Alors que le mouvement de contestation agricole touche plus de 85 départements français, la FNSEA et JA ont fait part, le 24 janvier, au Gouvernement d’une plateforme de 100 propositions pour sortir de la crise. Le Premier ministre, Gabriel Attal, a réuni le lendemain, les principaux ministres pour dégager des mesures concrètes qui devraient être dévoilées rapidement.
« Dignité », « Juste rémunération » et « Rétablissement de conditions d’exercice du métier acceptables ». Tels sont les trois principaux messages que les deux syndicats majoritaires, FNSEA et JA, ont fait passer à l’exécutif mercredi 24 janvier dans un document qui ne recense pas moins de 100 propositions (télécharger le document de synthèse). « Tous les indicateurs de souveraineté alimentaire montrent que nous décrochons, des décisions de relance de la production sont impératives ! », insistent les deux syndicats agricoles. Parmi les urgences, ils pointent « des réponses immédiates à apporter sur la rémunération », avec « un respect absolu des lois Egalim » via des contrôles renforcés sur tout le territoire ; la garantie de la compensation intégrale pour tous sur le gasoil non routier (GNR) ; le paiement immédiat de toutes les aides PAC « quelles que soient les raisons du non-paiement »,ainsi que « le paiement dans les plus brefs délais de l’ensemble des indemnisations sanitaires et climatiques (MHE, tuberculose, grippe aviaire, inondations, etc.) dues par l’État » et leur défiscalisation. Le document qui veut faire de l’élevage une cause nationale, demande aussi à l’État de soutenir les secteurs actuellement en difficultés comme la viticulture et l’agriculture biologique. Pour ce dernier secteur, il semble que les 60 millions d’euros dégagés par le ministère de l’Agriculture au printemps 2023 n’aient pas suffi.
Condition sine qua non
Les deux syndicats appellent aussi l’exécutif au « intégral et immédiat de toutes les surtranspositions ». Cela concerne en particulier « le retrait de l’arrêté plan eau de juin 2021 », le refus du zonage « Zones humides » du ministère de la Transition écologique, le rejet en bloc des zones de non-traitement et naturellement, l’accélération des projets de stockage d’eau. Portés par les revendications de leur base, les deux syndicats demandent aussi de « sortir des incohérences du Green Deal et de la planification écologique ». Ce qui permettait de cultiver les 4 % de jachères, de sortir les volailles et les porcs de la directive européenne « Émissions industrielles » (IED). La FNSEA et JA ciblent aussi l’Office français de la biodiversité (OFB), accusé de porter l’effort sur la verbalisation des agriculteurs plutôt que de développer leurs autres missions : connaissance et expertise des espèces, appui aux politiques publiques et gestion des espaces protégés. Il faut « Placer l’action de l’OFB sous l’autorité des préfets, désarmer les agents de l’OFB et inscrire leurs interventions sous le signe de la pédagogie », insiste le document. Également dans leur collimateur : l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES), trop indépendante aux yeux des agriculteurs. « Il faut la placer sous l’autorité politique », plaident-ils. Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau et celui de JA, Arnaud Gaillot se sont rendus le 25 janvier dans l’Yonne pour soutenir leurs adhérents sur le terrain. L’occasion pour eux de marteler ces messages en attendant de connaître les décisions gouvernementales. Les deux responsables syndicaux ont d’ailleurs prévenu le Gouvernement : « Cette centaine de proposition n’est pas une base de négociation ». La reprise « intégrale » de celles-ci est une condition sine qua non pour aboutir à une sortie de crise.
Christophe Soulard