Influenza aviaire
Une stratégie vaccinale prête en mai

Comme réclamé par les professionnels et les laboratoires, le ministère de l’Agriculture a assuré qu’il passera commande de vaccins contre l’influenza aviaire avant de présenter sa stratégie vaccinale, en mai.

Une stratégie vaccinale prête en mai
L'Anvol réclame une prise en charge par l’État du coût de la vaccination. Crédit : Pascal Xicluna

Une stratégie vaccinale contre l’influenza aviaire en mai, précédée d’une commande publique. Les aviculteurs attendaient avec impatience cette annonce du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, faite le 22 décembre dernier lors d’un déplacement en Vendée. Les résultats définitifs de la plupart des expérimentations conduites en Europe seront connus en mars. D’ici là, à Bruxelles, un acte délégué autorisant le principe de la vaccination contre l’influenza aviaire « devrait entrer en vigueur fin février ». Charge ensuite aux fabricants de vaccins de déposer des dossiers d’autorisation de mise sur le marché (AMM), que le gouvernement promet d’accélérer. En mars, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) devrait rendre ses recommandations sur la stratégie vaccinale. Celle du ministère de l’Agriculture devrait être prête pour le mois de mai. Si les commandes de vaccins étaient prises à ce moment, le calendrier ne permettrait pas de vacciner « avant l’automne », explique le cabinet. Pour accélérer, le ministère promet donc une « implication politique » pour que les commandes aient lieu avant le mois de mai. Présidé par la DGAL (ministère), le comité de pilotage de la stratégie vaccinale associera « les administrations » et « les établissements publics impliqués (Anses, ANMV, ENVT) », ainsi que les « interprofessions du secteur avicole ».

Vaccin « prêt en juin » selon Christiane Lambert

« Je souhaite vraiment qu’il y ait une accélération » sur le dossier de la vaccination, a lancé la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert le 20 décembre sur Franceinfo. « Parce que pour les producteurs qui ont investi dans des bâtiments, qui ont repeuplé, et qui doivent tuer leur élevage après quinze jours, psychologiquement, c’est épouvantable », appuyait l’éleveuse. L’influenza aviaire « s’installe de façon endémique » en France, a estimé Christiane Lambert. « Puisque la maladie s’installe, il faut trouver une solution pérenne. Le vaccin est la solution. » Au-delà de la disponibilité d’un produit efficace, « il y a des questions techniques, scientifiques, mais aussi commerciales », a rappelé Christiane Lambert. Les Pouvoirs publics devront établir les modalités de la vaccination (quels animaux, dans quelles zones, sur quelles périodes ?), organiser les campagnes de vaccination et de surveillance, arbitrer sur un éventuel accompagnement financier, etc.

Anvol demande une « prise en charge »

«Une prise en charge par l’État du coût de la vaccination sera essentielle », réclame de son côté Anvol (interprofession des volailles de chair) dans un communiqué le 21 décembre. Des discussions devront aussi être menées au niveau européen, ainsi qu’avec les pays tiers où sont exportées les volailles et la génétique avicole françaises. Comme le rappelle Christiane Lambert, « certains pays refusent d’importer des animaux venant de pays où il y a la vaccination ». Ce sujet sera « à l’agenda » de la réunion annuelle de l’Organisation internationale de la santé animale (OMSA ex-OIE), a promis le cabinet du ministre. « Il faudra ensuite convaincre chaque pays tiers », indique le ministère, qui promet des « moyens renforcés » et une collaboration avec les filières.

L’export, sensible pour la filière volailles

À ce titre, Anvol demande des garanties. Pour l’interprofession, l’État devra « obtenir, en amont de l’élaboration d’une stratégie vaccinale […] l’ensemble des certificats d’exportations, par espèces, pour le commerce intra et extra-européen ». Une remise en cause de l’export serait préjudiciable à la filière volailles. Les exportations représentent « en tout plus d’1 milliard d’euros par an » (sur 6 à 7 milliards de ventes), rappelle Anvol. Le maillon génétique, en particulier, joue sa survie, car « les exportations représentent plus de 60 % [de son] chiffre d’affaires ». Deuxième garantie demandée par Anvol : que la vaccination « soit adoptée dans toute l’Union européenne, sans différenciation entre États membres », afin « d’éviter des distorsions de concurrence ». 

M. R. et Y. G.