EQUIPEMENT
Des joysticks pour piloter les tracteurs du bout des doigts

Proposé de série ou en option, le joystick multifonction est devenu un équipement de confort incontournable sur les tracteurs. Si l’ergonomie reste le critère numéro un, la simplicité d’utilisation est concurrencée par la personnalisation des commandes.

Des joysticks pour piloter les tracteurs du bout des doigts
Le joystick MaxCom des tracteurs Deutz-Fahr fait la part belle au code couleur cher à la marque allemande. Crédit : Deutz-Fahr

Les leviers multifonctions implantés en bout d’accoudoir sont longtemps restés l’apanage des tracteurs haut de gamme équipés d’une transmission à variation continue (CVT). Fendt avec sa gamme Vario et Case IH avec ses CVX, l’ont ainsi adopté depuis une vingtaine d’années. La plupart des autres tractoristes leur ont emboîté le pas avec la commercialisation de modèles équipés d’une variation continue. Seul John Deere aura longtemps fait de la résistance, pour finalement proposer son levier CommandPro en 2018. Ces joysticks se démocratisent désormais en étant disponibles sur des modèles moins huppés et moins puissants, généralement de série sur les modèles à transmission CVT, mais également en option sur ceux embarquant une semi-powershift. Ils profitent par ailleurs de la stratégie commerciale adoptée par plusieurs tractoristes, qui consiste à proposer différents niveaux de finition pour un même modèle, offrant le joystick dans la dotation de base ou comme équipement optionnel.

Une position naturelle de la main

Au fil des générations de tracteurs, les constructeurs ont peaufiné l’ergonomie de ces leviers multifonctions. L’objectif étant de concilier le confort du chauffeur avec une position de la main la plus naturelle et reposante, tout en maximisant le nombre de fonctions pilotables avec le pouce. Les premiers joysticks très verticaux pouvaient ainsi provoquer une fatigue au niveau du poignet. Les générations suivantes ont eu tendance à s’incliner pour reposer le bras du chauffeur, tout en conservant des boutons pilotés du pouce. Plusieurs marques (Case IH, Claas, Deutz-Fahr, Kubota, McCormick, Valtra) ont même opté pour une conception horizontale, plébiscitée par les ergonomes. « Ces joysticks, comme le MaxCom équipant nos séries 6.4 à 9, permettent de garder la paume de la main à plat. Dans cette position, les mouvements du pouce sont toutefois plus limités, raison pour laquelle il est préférable de conserver un joystick plus vertical, si l’on souhaite multiplier les boutons pilotés du pouce. Une solution que nous avons par exemple privilégiée pour le développement du joystick de nos tracteurs spécialisés qui permet de commander cinq distributeurs », argumente Nicolas Bedrune, chef produit tracteurs chez Same Deutz-Fahr.

Un pilotage à un, deux ou trois doigts 

Claas a résolu la limite de déplacement du pouce avec son joystick C-Motion, en offrant la possibilité d’actionner certaines fonctions à l’aide de l’index et du majeur. Le récent CommandPro de John Deere utilise également un pilotage à deux ou trois doigts pour multiplier les boutons. Ce dernier offre une position intermédiaire avec un angle de 30-40 degrés de la main. Plus vertical, le récent Multipad des Massey Ferguson 8S, 7S, 6S et 5S est incliné à 22 degrés sur la gauche. « En tenant compte de la position du bras sur l’accoudoir, nous avons retenu l’angle qui offre le meilleur compromis pour éviter les troubles musculo-squelettiques. Pour maximiser la surface couverte par le pouce, les commandes sont réparties en deux zones, avec notamment un microjoystick proportionnel pour piloter deux distributeurs », argumente Quentin Catherine, chef produit tracteurs Massey Ferguson.

Combiner boutons et mouvements du levier

Selon la conception adoptée, ces leviers accueillent ainsi plus ou moins de boutons et donc de fonctions du tracteur. Les plus couramment rencontrées sont le ou les relevages, deux distributeurs hydrauliques, l’automatisme de bout de champ, l’autoguidage et la transmission. À noter que suivant les marques, le nombre de boutons ou molettes dédiés à la transmission dépend des fonctions pilotées par les mouvements du levier. Si pour la plupart, les mouvements d’avant en arrière ajustent la vitesse, certains proposent un basculement à droite et à gauche pour l’inversion du sens de marche et l’activation d’une vitesse mémorisée. D’autres s’illustrent par un système de cran, donnant accès à une fonction supplémentaire, comme une accélération accrue vers une vitesse cible ou chez John Deere, l’utilisation d’une gamme de vitesses d’approche (0 à 2 km/h) en basculant le levier sur la gauche.

