Lait
A chaque laiterie sa stratégie. Laiterie Gérentes

Lait / Plusieurs entreprises se partagent aujourd'hui la collecte, la transformation et la commercialisation du lait ardéchois. Qui sont-elles ? Quelles sont leurs stratégies pour se démarquer sur un marché fortement concurrentiel ? Début de notre série spéciale laiteries avec Didier Gérentes, dirigeant de la laiterie familiale Gérentes (Araules / Coucouron ), 3e génération.

Didier Gérentes, dirigeant de la laiterie familiale Gérentes
Didier Gérentes

Quel éventail de produits propose aujourd'hui l'entreprise Gérentes ?

Didier Gérentes : « Nous proposons une large gamme de produits laitiers issus de lait de vaches, chèvres et brebis : beurre, crème, fromages, lait UHT, produit frais (yaourts..), etc. Hormis les desserts lactés, il y a peu de choses que nous ne fassions pas. En Ardèche, la collecte se limite au lait de vache.

Quant à la Fromagerie de plateau ardéchois de Coucouron, que nous avons rachetée en 1997, elle est spécialisée dans la fabrication et l’affinage des fromages à pâte pressée et de spécialités telles que les tommes de montagne ou la fameuse raclette Gérentes. »

Quels sont aujourd'hui vos principaux débouchés ?

D.G. : « Nous avons aujourd'hui un réseau de magasins de vente directe qui représente près de 25 % du chiffre d'affaires, en partenariat notamment avec l'enseigne « Provenc'halles », à Privas par exemple. Nous vendons également nos produits dans des fromageries, épiceries fines ou encore grandes et moyennes surfaces (GMS) au niveau régional. Avec la GMS, nous traitons soit en direct, soit via leurs centrales d'achat. »

En matière de prix, quelle marge de manœuvre avez-vous auprès de vos clients ?

D.G. : « Dans les points de vente en direct, c'est beaucoup plus facile de fixer nos prix et de valoriser nos produits. C'est en revanche plus compliqué avec la GMS : les négociations sont parfois très difficiles avec certaines enseignes qui ont souvent le dernier mot. C'est pourquoi nous essayons d'écouler le plus possible nos produits en magasins de vente en direct ; nous en avons actuellement 24 sur le territoire régional.

Avec les producteurs, réunis en organisation de producteurs (OP) multilait pour le conventionnel, nous avons une négociation annuelle. Nous parvenons globalement à maintenir des prix corrects, supérieurs à ceux des grandes entreprises du secteur et plutôt satisfaisants. Nous avons ainsi pu augmenter les prix en octobre dernier, avec un prix de base (38-32) à 355 € / 1000 l de lait de vache. »

 La gamme de Gérentes est diversifiée

Malgré tout, un certain nombre de fermes laitières cessent leur activité :

D.G. : « Il est vrai que les volumes de collectes pourraient avoir tendance à baisser, mais nous sommes parvenus à les maintenir en reprenant d'anciens producteurs de Danonce pour 2,5 M l de lait supplémentaires en 2018, et également en septembre 2019. Certains retraités ne sont pas remplacés, d'autres choisissent effectivement de s'orienter vers l'élevage allaitant... Pour moi,  c'est d'ailleurs une erreur car il y a aujourd'hui et il y aura l'avenir une meilleure valorisation en lait qu'en viande. »

Quels sont selon vous les atouts de Gérentes ?

D.G. : « Nous ne sommes pas situés sur des zones AOP, toutefois nous misons beaucoup sur l'image de marque de notre terroir et de notre lait de montagne de qualité. Nos locaux, mais aussi les fermes dans lesquelles nous collectons le lait, sont situés à plus de 1000 mètres d'altitude, entre les Monts Yssingelais et les Monts d'Ardèche.

Par ailleurs, nous ne cherchons pas à vendre dans toute la France. Nous visons essentiellement la région et le quart Sud-Est de la France, où parler d'Ardèche ou de Haute-Loire signifient quelque chose dans l'imaginaire collectif. À Lyon, Saint-Étienne, Clermont-Ferrand et même dans le Sud, il y a beaucoup de gens issus de familles ardéchoises ou de Haute-Loire... Nos produits et leurs identifications au territoire et à la montagne sont pour eux évocateurs, c'est donc cette clientèle là que nous cherchons à toucher. »

Côté gamme de produits, comment créer de la valeur ajoutée ?

D.G. : « Nous avons développé une gamme de produits bio, dont les produits sont vendus sous d'autres marques. Nous avons ainsi lancé une collecte de lait de vache bio en Ardèche et en Haute-Loire qui représente aujourd'hui près de 2,5 M l de lait.

Notre force se situe aussi dans notre large gamme de produits : le lait se valorise assez peu, c'est pourquoi nous tâchons de développer au maximum les fromages et produits frais. » 

 

Propos recueillis par Mylène Coste

Laiterie Carrier

Fromagerie du Vivarais (Bellevaire)

Laiterie Rissoan

Création en 1947 à Araules, puis rachat en 1997 de la Fromagerie du plateau ardéchois à Coucouron.

180 producteurs dont une trentaine en Ardèche, pour un volume de:

            32 millions de litres (M l) de lait de vache ;

            2 Ml de lait de chèvre ;

            1 Ml de lait de brebis ;

130 salariés

44 millions d'euros de chiffre d'affaires (2019)

3 collectes de lait de vache sur les secteurs de Coucouron / Saint-André-enVivarais – Saint-Bonnet-le-Froid / Saint-Clément.

1 collecte lait de chèvre et brebis en Haute-Loire.