PARTENARIAT
Du désherbage mécanique du maïs pour préserver la qualité de l’eau potable

Pauline De Deus
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Porté par Grand Bourg Agglomération, un essai portant sur le désherbage mécanique du maïs, avec le soutien technique de la Cuma, vise à accompagner les agriculteurs dans l’évolution de leurs pratiques. Enjeux : la préservation de l’eau et l’efficience agronomique.

Du désherbage mécanique du maïs pour préserver la qualité de l’eau potable
Les essais sur le désherbage mécanique du maïs ont été réalisés avec des matériels de Cuma partenaires. ©PF_AA

Sur le secteur du bassin d'alimentation et des captages de Lent, un essai sur maïs avec et sans produits phytosanitaires est en cours de réalisation et de suivi. La restitution des premiers résultats a eu lieu, en présence de Jonathan Gindre, vice-président de Grand Bourg Agglomération, délégué à l’eau et à l’énergie. « Pour limiter des risques de pollution des eaux destinées à la consommation humaine, et à l’initiative d’un agriculteur du secteur (Gaec Holstein-Gabet), Grand Bourg Agglomération et ses partenaires techniques (la FDCuma, AlterAgro Conseil et la chambre d’agriculture) ont souhaité mettre en place un essai sur le désherbage mécanique des maïs », a indiqué Émilie Chaumont, chargée de mission Eau, agriculture et territoires à Grand Bourg Agglomération. L’objectif est de déterminer les itinéraires techniques possibles (en tenant compte des contraintes parcellaires), les matériels à mobiliser, les principales règles de décisions et l’importance du suivi très régulier de la parcelle dans ce type de pratiques, le coût des différents itinéraires techniques mis en place, et le temps de travail associé à chaque itinéraire. Ces essais permettent de se projeter et d’envisager quelles pourraient être les conditions à réunir pour mettre en œuvre des solutions alternatives au désherbage chimique du maïs sur une zone sensible telle qu’une aire d’alimentation de captage en eau potable. « Les deux parcelles d'essai appartiennent au Gaec Holstein Gabet et sont suivies par Frédéric Martin, également président de la Cuma de Servas-Lent. Nous avons pu bénéficier de différents matériels appartenant à des Cuma (semoir à maïs 8 rangs de la Cuma de Dompierre-sur-Veyle), écrouteuse 3 mètres de la Cuma de Condeissiat, conduite des matériels assurés par les tracteurs et chauffeurs de la Cuma de Servas-Lent et binage assuré par Étienne Fauvet avec son tracteur et sa bineuse Monosem 6 rangs autoguidée par caméra », précise Nicolas Boinon, directeur de la FDCuma de l’Ain.

Des résultats significatifs

La préparation et le suivi de l’essai se sont déroulés de début avril jusqu’à fin juin. À partir du semis, au 11 mai, un suivi très régulier, quotidien les premières semaines puis plus espacé, a permis de déterminer l’outil, le moment opportun pour l’utiliser en tenant compte à la fois de l’humidité du sol, du stade des mauvaises herbes et du stade du maïs. Selon Émilie Chaumont, « l’itinéraire prévisionnel devait allier des passages de herse étrille à l’aveugle, c’est-à-dire lorsque les mauvaises herbes ne sont pas encore visibles en surface mais qu’elles forment déjà un filament blanc dans le sol, et de bineuse. Les conditions météorologiques n’ont pas été réunies et il a donc fallu modifier la stratégie initiale et trouver un autre outil disponible à proximité du lieu de l’essai : une houe rotative de 3 mètres a été prêtée par la Cuma de Condeissiat et ses passages effectués par la Cuma de Servas – Lent. L’itinéraire s’est alors transformé en une combinaison de passages de houe rotative et de bineuse (bineuse 6 rangs avec guidage caméra). La houe a été très bénéfique puisqu’elle a permis d’écroûter et d’aérer le sol sans oublier une efficacité significative sur les levées de mauvaises herbes. Les passages de bineuse ont été très efficaces sur les adventices présentes entre les rangs de maïs. Au final, trois à quatre itinéraires ont été testés. On retient qu’ils ont tous eu une efficacité suffisante sur les mauvaises herbes. La parcelle était assez propre lors du dernier comptage le 30 juin. Certains passages d’outils ont en revanche eu plus d’impact sur les pieds de maïs. Il faudrait pouvoir aller jusqu’à la récolte pour déterminer si les différents passages auront un impact sur le rendement ». La mise en œuvre et le suivi de l’essai par les partenaires ont été coordonnés et financés par Grand Bourg Agglomération dans le cadre du programme d’actions agricoles mises en œuvre sur l’aire d’alimentation des captages de Péronnas-Lent. Jonathan Gindre a fait part de sa satisfaction quant aux premiers résultats obtenus : « Il est intéressant de voir comment travailler ensemble et trouver des pistes pour préserver la qualité de l’eau. Avec cet essai, et l’évolution des pratiques, il s’agit d’avoir une action de fond et montrer que l’on sait travailler ensemble en local. »

Patricia Flochon

 

Présentation de l’étude économique par Franck Loriot, spécialiste machinisme. ©PF_AA