Michel Portier

Des commandes plus ou moins personnalisées
Le levier CommandPro de John Deere intègre onze boutons personnalisables, configurés depuis le terminal. Crédit : John Deere

Des commandes plus ou moins personnalisées

On observe deux stratégies dans l’approche des fonctionnalités pilotées depuis le joystick. La première privilégie la simplicité d’utilisation avec un nombre de boutons limités, bien identifiés et attribués à une seule fonction. À noter sur ce point que le code couleur facilitant l’identification des fonctions est propre à chaque constructeur. Une normalisation faciliterait la tâche des utilisateurs qui passent d’une marque à une autre. « Pour notre nouveau levier CommandGrip apparu sur les T8 Genesis, nous avons simplement amélioré l’existant en travaillant sur des effets de marche pour une meilleure identification des boutons au toucher. Nous avons ajouté un seul bouton configurable, afin de ne pas complexifier le levier. Nous préférons réserver les boutons personnalisables à l’accoudoir qui en compte dix. D’autant plus qu’avec l’Isobus, il est déjà possible d’attribuer des fonctions de l’outil aux boutons du relevage et des distributeurs », détaille Nicolas Morel, chef produit tracteur New Holland. Autre exemple, Valtra a volontairement limité le nombre de boutons sur le joystick de son accoudoir SmartTouch, dont seulement deux sont configurables. « La majorité de nos clients souhaitent conserver une simplicité des commandes. Et si l’on a vraiment beaucoup d’actions répétées depuis le joystick, il est sûrement préférable d’utiliser les automatismes de bout de champ », assure Johan Hérisson, chef produit Valtra.

Une configuration par outils et par chauffeurs

À l’opposé, d’autres tractoristes jouent à fond la carte de la personnalisation des commandes. Le nouveau joystick de la cabine FendtOne en est l’exemple le plus récent. En plus des cinq ou six boutons et de la molette dédiés à la transmission et au moteur sur sa face gauche, il comporte sur le dessus quatre touches configurables. Deux molettes à commande proportionnelle peuvent servir aussi bien aux distributeurs qu’aux relevages. Quant aux traditionnels boutons Go et End utilisés pour les relevages, ils peuvent également être attribués à d’autres fonctions comme les des fonctions pilotées par les mouvements du levier. Si pour la plupart, les mouvements d’avant en arrière ajustent la vitesse, certains proposent un basculement à droite et à gauche pour l’inversion du sens de marche et l’activation d’une vitesse mémorisée. D’autres s’illustrent par un système de cran, donnant accès à une fonction supplémentaire, comme une accélération accrue vers une vitesse cible ou chez John Deere, l’utilisation d’une gamme de vitesses d’approche (0 à 2 km/h) en basculant le levier sur la gauche.

Un deuxième joystick pour l’hydraulique et le chargeur
Les tracteurs Claas Arion 400 sont dotés d'un joystick hydraulique accueillant également les commandes du relevage, de la transmission et des mémoires (régime moteur et rapport de manœuvre). Crédit : Claas

Un deuxième joystick pour l’hydraulique et le chargeur

En plus du joystick multifonction principal, la plupart des accoudoirs accueillent un second levier en croix dédié à la commande de distributeurs hydrauliques, notamment très utile pour le pilotage d’un chargeur frontal. Dotés d’une ergonomie plus ou moins travaillée, ces monoleviers disposent pour certains d’une troisième fonction hydraulique indépendante et proportionnelle, appréciée avec des accessoires montés sur le chargeur frontal. Pour toujours garder la main gauche sur le volant à la manutention, ils sont de plus en plus souvent équipés d’une commande d’inverseur, voire de changement de vitesses. Certains disposent même de boutons configurables. Le récent modèle 3L de la cabine FendtOne peut, par exemple, se voir attribuer jusqu’à 27 fonctions Isobus, utiles notamment pour piloter un pulvérisateur. Cas particulier, le Claas Arion 400 utilise son joystick hydraulique comme seul levier multifonction regroupant les commandes du relevage, de la transmission et des mémoires (régime moteur et rapport de manœuvre).