MOBILISATION
Chasse au lait bradé dans les GMS

Mardi 16 mai, des producteurs de lait ardéchois et drômois se sont rendus dans deux enseignes de la grande distribution pour contrôler le prix des briques de lait. 

Chasse au lait bradé dans les GMS
Des actions similaires pourraient être menées dans les mois à venir s'il est constaté que les grandes surfaces continuent à vendre du lait à moins d'un euro.

« Nous demandons à ce que la loi Egalim s’applique de manière pleine et entière ! » Telle était la revendication des FDSEA, JA et FDPL (Fédérations départementales des producteurs de lait) de l’Ardèche et de la Drôme, mardi 16 mai. Lors d’une action conjointe, plusieurs éleveurs laitiers des départements voisins se sont réunis dans deux enseignes de grande surface, Leclerc à Bourg-lès-Valence, puis Auchan à Guilherand-Granges, afin de contrôler le prix des briques de lait en supermarchés. « Si la brique de lait est vendue en dessous d’un euro par litre au consommateur alors la rémunération de l’éleveur ne peut pas être à la hauteur de ses coûts de production », ont rappelé les syndicats pour justifier cette action. À l'automne dernier, une action similaire menée dans plusieurs départements français avait permis d’atteindre l’objectif d’une brique de lait standard proposée entre 0,95 et 1,05 € au consommateur dans 90 à 95 % des enseignes de la grande distribution, d'après la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL).

De bons élèves ?

Dans les deux enseignes le résultat s'est révélé plutôt positif, avec peu ou pas de brique vendue à moins d'un euro le litre. « Mais ils étaient prévenus de notre venue, n'ont-ils pas enlevé certains produits des rayons ? », s'interroge un éleveur drômois. À Guilherand-Granges, le directeur d'Auchan, Jean-François Moreau, assure avoir joué le jeu. Dans ce magasin, seule une brique est vendue à 0,84 €. « Notre basique dans le métier, c'est le repère prix », indique le directeur. « Mais ce lait n'est pas acheté moins cher », assure-t-il. Une marge plus basse, un packaging sobre, pas de marketing autour du produit : autant de raisons qui expliquent, d'après le directeur, que cette brique puisse être vendue à un tel prix. Après un temps de discussion dans les rayons, Jean-Francois Moreau a invité une partie du groupe dans son bureau pour observer de plus près l'évolution des prix d'achat pour les supermarchés.

Le prix à payer pour conserver une production laitière

Avec cette action, les éleveurs espèrent s'être fait entendre des grandes surfaces pour maintenir cette hausse et de continuer à l'encourager. Car ces dernières années les coûts de production du lait ont tendance à augmenter plus rapidement que son prix ce qui impacte directement les revenus de la filière. Si le lait bio est particulièrement touché, le secteur conventionnel n’est pas épargné pour autant dans un contexte de forte hausse du prix des intrants. La FNPL redoute aussi que le lait ne représente une variable d’ajustement pour répondre aux attentes du ministère de l’Économie en matière de politique de prix bas pour limiter l’inflation auprès des consommateurs. Pourtant, d'après les syndicats, une hausse de 10 centimes par litre permettrait d’augmenter la part de rémunérations des éleveurs sans pour autant que cela pèse significativement sur le budget des ménages, avec un surcoût moyen de moins de 5 € par an et par habitants. « C’est le prix à payer pour conserver une production laitière sur le sol français et éviter la pénurie sur ce produit de première nécessité », rappellent les syndicats.

Sophie Sabot et Pauline De Deus