SANITAIRE
Influenza aviaire : la France s'attend à un hiver à haut risque

Qualifiant l'épizootie d'influenza aviaire d'alarmante, les experts sanitaires préviennent que les risques de diffusion vont augmenter fortement dans les semaines à venir. La maladie continue de progresser, sans flambée pour l'instant.

Influenza aviaire : la France s'attend à un hiver à haut risque
Au 23 septembre, le ministère de l'Agriculture faisait état de 15 foyers d'influenza aviaire en élevages en France depuis le 17 mai. ©Agri.gouv

Alors que l'influenza aviaire continue de se propager, « les risques d'introduction primaire ainsi que les risques de diffusions secondaires vont augmenter fortement dans les semaines à venir. » L'alerte émane d'une note du 23 septembre de la plateforme d’épidémio-surveillance en santé animale (ESA), qui regroupe professionnels et pouvoirs publics. Les experts y rappellent que la saison hivernale est traditionnellement synonyme « d’amplification des migrations d'oiseaux sauvages et de conditions climatiques qui vont devenir plus favorables à la survie de virus infectieux d'IAHP (influenza aviaire hautement pathogène) dans l'environnement ». Ces derniers jours, la maladie a continué sa progression, notamment dans l'Ouest. « Un cas d'influenza aviaire vient d'être détecté dans la Sarthe dans un élevage de canards situé dans la commune de Mézeray », a annoncé la préfecture dans un communiqué le 23 septembre. Situé à une vingtaine de kilomètres du Mans, ce foyer se situe dans la zone de l'IGP volailles du Maine (anciennement Loué), premier bassin français de production de volailles label rouge.

Contamination des voies de migration

« Plusieurs cas ponctuels sont apparus récemment dans plusieurs départements de la région Pays de la Loire », rappelle la préfecture sarthoise. La maladie a frappé élevages et oiseaux sauvages en Vendée, en Loire-Atlantique et en Maine-et-Loire, où la préfecture a décrété le 23 septembre la mise à l'abri des volailles dans l'ensemble du département. Au 23 septembre, le ministère de l'Agriculture faisait état de 15 foyers en élevages en France depuis le 17 mai, sans compter le cas sarthois ni l'ensemble des foyers du Maine-et-Loire. Les autres foyers ont été observés dans l'Ain, l'Ille-et-Vilaine, l'Indre-et-Loire, la Manche, la Meuse, le Morbihan, la Seine-Maritime et la Somme. Selon la plateforme ESA, ces cas dans les élevages et en faune captive (basses-cours, appelants pour la chasse) « indiquent d'ores et déjà une très probable importante contamination des voies de migration des oiseaux sauvages sur le territoire national ». Alors que l'épizootie connaît habituellement une pause lors de la période estivale, les dernières semaines ont été marquées par « un niveau record de détections d'IAHP » en faune sauvage, rappellent les experts. Le ministère de l'Agriculture comptabilise ainsi 179 cas en faune sauvage et captive depuis le 17 mai. Une évolution qui « suggère une endémisation de la maladie dans le compartiment sauvage sur le territoire national », prévient la plateforme ESA. Un nouveau facteur vient compliquer la lutte contre l'influenza : les autorités sanitaires suspectent fortement que la présence de l'infection dans certaines populations sauvages n'entraîne pas de surmortalité notable, notamment chez les canards sauvages.

L'Europe de l’Ouest fortement touchée

Face à ce risque accru, l'interprofession du foie gras (Cifog) a « décidé de passer le dispositif de surveillance interprofessionnel au niveau jaune », indique le site web de la chambre d'agriculture des Landes. Une mesure qui implique des tests plus fréquents (prélèvements par écouvillon avant mouvements d'animaux, chiffonnettes pour surveiller la charge virale dans les bâtiments). Il n'y a pas qu'en France que la maladie sévit. Dix jours après et à trois kilomètres du précédent, un deuxième cas d'influenza aviaire a été confirmé le 22 septembre en Espagne, près de Madrid, rapportent nos confrères des Marchés. Le pays a déclaré le lendemain cinq foyers en cours à l'Omsa (Organisation mondiale de la santé animale). Le même jour, la presse italienne rapportait deux nouveaux cas dans le pays, qui n'avait plus de foyers en cours selon l'OIE. La veille, l'agence sanitaire belge avait déclaré trois nouveaux foyers, près de Gand et de la frontière allemande - le dernier cas remontait à plusieurs semaines. Le 19 septembre, la Pologne a également signalé un cas  (apparu le 17 août). Globalement, les Pays-Bas restent le pays le plus touché avec 58 foyers en cours déclarés auprès de l'OIE au 22 août.

Y.G et M.R