L’exécutif devrait rétablir très prochainement l’obligation d’afficher dans les restaurants l’origine des viandes ovines, porcines et de volailles, suspendue depuis mars. Une mesure très attendue par les filières animales.
Le gouvernement va publier « très prochainement » deux nouveaux décrets instaurant l’obligation d’afficher l’origine des viandes ovines, porcines et de volailles servies en restauration hors domicile (RHD), a indiqué Odile Cluzel, de la DGCCRF (Fraudes), le 30 mai. « Cette obligation est suspendue depuis le 29 février, mais va être rétablie très prochainement », a déclaré la sous-directrice des produits et marchés agroalimentaires lors d’une audition devant la commission d’enquête sur la perte de souveraineté alimentaire de la France. Ces textes concerneront les viandes fraîches – les produits transformés étant déjà visés par une obligation d’afficher l’origine depuis un décret paru début mars. Après les viandes bovines en 2002, l’Hexagone avait mis en place, en janvier 2022, l’obligation d’afficher l’origine des autres viandes. Comme le rappelle la fonctionnaire de la DGCCRF, à l’époque, « la Commission européenne s’apprêtait à réviser le règlement Inco (information des consommateurs sur les denrées alimentaires) et avait demandé que cette obligation soit prévue pour une durée limitée ». Deux ans après, « la Commission n’a pas encore lancé les travaux de révision », note-t-elle, poussant Paris à notifier deux nouveaux projets de décret (l’un sur les restaurants, l’autre sur les « dark kitchen »). La période de statu quo ouverte par cette notification s’est achevée le 29 mai. Très attendus par les professionnels, ces textes vont donc pouvoir être publiés afin de « maintenir de manière durable cette obligation d’information des consommateurs », selon Odile Cluzel.
614 restaurants contrôlés en 2023
En 2023, la DGCCRF a contrôlé 614 établissements de restauration sur les produits d’origine animale, a précisé sa directrice générale Sarah Lacoche lors de l’audition. Une goutte d’eau dans l’océan des restaurants français : l’Hexagone compte 118 000 établissements dits « traditionnels » (restauration assise type brasserie), pour ne citer qu’eux. Selon une étude Roamler parue en 2023, un an après la mise en place de l’obligation temporaire d’afficher l’origine, seuls 15 % des restaurateurs appliquaient cette mesure, principalement faute d’information. En mars, les interprofessions des viandes demandaient au gouvernement « un dispositif d’information et de sensibilisation » des restaurateurs. L’enjeu est de taille pour les filières animales : la RHD est un segment en croissance, mais très consommateur de produits importés, en raison de la concurrence sur les prix.