'élevages s'élève ainsi à 30 % de la dépense plafonnée à 225 000 euros (soit 67 500 euros maximum d'aides) par projet pour la création ou la rénovation. Des bonus de taux s'appliquent aux jeunes installés et aux éleveurs situés en zone de montagne. 2023 a également été marquée par la signature du plan régional de la filière porcine courant jusqu'en 2027. « Ce plan est bâti autour de trois enjeux : consolider l'existant en soutenant le maintien et la reconquête de l'effectif porcin ; adapter la filière aux enjeux climatiques et sociétaux ; et renforcer les démarches partenariales de relocalisation de la production », a rappelé Francis Le Bas, président d'Interp'Aura.
Une production qui se maintient
La région compte 774 sites d'élevage de porcs dits professionnels* (contre 797 en 2022) dont 189 sites en plein air. Cette légère baisse du nombre de sites d'élevage n'a pas impacté le volume de production puisqu'avec 840 000 porcs produits sur l'année, il est stable et contribue à hauteur de 4 % de la production nationale. « Quelques élevages ont certes disparu mais leur taille moyenne a augmenté pour répondre aux évolutions environnementales et de bien-être animal », précise Cécile Michon, directrice d'Interp'Aura. 488 sites sont engagés en VPF (Viande porcine française), 77 en label rouge, 171 sous la marque « Ma région ses Terroirs » et 48 en origine Montagne. Du côté de l'abattage, on recense vingt-quatre sites en Auvergne-Rhône-Alpes dont deux spécialisés en porcs : Lapalisse dans l'Allier et les Crêts dans l'Ain. 1,342 million de porcs ont été abattus dans la région en 2023, dont 80 % sur ces deux sites.
Championne de la salaison
L'abattage régional a reculé en 2023, mais de manière moins forte qu'au niveau national : - 2,9 % contre -5 %. Au final, 88 % des porcs produits sur la région sont abattus en Auvergne-Rhône-Alpes, le reste est principalement abattu dans les régions limitrophes. « Le déficit entre production et abattage pour notre région est de 510 000 porcs en 2023 », a indiqué Cécile Michon. Enfin, en matière de transformation, la région représente 12 % de la production industrielle française. C'est ainsi la troisième principale région de production après la Bretagne et les Pays de la Loire. Elle est même la première région française de fabrication de salaisons sèches. On compte en effet près de 70 entreprises employant 4 500 personnes pour une production globale d'environ 145 000 tonnes. La production de salaisons sous IGP dépasse les 7 500 tonnes.
Sophie Chatenet
* Avec au moins cinquante places d'engraissement ou de post-sevrage ou au moins 10 places de reproducteurs.
Les Français, rois de la saucisse
Le porc est la première viande consommée en France avec 33 kg par an et par habitant. 75 % sont consommés sous forme de charcuterie et 25 % sous forme de viande fraîche. En Auvergne-Rhône-Alpes, le potentiel nourricier couvre seulement 29 % des portions annuelles de porcs par habitant. Il permet de nourrir 11 % des habitants de la région, soit 864 229 personnes par an sur la base du contenu en protéines animales totales. La production régionale ne couvre donc pas les besoins de la population de la région, puisque moins d'un porc sur trois consommés en Auvergne-Rhône-Alpes y est produit.