CRISE
76 millions € supplémentaires pour le secteur viticole

Mylène Coste
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CRISE / Le 5 août, le Premier ministre, Jean Castex, et le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, sont « allés à la rencontre et à l’écoute du secteur agricole », en particulier de la viticulture. Le gouvernement va octroyer 76 millions d’euros supplémentaires au secteur viticole. Mais tout n’est pas réglé.

76 millions € supplémentaires pour le secteur viticole
Le ministre a annoncé + 600 000 hl pour la distillation de crise

Depuis sa nomination le 4 juillet, c’est la toute première fois que le Premier ministre, Jean Castex, se rendait dans une exploitation agricole, en l’occurrence chez un viticulteur du Cher. Accompagné par le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, il a visité une exploitation de vin biologique de Menetou-Salon avant de se rendre à la maison des vins de Sancerre pour y rencontrer les professionnels locaux, notamment la FNSEA 18 et Jeunes agriculteurs. Jean Castex a indiqué que l’État allait « accroître son effort de solidarité à destination des viticulteurs […] Nous allons porter le plan d’aides à 250 millions d’euros (246 M€ en réalité ndlr) ». Le gouvernement fera en sorte que ces aides « soient distribuées le plus rapidement possible car les besoins en trésorerie sont forts », a souligné le chef du gouvernement en s’appuyant sur les échanges de la matinée.


Distillation : + 600 000 hl

En comparaison du premier train de mesures qui avait été annoncé en mai dernier par le gouvernement d’Édouard Philippe et qui prévoyait une enveloppe de 170 M€, ce sont donc 76 M€ supplémentaires que l’État met sur la table. Il a également annoncé un complément pour la distillation de 600 000 hl qui s’ajoutent aux 2 millions d’hectolitres déjà prévus. « Cette distillation supplémentaire va permettre d’éliminer les surstocks et donc de mieux gérer le marché », a précisé Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA et viticulteur dans l’Hérault, à la veille des vendanges. Le stockage privé voit son enveloppe plus que doubler. Aux 15 M€ initiaux, le ministre de l’Agriculture ajoute 20 M€ supplémentaires. « Ainsi, les viticulteurs pourront stocker le vin en cave pendant 6, 9 ou 12 mois pour éviter de perdre des parts de marché », a ajouté Jérôme Despey. L’indemnisation totale de 35 M€ permettra de financer ce stockage à hauteur de quatre centimes d’euros/hl/mois. Dans un communiqué le 13 août, la Commission européenne a approuvé l’aide supplémentaire française pour la distillation.

Le secrétaire général de la FNSEA regrette toutefois qu’une partie des crédits annoncés soient pris sur l’organisation commune de marché (OCM) vitivinicole, autrement dit le budget européen : « Sur ces 246 M€, 119 viennent du national et les 127 M€ restant proviennent de l’OCM. Or, nous ne souhaitons pas qu’une crise conjoncturelle soit financée par des fonds structurels », a-t-il dit précisant que le dispositif européen est avant tout destiné à « investir, à chercher de la compétitivité, à élaborer des campagnes de promotion à l’étranger ».


Taxe Trump

Jérôme Despey regrette également « de ne pas avoir eu de réponse sur l’exonération de charges patronales, en particulier sur le seuil de 80 % de chiffre d’affaires sur la période mars, avril et mai, trop pénalisante pour le secteur viticole et bien d’autres productions. Il faut revoir le curseur à la baisse et surtout que le gouvernement ne ferme pas la porte », a-t-il dit en insistant sur la poursuite des négociations pour « parvenir à 100 % d’exonération de charges sur cette période ». Il explique cette demande par le fait que, dans le milieu agricole, les exploitants ont conservé leurs salariés et n’ont pas eu recours au chômage partiel comme d’autres catégories socioprofessionnelles qui, en plus, ont obtenu 100 % d’exonération de charges patronales pour fermeture administrative. Soulagée d’avoir été écoutée sur le dispositif TODE (lire encadré), la FNSEA l’est tout autant concernant le plan de relance qui inclura bien l’agriculture dans son dispositif. C’est une confirmation.

D’autres sujets ont été abordés avec le ministre de l’Agriculture : sécheresse, ressource en eau et retenues collinaires mais aussi zones intermédiaires avec la disparition des indemnités compensatrices de handicap naturel (ICHN). Ces dossiers devraient faire l’objet d’un rendez-vous qui devrait être programmé dans les prochaines semaines. Il y sera également évoqué les compensations de la taxe Trump. « Le dossier n’est pas clos. Le secteur viticole est victime d’un préjudice sur un conflit qui ne lui appartient pas. En attendant, cela nous coûte cher », a conclu Jérôme Despey.

 

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