UNE EXPLOITATION  PRÈS DE CHEZ VOUS
Domaine Clape, la vigne dans les veines !

Mylène Coste
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UNE EXPLOITATION  PRÈS DE CHEZ VOUS / Leurs vins défient le temps et les années. Car le Domaine Clape porte en lui l’héritage d’une longue histoire qui puise son origine dès le début du 19e siècle sur les pentes granitiques de Cornas. Rencontre.

Olivier Clape, dans les vignes en coteaux de Cornas.
Olivier Clape, dans les vignes en coteaux de Cornas.

Olivier Clape est l’héritier d'une longue histoire de vignes et de vin : « Nos plus anciens bâtiments ont près de 250 ans. Le domaine a connu plusieurs noms, car il s’est surtout transmis par les femmes : la famille Frugier, puis la famille Rousset. Ma grand-mère a ensuite épousé mon grand-père Auguste Clape, qui a donné son nom au domaine. Mais il s’agit bien d’une seule et même famille ».

L’exploitation a été témoin des grands événements du siècle dernier : la crise du phylloxera, les deux guerres mondiales… Mais s’en est toujours relevée. « Dans le temps, mes aïeuls ont cultivé ici des céréales pour nourrir les quelques vaches qu’ils élevaient. Il y a également eu des cerises, de l’abricot, de la poire » … et toujours de la vigne ! « À l’époque, on ne vivait pas du vin. Ce n’est qu’à partir des années 1960-1970 que le vin s’est imposé petit à petit avant de devenir le cœur d’activité de l’exploitation », explique Olivier Clape. « Dans ces années-là, les négociants faisaient encore la pluie et le beau temps. Mais dès 1955, mon grand-père et quelques autres ont décidé de mettre en bouteille eux-mêmes leurs vins. Une quinzaine d’année plus tard, il mettait en bouteille l’intégralité de sa production pour la vendre à des restaurants locaux, de la région lyonnaise et, déjà à l’étranger. »

Des vins tournés vers l’export

Après plusieurs expériences dans d’autres domaines, Pierre-Marie Clape rejoint l’exploitation en 1988. Son fils Olivier en fait de même dès 2002, après un début de carrière de dessinateur industriel : « Je me suis rendu compte que travailler dans un bureau, ce n’était pas pour moi ! J’ai décidé de revenir travailler sur l’exploitation, au contact des vignes ».

Aujourd’hui, le Domaine Clape compte 9 ha dont 5,5 ha en AOC cornas, 1 ha en AOC saint-péray, 1 ha en côtes-du-rhône sur des parcelles de plaine proches du fleuve, ainsi qu’1,5 ha en vins de France. « Nous avons tout en syrah, et un peu de marsanne et roussanne pour le saint-péray », précise Olivier Clape. Certaines parcelles en coteaux comptent 30 à 60 % de pente. La quasi-totalité du vignoble est planté sur échalas : « Nous en avons très peu en fil de fer : c’est trop monotone, ça m’ennuie ! ».

Côté débouchés, le Domaine Clape se distingue par la place prédominante accordée à l’export : « 65 à 70 % de nos bouteilles partent à l’export, principalement aux Etats-Unis, chez un client très ancien avec lequel nous avons un lien fort. Nous vendons aussi vers l’Angleterre, la Suisse, ou encore le Nord de l’Europe. Le reste de la production part chez les cavistes et les particuliers ».

Un désherbage 100 % mécanique

Soucieux d’utiliser le moins d’intrants possible, Olivier Clape a pas à pas réussi à travailler la totalité des sols manuellement. « Mon père était déjà dans une démarche raisonnée. Dès mon retour au Domaine, j’ai d’abord ressorti le vieux motoculteur à chenille de mon grand-père, en commençant pas les bas de coteaux pour faire la preuve que ça pouvait marcher. J’ai ensuite investi dans des treuils pour vignobles les plus pentus, et formé la main-d’œuvre à ce travail. Nous faisons aussi appel à une prestataire qui maîtrise très bien le travail des sols avec un mulet : il n’y a rien de plus efficace chez nous, avec nos rangs étroits. On utilise aussi un peu la pioche pour compléter tout ça. » Résultat : 100 % des sols du domaine sont désherbés mécaniquement.

