FILIERE EQUINE
" Le risque zéro n'existe pas "

MSA ARDÈCHE DRÔME LOIRE / Lundi 25 novembre, une journée de formation centrée sur la relation entre l'Homme et le cheval était organisée aux Écuries La Syrah à Saint-Péray. Objectif : prévenir et réduire les risques spécifiques à la filière équine.

" Le risque zéro n'existe pas "

« On a beau connaître nos chevaux, même avec le plus gentil d'entre-eux, le risque zéro n'existe pas », rappelle Régine Baeza du centre équestre L'hippocampe situé à Berrias-et-Casteljau. Avec une dizaine de professionnels de la filière équine, elle a participé à une journée de formation proposée par la MSA Ardèche Drôme Loire fin novembre aux Écuries La Syrah à Saint-Péray. Cette journée était centrée sur la relation entre l'Homme et la cheval et a été animée par Cécile Roussel, comportementaliste équin de l’Université de Rennes. L'objectif était d'apporter aux professionnels suffisamment de connaissances sur le comportement des cheveux, la maîtrise des règles d’apprentissage et leur manipulation en toute circonstance. Une étape indispensable afin de gagner en temps et en performance dans leurs activités mais aussi en sécurité.

2e filière agricole la plus accidentogène

La filière équine est en effet la seconde filière agricole la plus concernée par les accidents du travail tant en terme de gravité qu'en terme de coûts induits. De nombreux professionnels peuvent être concernés : éleveurs, centres équestres, moniteurs d'équitation, haras... « Les séquelles physiques ou les coûts financiers induits pour les entreprises peuvent être très importants », rappelle Caroline Garcon, médecin chef de service en santé et sécurité au travail à la MSA Ardèche Drôme Loire. Entre 2014 et 2016, 91 accidents du travail proprement dits en lien avec la manipulation de chevaux ont été enregistrés par la MSA Ardèche Drôme Loire, toutes filières équines confondues. Le plan de sécurité et santé au travail de la MSA intègre trois domaines distincts : la santé physique et mentale des cavaliers ; l’accidentologie et la connaissance du comportement des chevaux ; la formation et la gestion de la chute en structures scolaires. « Les agriculteurs connaissent tous la MSA et notre service mais c’est plus difficile sur la filière équine », rajoute Caroline Garcon. « Notre objectif est de réduire la fréquence des accidents et leur gravité. Pour cela, il faut savoir détecter les signaux lancés par le cheval et connaître son comportement car les accidents les plus spectaculaires se produisent avec le corps du cheval à pied, en non sur de la conduite en selle. »

Les accidents arrivent souvent dans le cadre de petites et simples manipulations avec les animaux : contention, soins, conduite à pied... C’est le cas de Régine Baeza qui s’est faîte marcher dessus en changeant ses poneys d’enclos, sans entraîner de blessures graves. Pour Camille Roux, responsable de l’Ecurie des Selles à Bourg-les-Valence (26) et présente également à cette formation, une chute à cheval qui lui a causé une triple fracture tibia péroné. « Je crois que nous y sommes tous passés », relativise-t-elle. Chaque participant a pu échanger sur ses expériences, les comportements de leurs chevaux, se donner des conseils ou des avis pour les animaux les plus difficiles à dresser.

Vigilance et pistes de travail

De nombreux apports théoriques en éthologie équine leur ont été exposés, sur les besoins fondamentaux des chevaux, leurs capacités sensorielles et cognitives, en matière de bien-être et mal-être, de savoir-faire et savoir-être pour entretenir une relation de confiance partagée, d’apprentissage sécurisé... « Le cheval est soumis à plein de stimulus dans la nature et sera réactif en une fraction de seconde. A la différence des vaches par exemple, il peut réagir très violemment à des signaux tactiles incohérents trop forts », a rappelé Cécile Roussel. « Il fait des associations entre plusieurs évènements et apprentissages, positifs ou négatifs. Il faut être très vigilant car cela s’ancre très vite en lui et met beaucoup de temps à s’en aller. Il apprend parce que cela lui permet soit de récupérer un confort, soit de l’éviter. » D’où l’importance d’optimiser la relation entretenue entre le cheval et l’Homme, d’éviter tout danger, d’anticiper les risques et les signaux lancés par l’animal. « A partir du moment où l’on comprend pourquoi le cheval a un comportement différent qu’à son habitude, cela permet aux professionnels de ne pas s’agacer et donne des pistes pour adapter leur travail », conclue Cécile Roussel.

Des ateliers pratiques ont permis de revoir ou découvrir divers outils d’apprentissage à la désensibilisation des animaux, leur conditionnement et leur renforcement. La gestion des comportements indésirables a été également abordée.

Caroline Garcon, quant à elle, voit encore plus loin pour réduire la part de risques : « J’aimerai mettre en place en 2020 des formations sur le débourrage des chevaux par la méthode de dressage Blondeau en partenariat avec les Chambres d’agriculture. Un débourrage bien fait, c’est un cheval sympa tout au long de sa vie ! Nous n’avons que des retours positifs sur ce type de formation ».

A.L.

Légende : Une dizaine de professionnels équins ont participé à cette formation.

Chiffres clés

  • 579 entreprises réunies dans la filière équine en Ardèche, Drôme et Loire, dont 368 élevages d'équidés, 145 centres d’enseignements sports et d’activités de loisirs, et 85 entreprises dont l’activité est liée au sport.

  • 114 élevages d’équidés en Ardèche.

  • 70 % des taches effectuées par les professionnels de la filière équine concernent la manipulation des chevaux (conduite de l’animal à pieds et en selle, contention, soins...).