Fruits : Les expérimentations de la Sefra à Etoile

FRUITS / Tour d’horizon des essais conduits à Etoile-sur-Rhône par la Sefra, station régionale d’expérimentation créée en 1990 pour acquérir et diffuser des références technico-économiques en arboriculture.

Fruits : Les expérimentations de la Sefra à Etoile
Essai des modes de conduite d’abricotiers sous filets paragrêle, à la Sefra à Étoile-sur-Rhône

Matériel végétal

« L’évaluation du matériel végétal constitue une grande partie du programme de la Sefra », souligne son responsable scientifique, Baptiste Labeyrie (ingénieur CTIFL1). Cette année encore, la station évalue un nombre important de nouvelles variétés et de nouveaux porte-greffes en abricot, pêche et cerise sur son site central, à Etoile-sur-Rhône. L’adaptation aux conditions pédoclimatiques de la région et les performances technico-économiques de ces nouvelles variétés sont étudiées. En plus, de nouvelles variétés d’abricot et de pêche conduites en agriculture biologique sont également suivies. Pour ces deux espèces, en outre, est observée leur sensibilité aux bioagresseurs (comme la cloque, les monilioses...).

Problèmes sanitaires

La lutte contre les principaux problèmes sanitaires au verger est un autre axe de travail de la Sefra. Par exemple, la bactériose de l’abricotier fait l’objet d’un programme d’expérimentation depuis plusieurs années consistant à tester des variétés et des porte-greffes potentiellement tolérants. Par ailleurs, pour lutter contre Drosophila suzukii sur cerisiers, l’application d’argile est testée depuis plusieurs années aussi. En pêchers, des hybrides potentiellement résistants au Xanthomonas sont suivis, en collaboration avec l’Inrae2 d’Avignon.

La station travaille également en collaboration avec les firmes phytosanitaires pour évaluer de nouveaux produits, dont une grande partie sont des produits de biocontrôle, sur différentes problématiques : la cloque du pêcher, les monilioses sur fleurs et fruits, la confusion sexuelle contre la tordeuse orientale du pêcher…

Conduite des vergers

A la Sefra, sont par ailleurs développés différents programmes sur la conduite des vergers, tels que l’évaluation des performances technico-économiques de différentes formes fruitières palissées ou en gobelet en abricotiers sous filets paragrêle. Un autre essai en cours, en verger d’abricotiers, porte sur la replantation après arrachage et broyage des anciens arbres. Il consiste à évaluer la fertilité des parcelles et à vérifier la bonne reprise de la nouvelle plantation. En outre, en abricotiers et pêchers, des essais de comparaison de systèmes de culture en conventionnel, bio et faibles intrants sont suivis dans le cadre des programmes Dephy Ecophyto.

Futurs projets agriphotovoltaïques

Un projet agriphotovoltaïque en abricotiers et pêchers est en cours de montage sur le site d’Etoile. Un premier dispositif devrait être mis en place pendant l’hiver 2020-2021 sur un verger d’abricotiers déjà en production. « Il devrait permettre à la station d’acquérir des premières références rapidement », commente Baptiste Labeyrie. Ensuite, un deuxième dispositif de plus grande ampleur devrait être construit à partir de 2021, pour un début d’expérimentation en 2022. Ce dernier est prévu sur trois hectares avec panneaux photovoltaïques, plus un hectare de zone témoin non couverte par les panneaux. Plusieurs variétés et modes de conduite (classique en gobelet, palissé) avec différents modes de pilotage des panneaux seront testés, le tout placé sous filets paragrêle. « Le but est de voir comment se comportent les vergers sous ces panneaux photovoltaïques, comment peuvent s’accorder ces dispositifs avec les besoins en lumière et en ombrage des arbres, explique Baptiste Labeyrie. Un suivi agronomique et technico-économique sera assuré afin de vérifier la performance globale de ces systèmes. »

De nouveaux vergers en agroforesterie

D’autres projets sont en cours de préparation, cette fois-ci sur la plateforme des techniques alternatives et biologiques (Tab) pour étudier des systèmes en agroforesterie fruitière, en plus de celui déjà en place associant des pêchers à des grandes cultures. « Tout n’est pas encore arrêté pour ces nouveaux vergers, précise Baptiste Labeyrie. Nous souhaitons mettre en place deux nouveaux systèmes, un qui devrait associer des abricotiers et des pistachiers, un autre avec des pêchers et des amandiers. La démarche suivie s’inscrit dans la continuité du verger agroforestier déjà en place sur la plateforme Tab : étudier les performances de ces systèmes innovants qui réduisent l’utilisation d’intrants phytosanitaires, en regardant en particulier leurs capacités à restaurer et favoriser la biodiversité. L’enjeu est aussi de voir si ces systèmes permettent des économies d’eau. »

Annie Laurie

1 CTIFL : centre technique interprofessionnel fruits et légumes.
2 Inrae : institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.