CAP PROTÉINES
La souveraineté protéique, une perspective à long terme

La table-ronde du 1er juin dernier au Salon de l’herbe a rappelé que la culture de l’herbe et des fourrages est une piste indispensable pour être moins dépendant en protéines végétales d’importation. 

La souveraineté protéique, une perspective à long terme
Au Salon de l’herbe, les experts agricoles ont débattu pendant près de deux heures sur les combinaisons de voies qui peuvent mener à la souveraineté protéique de la France. Crédit photo D. Hardy

Vers une souveraineté protéique de la France : utopie ou réalité ? Le débat du 1er juin dernier au Salon de l’herbe et des fourrages interrogeait sur la faisabilité du plan protéines à court ou moyen terme. En introduction du débat, l’agroéconomiste Jean-Marie Séronie rappelle comment la géopolitique incite à se préoccuper de la souveraineté protéique. Des difficultés d’approvisionnements en tourteaux de tournesol sont ainsi actuellement liées à la guerre en Ukraine. La crise covid avait quant à elle montré notre sensibilité au marché et à la livraison du tourteau de soja sud-américain.

« La France est souveraine à 50 % pour les matières riches en protéines, c’est-à-dire les graines avec plus de 15 % de protéines, détaille Laurent Rosso, directeur général de Terres Univia, l’interprofession des oléoprotéagineux. Grâce au colza et au biocarburant, on fait mieux que la moyenne européenne à 36 %. » Cependant, la dépendance en protéines végétales reste forte et les potentialités sont encore limitées. « Chaque culture à ses préoccupations, décrit le par ailleurs directeur de Terres Inovia, l’institut technique dédié aux oléagineux et protéagineux. Les dernières variétés de féverole datent de plus de dix ans et les possibilités françaises en soja sont limitées. On peut y espérer en cultiver jusqu’à 400 000 hectares en poussant les murs. » Loin très loin derrière le Brésil, les États-Unis ou l’Argentine. D’autant que « l’Europe devient un marché de niche puisque le non OGM ne représente que 9 % des cultures de soja dans le monde », regrette Jean-Pierre Fleury, ancien président de la Fédération nationale bovine.

Des besoins d’accompagnements techniques

Deux ans de Plan protéines ne semblent pas suffisants pour inverser la tendance. « Le Plan protéines doit être décennal car c’est un changement complet qui est attendu dans l’agroalimentaire, dans les cultures ou dans les élevages », appelle Laurent Rosso. Pour faire baisser la pression sur les matières riches en protéines, l’élevage herbivore peut être une solution en valorisant davantage l’herbe et les fourrages. L’herbe et les légumineuses pourraient ainsi être davantage exploitées à condition qu’éleveurs et conseillers soient bien accompagnés, formés et informés. En conclusion du débat et pour montrer qu’il est possible de tendre vers davantage d’autonomie, Dominique Viallard, éleveur laitier bio du Puy-de-Dôme, a présenté son exploitation où l’herbe est une culture et à part entière, choyée du semis à la distribution pour ses richesses et valeurs alimentaires.

Damien Hardy, Institut de l’élevage

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