Si le Domaine Clape n’a pas le label Agriculture biologique, il ne traite la vigne qu’avec des produits bio depuis une dizaine d’années, soufre et cuivre notamment. « On essaie aussi de réduire les dosages : cette année, j’ai appliqué seulement 300 g de cuivre / ha contre environ 2 kg / ha de moyenne de référence. Je suis tous les jours dans les vignes, j’observe beaucoup comment elles se comportent pour pouvoir prendre des décisions. » Le vigneron, qui fait partie du groupe Dephy viticulteur des côtes-du-rhône septentrionales, teste également les couverts végétaux à petite échelle : « J’ai attelé au cheval un petit semoir que m’a prêté un voisin. Je ne compte pas détruire le couvert, mais simplement le couper et le laisser au sol ».

Mylène Coste

Il a testé le paillage… en laine de mouton !
Le vigneron teste depuis quatre ans un paillage en laine de mouton au pied de ses vignes.

Il a testé le paillage… en laine de mouton !

ALTERNATIVE / Olivier Clape a expérimenté un paillage en laine de mouton sur de petites surfaces, pour limiter le travail au sol et conserver davantage d’humidité. Une expérience plutôt réussie mais qui a un coût.

Olivier Clape aime expérimenter. Mulch, copeaux de bois, paillettes de lins ou de chanvre… Il en a testé, des paillages ! Dernier en date : un paillage de laine de mouton. « Je voulais essayer autre chose, et c’est lors d’une visite chez la coopérative Ardelaine que j’ai eu cette idée. La laine reste plus légère à transporter que les copeaux de bois ; cela a son importante lorsque l’on doit monter le paillage sur son dos dans des vignes en pentes ! » Le viticulteur a ainsi pu se procurer de la laine issue de la Ardelaine (Saint-Pierreville), par le biais d’un partenariat entre cette Scop et la Chambre d’agriculture de l’Ardèche.

Il poursuit : « J’ai seulement couvert deux petites parcelles, soit environ 1 are. La laine est vendue en rouleau, que j’ai disposé au pied des vignes sous le rang et dans l’inter-rang afin de couvrir toute la surface. Sur l’une des deux parcelles, j’ai mis en place le paillage sans désherber. L’herbe a peu à peu réussi à passer à travers mais je l’ai coupée, et la laine commence à se dégrader. Sur la deuxième parcelle, située sur une terrasse très exposée qu’on avait l’habitude de travailler à la main, j’ai désherbé avant de poser la laine ».

« Très efficace pour retenir l’humidité »

Et l’expérience semble donner pleine satisfaction : « Quatre ans plus tard, rien n’a poussé en dessus, le paillage est toujours aussi dense mais laisse toutefois pénétrer l’eau. Il est surtout très efficace pour retenir l’humidité, et c’était bien là le principal objectif puisqu’il s’agit d’une parcelle qui d’ordinaire souffre beaucoup du sec. » Aussi la laine apporte-t-elle des nutriments intéressants au sol en se dégradant.

Pour autant, la mise en place prend du temps : « Pour une parcelle de 50 m2, nous avons mis une demi-journée d’installation à quatre personnes : il faut bien disposer la laine au pied des vignes, disposer les agrafes de manière à bien la fixer au sol ». Autre bémol, le coût : « Environ 50 € le rouleau de 25 m, et encore, le vigneron cornassien a pu bénéficier d’une petite remise. » Ce dernier de conclure : « C’est difficilement reproductible à grande échelle, mais ça reste une alternative intéressante. »

Le paillage de laine de mouton s'avère efficace pour garder l'humidité des sols sur des parcelles plutôt séchantes

Le paillage de laine de mouton s'avère efficace pour garder l'humidité des sols sur des parcelles plutôt séchantes
Le paillage de laine de mouton s'avère efficace pour garder l'humidité des sols sur des parcelles plutôt séchantes.