SONDAGE
Agroécologie : plus de la moitié des agriculteurs déjà engagés

BASF-Agro et l’institut BVA ont rendu publics les résultats d’un sondage qui dresse un état des lieux de l’agroécologie en France. Une enquête riche d’enseignements, dont l’information principale est que la moitié des agriculteurs sont déjà impliqués.

Agroécologie : plus de la moitié des agriculteurs déjà engagés
80 % des maraîchers et arboriculteurs déclarent être déjà engagés dans une démarche agroécologique. ©ANPP

Selon un sondage BVA réalisé pour le compte de BASF-Agro et rendu public le 30 août, 59 % des agriculteurs sont aujourd’hui « engagés dans une démarche agroécologique, avec une augmentation de 15 % en quatre ans ». En répartition par Otex, 80 % des maraîchers et arboriculteurs déclarent être déjà engagés dans cette démarche, contre 64 % des viticulteurs, 57 % des polyculteurs-éleveurs et 50 % des producteurs de grandes cultures. Les agriculteurs mettent en tête de leurs préoccupations agroécologiques le maintien de la fertilité des sols (90 %), la limitation de l’usage des produits phytosanitaires (81 %) et la préservation de la biodiversité (79 %). Côté pratiques agroécologiques, 87 % des producteurs de grandes cultures déclarent implanter un couvert en interculture, 64 % broyer des résidus de récolte et 64 % introduire des légumineuses dans la rotation. Ils ne sont en revanche que 40 % à utiliser un désherbage mécanique. Ils sont également 88 % à utiliser des variétés tolérantes aux maladies ; 69 % à avoir investi dans des outils digitaux permettant de réduire les intrants et 64 % à avoir acquis du matériel pour l’agriculture de précision, par exemple des pulvérisateurs avec coupure de tronçon, quand 43 % d’entre eux utilisent des biostimulants. Les proportions sont peu ou prou similaires chez les polyculteurs éleveurs (84 % d’interculture, 73 % de légumineuses dans les rotations, 40 % de biostimulants…)

Biocontrôle, enherbement…

Les agriculteurs sondés sont une grande majorité (72 %) à déclarer entretenir et planter des haies, proportion toute aussi importante (60 %) chez les viticulteurs qui utilisent très largement (80 %) des produits de biocontrôle. L’enherbement entre les rangs, au moins un rang sur deux, est une pratique rentrée dans les mœurs : 76 % des viticulteurs déclarent la mettre déjà en pratique et 12 % envisagent de le faire dans les deux ans. L’engagement des maraîchers et arboriculteurs est tout aussi fort sur l’enherbement (85 %, + 12 % dans les deux ans à venir), sur l’utilisation de produits de biocontrôle (61 %, + 20 % dans les deux ans) et dans l’entretien et la plantation de haies (85 %, + 9 %). A la question posée, « quels sont les bénéfices les plus importants que peut apporter l’agroécologie à une exploitation agricole ? », 63 % de l’ensemble des sondés répondent « produire en respectant au mieux les composantes de l’environnement », 62 % « rendre l’exploitation plus durable », 52 % « faire des économies d’intrants » et enfin 47 % « renforcer l’image du métier ». Ils sont aussi 42 % à vouloir « mieux intégrer et anticiper les changements climatiques dans leur territoire ».

De fortes attentes

Cependant, ces efforts suscitent quelques craintes et contraintes. À la question « quel(s) frein(s) vous limitent le plus à vous engager ou vous engager davantage dans l’agroécologie ? », les agriculteurs placent en tête (56 %) le fait qu’il n’existe pas de solution alternative efficace pour la gestion des mauvaises herbes et des parasites, devant les investissements financiers trop importants (54 %) et les incertitudes sur les avantages économiques pour l’exploitation (47 %). Ils sont aussi 45 % à estimer que cette transition leur demande trop de travail et 43 % à considérer qu’elle engendre des charges supplémentaires trop importantes. Enfin, parmi leurs attentes, les agriculteurs veulent disposer de variétés plus résistantes nécessitant moins de traitements (83 %), des produits phytosanitaires présentant un meilleur profil éco-toxicologique (78 %) et recevoir des informations et résultats d’essais de produits de biocontrôle (71 %). En résumé, les agriculteurs développent une démarche de bon sens, pragmatique et non idéologique ou dogmatique de la transition agroécologique. Ils entendent conjuguer agriculture durable et compétitivité économique. Cette enquête intitulée « La Grande récolte » a été réalisée auprès de 2 200 acteurs du monde agricole, dont 1 816 agriculteurs, du 25 janvier au 17 mars dernier. Elle est disponible à l’adresse suivante : www.agro.basf.fr/fr/agroecologie/enquete_grande_recolte/

Christophe Soulard