GREEN DEAL
Le secteur viticole vent debout contre la Commission

Une étude d’impact supplémentaire sur la réduction de l’usage des pesticides fait état d’une chute de 28 % des rendements viticoles en France. Mais pour la Commission, l’importance du secteur est limitée au regard de la sécurité alimentaire. 

Le secteur viticole vent debout contre la Commission
La réduction de l’usage des pesticides du fait de l'application du Green Deal entraînerait une chute de 28 % des rendements viticoles en France. ©Istock

L’étude d’impact complémentaire que vient de publier la Commission européenne sur les conséquences du règlement relatif à la réduction des pesticides en Europe (SUR) a suscité de vives réactions du secteur de la viticulture. En cause, les perspectives de baisses très significatives de rendements dans la production de raisin en Europe du fait de l’application du « Green Deal », mais aussi et surtout la façon très désinvolte dont les auteurs relativisent cette évolution. Dans ce document qui répond à une demande exprimée par le Conseil européen en décembre 2022, la Commission européenne ne fournit pas d’extrapolations issues de nouveaux travaux de recherche mais reprend, notamment, les projections de l’Institut d’étude économique de Wageningen aux Pays-Bas. Celles-ci estiment que la réduction de l’usage des pesticides dans la vigne aboutirait à une baisse de rendement de 28 % en France, le pays producteur qui serait le plus lourdement impacté en Europe, devant l’Italie (- 20 %) et l’Espagne (- 18 %). Le même institut fait état de conséquences potentiellement lourdes sur les rendements de la tomate en Italie et en Espagne (- 20 %, la France n’est pas évaluée) ou encore du houblon en Allemagne (- 20 %). En revanche, le blé (- 5 %), la betterave (- 3 %) ou le maïs (0 %) cultivés en France seraient beaucoup moins impactés.

Les viticulteurs choqués 

Au-delà des chiffres, c’est l’analyse de la Commission européenne qui a le plus choqué les viticulteurs. « Dans ces études, les impacts les plus importants sur les rendements sont constatés dans les cultures qui ont une importance limitée pour la sécurité alimentaire humaine et animale, telles que le raisin, le houblon et les tomates », écrivent notamment les auteurs. Cette observation a suscité l’incompréhension de l’Association des régions européennes viticoles (Arev), composée d’élus des régions de production et de représentants des organisations professionnelles, qui juge la déclaration « déroutante ». « Selon la Commission, en cas de perte de revenus, les agriculteurs pourront couvrir les coûts avec les aides de la Pac, note l’association. Ces déclarations sont très irrespectueuses pour le secteur agricole ». De son côté, Jérôme Despey, premier vice-président de la FNSEA et président du conseil viticole de FranceAgriMer juge « la remise en cause de la viticulture » par la Commission « inacceptable ». « Le vin est un produit économique et culturel majeur pour l’Europe, défendons-le », insiste-t-il.

Actuagri

RÉACTION

Colère unanime du secteur en Europe

L’étude d’impact de la Commission européenne a suscité la colère des organismes représentatifs du secteur vitivinicole européen. Dans un communiqué commun, les organisations françaises (Cnaoc, Vignerons coopérateurs, VinIGP, Vignerons indépendants et la FNSEA), et leurs homologues espagnols et italiens affirment que la viticulture est bien « essentielle en Europe ». « Ce secteur à forte valeur ajoutée est vital pour de nombreuses régions rurales européennes, génère des millions d'emplois et contribue de manière significative à la balance commerciale de l'UE », rappellent-elles. « Il est incompréhensible que la Commission européenne suppose et prévoit la pénalisation d'un secteur entier d'une grande importance pour l'économie européenne », poursuivent les organisations qui appellent de concert « les États membres et les députés européens à prendre une position claire sur cette question ». Le secteur demande « un soutien pour poursuivre les actions de transition écologique avec des réglementations réalistes et un calendrier opérationnel, qui permet la mise en œuvre de solutions alternatives efficaces existantes et à venir. »