Sollicité par l’Ordre des vétérinaires, son Comité d’éthique, animal, environnement, santé, préconise d’élargir la relation contractuelle entre vétérinaires et éleveurs à l’information et au conseil en matière de bien-être animal et de préservation de l’environnement.
« Les vétérinaires ne sont pas seulement des urgentistes », a déclaré Jacques Guérin, président du Conseil national de l’ordre des vétérinaires, en commentant l’avis du Comité d’éthique animal, environnement et santé, « Vétérinaire et éleveur : quel contrat moral ? » qui traite de la nécessaire évolution des relations entre vétérinaires et éleveurs. Sollicité par l’Ordre des vétérinaires, le Comité d’éthique, animal, environnement et santé, présidé par Louis Schweitzer (1) décrit le cadre des relations qui devraient s’établir à l’avenir entre les vétérinaires et éleveurs avant de formuler un certain nombre de recommandations. « La première obligation du vétérinaire vis-à-vis de l’éleveur est de soigner les animaux malades, c’est-à-dire la réalisation d’un diagnostic et l’établissement d’un traitement ainsi que diverses recommandations visant à prévenir l’apparition de maladies et à maintenir la capacité de productions de l’élevage », rappelle Luc Mounier, le rapporteur de l’avis. Mais les obligations contractuelles pour s’appliquer dans de bonnes conditions ne se limitent pas aux seules activités de soins. S’il appartient à l’éleveur de faire appel au vétérinaire aussi souvent que nécessaire et sans attendre une dégradation de la situation, le vétérinaire doit prendre en compte les contraintes financières, matérielles et logistiques de l’éleveur ainsi que les évolutions réglementaires et les éventuelles répercussions sur l’environnement lors de la mise en place des traitements.
Élargissement des missions
Comme le souligne le rapporteur, le contrat juridique qui lie le vétérinaire et son éleveur ne se borne pas aux prestations de soins. Il est du rôle du vétérinaire d’informer les éleveurs sur l’évolution de la réglementation pour répondre aux attentes sociétales, recommande le Comité d’éthique. Il en est ainsi du bien-être animal. Par sa connaissance du comportement de l’animal et de sa physiologie, le vétérinaire peut et doit participer à l’évaluation du bien-être des animaux et contribuer à l’améliorer par ses conseils. Si l’élevage apporte de nombreux bienfaits à l’environnement et à la biodiversité, il émet aussi des gaz à effet de serre et certaines pratiques ont un impact négatif. Ainsi le vétérinaire par les conseils qu’il délivre, peut contribuer à réduire l’impact CO2 de l’élevage.
Les recommandations
En conséquence, les vétérinaires ont un rôle de premier ordre dans ces actions à conduire que ce soit par l’intermédiaire d’une sensibilisation des éleveurs, de l’information qu’ils peuvent apporter ou les conseils qu’ils peuvent délivrer. Ainsi le Comité d’éthique préconise un certain nombre de recommandations. La première vise à renforcer les compétences des vétérinaires notamment sur les enjeux liés au bien-être animal et aux impacts environnementaux, via la formation continue. Le rapport souligne également la nécessité de conserver un maillage territorial de vétérinaires suffisant, alors que des zones entières commencent à en être dépourvues, de faire évoluer la rémunération des vétérinaires pour tenir compte de leur activité de conseil. « On dépend trop des médicaments », déplore d’ailleurs Jacques-Yves Gauchot, le président de la Fédération des syndicats vétérinaires, qui insiste aussi sur la nécessaire formation des vétérinaires. Autre recommandation non directement liée à l’activité vétérinaire mais indispensable pour pérenniser l’élevage en Europe, et d’ailleurs Louis Schweitzer l’a souligné, la nécessité d’inclure des clauses miroirs dans les accords de libre-échange pour que les éleveurs ne subissent pas une concurrence déloyale en matière de santé publique et de protection animale vis-à-vis de fournisseurs de pays tiers qui ne respectent pas les mêmes engagements.