FRUITS D'ÉTÉ
Les pêches s'en sortent, les abricots ont souffert

Comme en 2021, certains producteurs de fruits à noyaux ont subi de plein fouet les gelées tardives. La sécheresse et les fortes chaleurs ont aussi perturbé la récolte. Malgré tout, la pêche s'en sort bien.

Les pêches s'en sortent, les abricots ont souffert
La récolte de pêche a été plutôt satisfaisante, avec de bons prix pour les producteurs

Arboriculteur à Peaugres, Hervé Grange n'a pu que constater l'ampleur des dégâts causés par le gel sur ses vergers. « Mes pêches (1,5 ha) s'en sortent plutôt bien mais mes abricots (10 ha) ont subi 50 % de pertes comparé à une récolte normale », soupire-t-il. Une situation délicate pour l'agriculteur, déjà lourdement impacté par le gel du printemps 2021. « Les abricots sont très importants pour nous en termes de chiffre d'affaires. Nous allons avoir de grosses difficultés à nous en relever, d'autant que les prix du marché sont bas », poursuit le gérant de la Ferme de Sarameille.

Installé à Saint-Étienne-de-Fontbellon, une centaine de kilomètres plus au sud, Stéphane Leyronas a lui aussi été touché par les gelées tardives sur ses pêchers. « La récolte s'est terminée le 27 août chez moi. Deux hectares sur neuf ont gelé début avril et n'ont rien donné, mais le reste est satisfaisant. Nous avons tout de même eu une belle récolte cette année », rassure-t-il.

C'est aussi l'heure des comptes pour Nadège et Jérôme Maisonnas, qui exploitent 16 hectares d'abricotiers à Colombier-le-Vieux. « Il manque 20 à 30 % de la récolte. Nous avons pourtant eu  recours à de la lutte antigel, notamment des bougies », précisent-ils. Ces arboriculteurs, qui écoulent leur production auprès de grossistes et de détaillants, estiment tout de même que les pertes sont « raisonnables » par rapport à 2021, année où 80 % de leurs fruits avait été perdus.

M.D.C

Fruits d’été : une saison 2022 jugée « satisfaisante »
Bruno Darnaud

Fruits d’été : une saison 2022 jugée « satisfaisante »

En fruits d’été, la saison 2022 est jugée « satisfaisante » par Bruno Darnaud, président de l’AOP pêches et abricots de France et arboriculteur à La Roche-de-Glun (Drôme).

Comment s’est déroulée la saison de pêches, nectarines et abricots ?

Bruno Darnaud : « Tout d’abord, sur les volumes d’abricots et de pêches de l’ensemble des vergers de l’Hexagone, nous observons une baisse de 15 % par rapport aux prévisions établies due aux effets de la canicule. Ensuite, sur le déroulé de la campagne, le planning des récoltes a été très en avance en juin mais il s’est ensuite rétabli. Comme nous avions bien préparé la saison avec les distributeurs, l’avance prise en juin a offert une bonne visibilité aux fruits français dans les rayons des grandes surfaces. Et ce d’autant plus que les vergers espagnols, après un fort gel, ont très peu produit. J’ajoute que les grosses chaleurs, qui ont donné des fruits de bons calibres et de forts taux de sucre, ont facilité la consommation. »

Qu’en est-il des prix ?

B.D. : « En matière de prix, nous sommes proches des niveaux de 2021, année de fort gel sur nos vergers français. Globalement, avec un bon début de saison, une meilleure mise en avant des fruits français et des prix bons et stables malgré l’inflation, on peut estimer que la saison 2022 est satisfaisante. Mais le fait marquant est l’absence de l’Espagne. On a d’ailleurs manqué de pêches cette année, ce qui a pu contraindre nos opérateurs à faire des arbitrages entre clients. Bien entendu, il ne faut pas oublier les producteurs impactés par le gel, comme ceux des Baronnies dans la Drôme, ou ceux n’ayant pu irriguer suffisamment leur verger. »

Des tensions sont néanmoins apparues avec certains distributeurs…

B.D. : « En effet, malgré des paramètres au vert en termes de production et de consommation, on a vu apparaître au mois de juin des promotions incompréhensibles dans certaines enseignes de la grande distribution. La preuve est faite que certains distributeurs se moquent de la réalité des marchés, seul compte pour eux l’affichage de prix toujours plus bas. Cette guerre des prix entre enseignes est inadmissible. En réagissant fortement, l’AOP pêches et abricots de France a pu cependant éviter que cette situation perdure. »

Avez-vous mesuré l’impact de la hausse des coûts de production ?

B.D. : « Les coûts de production subissent une hausse très importante. C’est un véritable point noir. Mais à ce jour, il est très difficile de mesurer précisément l’impact sur la main-d’œuvre, l’énergie, le transport, l’emballage. Normalement, avec les prix de cette année, ces hausses devraient globalement être couvertes en pêches. En abricots, ce sera plus hétérogène car les volumes sont moins à la hauteur des espérances. »

Après cette saison, êtes-vous plutôt optimiste pour la suite ?

B.D. : « Oui, je suis optimiste car cette saison 2022 ouvre des perspectives. La consommation a été bonne avec très peu de critiques négatives de la part des consommateurs. En pêches et nectarines, c’était déjà le cas depuis quelque temps. Mais en abricot, où la qualité faisait l’objet de grosses critiques, la saison 2022 s’est bien passée. Quant aux prix, il semble que l’on ait réussi à les stabiliser. »

Propos recueillis par Christophe Ledoux