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Fin Gras du Mézenc, toute une filière impliquée

L'association des éleveurs de l'AOP a tenu son assemblée générale à Saint Front (Haute-Loire) ce lundi 17 octobre, dans une salle pleine.

Fin Gras du Mézenc, toute une filière impliquée
En 2022, 80 % des animaux de l'AOP Fin Gras ont été vendus à un prix supérieur ou égal à 5,80 €

La dynamique autour de l'appellation Fin Gras du Mézenc se poursuit avec une saison 2022 qui « se termine sur une note positive » selon le président de l'association des éleveurs Bernard Bonnefoy. Lors de l'assemblée générale de l'association, le 17 octobre à Saint Front, commune qui a accueilli la fête annuelle début juin, les nombreux participants ont pu mesurer tout le travail mené par les différents acteurs de la filière.

1 250 animaux commercialisés

1 250 animaux ont été vendus sous appellation cette année, soit une augmentation de 13 bêtes par rapport à l'année 2021. 131  exploitations adhèrent à l'association, même si sur 2021-2022, 99 seulement avaient des animaux en production. Le nombre d'animaux par exploitation est toujours de l'ordre de 13. On note l'entrée de 5 nouvelles exploitations dans l'AOP. Côté commercialisation, 142 bouchers sont engagés dans la filière dont 9 nouveaux, ainsi que 43 restaurateurs (4 nouveaux).
La qualité des animaux Fin Gras est toujours au sommet avec un profil moyen, lors de sa notation en vif, affichant un F en développement musculaire pour 76% des animaux, un G pour l'état d'engraissement pour 55% des animaux et F en présentation générale pour 80% des bêtes, selon la grille interne FGM. Quant à la classification Europ, les animaux Fin Gras en 2022 sont classés en R pour 81% d'entre eux et en U pour 9% pour la conformation, et affichent la note 3 pour l'état d'engraissement.


6,12 €/kg de carcasse

6,12 € par kilo de carcasse, c'est le prix moyen des animaux Fin Gras du Mézenc vendus en 2022, contre 5,94 € en 2021, 5,85 € en 2020. Notons que 80% des animaux ont été vendus à un prix supérieur ou égal à 5,80 € ce qui démontre une forte homogénéité des prix. Le poids à l'abattage est sensiblement pareil à 2021, avec 365,3 kg en moyenne.
Outre le suivi de la production, l'équipe de l'association Fin Gras du Mézenc s'investit fortement dans la promotion et la communication de cette AOP. Et l'objectif de l'année a été pour Alison Salat, Solène Tsitos et Angéline Prat (qui vient d'arriver) « d'augmenter la présence sur les réseaux sociaux, de créer une communauté engagée autour du Fin Gras et de développer les supports de communication ».

Promouvoir toujours

La Fête annuelle, qui s'est déroulée les 4 et 5 juin à Chaudeyrolles et Saint Front, a remporté un grand succès. 250 bénévoles ont été mobilisés, 1700 repas servis, 42 producteurs et artisans exposants au marché, 3 bouchers au pôle viande, 50 intervenants artistiques, 35 sponsors et un public très, très nombreux. Rendez-vous en Ardèche au Lac d'Issarlès en 2023. Autre grand moment qui a marqué cette édition 2022, c'est la journée de lancement avec exposition-vente d'animaux au Monastier-sur-Gazeille en tout début de saison, qui a réuni quelque 300 personnes. Cette initiative sera reconduite en 2023. Soulignons aussi les multiples rendez-vous proposés par la Maison du fin Gras à Chaudeyrolles.
Le Fin Gras du Mézenc sort aussi de son territoire à travers les nombreux articles de presse locaux, régionaux, et même nationaux. La télévision s'est également intéressée à plusieurs reprises à cette viande d'exception lors de reportages sur France3, France2 et TF1, sans oublier le reportage payant dans l'émission "Petits plats en équilibre" de Laurent Mariotte sur les chaines de TF1 avec 15 diffusions et 3 millions de vues chacune.
En conclusion des travaux de l'assemblée générale, le président Bonnefoy a précisé que « l'AOP souhaite poursuivre son travail en valorisant les échanges entre les acteurs de la filière, car elle est, pour un territoire, bien plus qu'une plus-value financière, elle est aussi une locomotive humaine et sociale » et de mettre en exemple la popularité de la Fête annuelle du Fin Gras début juin, qui rassemble chaque année un public nombreux autour d'acteurs de la filière passionnés et fiers de leur AOP.

Suzanne Marion

« Sauvegarder, mettre en valeur, partager…»
André Valadier ancien président de l’Inao, fer de lance de l’AOP Laguiole, aux côtés de Bernard Bonnefoy. ©FGM

« Sauvegarder, mettre en valeur, partager…»

L'aveyronais André Valadier, ancien président de l'Inao, fer de lance de l'AOP Laguiole et homme engagé dans l'Aubrac, est intervenu pour témoigner de l'importance d'une AOP sur un territoire.

« La notoriété d'un terroir est toujours issue de la notoriété d'un produit, d'une race, d'un savoir-faire et donc du travail des hommes et des femmes de ce territoire », a-t-il affirmé.
À travers l'exemple de l'AOP Laguiole, un fromage notamment connu avec l'aligot, cet ancien éleveur raconte les étapes qui ont conduit à l'AOP, avec les échecs, les doutes, les erreurs et les réussites. C'est toute une aventure qu'il décrit, avec pour ligne de conduite, de « sauvegarder, mettre en valeur, et partager ». Au départ, une race, l'Aubrac élevée pour la traction et le lait transformé en fromage pour être conservé. Puis dans les années 50, c'est l'exode rural et, les estives désertées, l'Aubrac est vouée à disparaître. Mais une poignée d'éleveurs fédérés par André Valadier, créent un outil de travail collectif et solidaire : la coopérative fromagère Jeune montagne. C'est le début de l'aventure vers l'AOP Laguiole : « on aurait voulu une Appellation Aubrac, mais ce n'était pas possible ». Les exploitations se sont modernisées, avec une orientation de la race Aubrac vers la viande, ce qui a conduit à l'introduction de la Simmenthal pour la production laitière, tout en gardant 10% d'Aubracs dans la filière. 
« Aujourd'hui, l'Aubrac est ce qu'il est parce qu'on est rentré dans cette démarche AOP, comme vous. Mais rien n'est jamais gagné » souligne André Valadier, rappelant que le consommateur attend des garanties.
Et pour terminer son propos, André Valadier a repris la maxime, devenue celle du parc naturel des Monts d'Aubrac, « La tradition sans modernité est stérile mais la modernité sans tradition peut être aveugle », un message pour inciter les agriculteurs à continuer à développer leur AOP, fleuron d'un territoire, et symbole d'une marche en avant pour toute une économie. 

S.M.

Comme pour toutes les AG du Fin Gras du Mézenc, la salle est pleine. crédit photo Haute Loire Paysanne.
Comme pour toutes les AG du Fin Gras du Mézenc, la salle est pleine. crédit photo Haute Loire Paysanne.