Pour leur projet lauréat de l’appel à projets jeunes (APJ) de la MSA, des élèves du lycée agricole d’Aubenas ont animé, jeudi 16 mai, un parcours d’ateliers centrés sur le harcèlement.
Myriam Djelloul, Noah Koehler, Méryl Bizet et Susana Leynaud, quatre élèves de 1ère en Bac pro Sapat (services aux personnes et aux territoires) au lycée agricole d’Aubenas (EPLEFPA Olivier de Serres), ont animé divers ateliers, jeudi 16 mai, destinés à sensibiliser les élèves de l’établissement aux différents types de harcèlement : moral, sexuel, scolaire, professionnel et cyberharcèlement. Un projet entrepris en juin 2023 et présenté dans le cadre du dispositif d’appel à projets jeunes (APJ) de la MSA Ardèche Drôme Loire, qui vise à accompagner et aider les jeunes de 13 à 22 ans à mettre en place des actions centrées sur le développement des territoires ruraux (voir ci-contre).
Faire bouger les choses
Alors que le harcèlement définit « une violence répétée, verbale, physique et/psychologique », « fondée sur des rapports de domination et d’intimidation », impactant sur les conditions de vie de la victime, il s’exerce dans toutes les sphères de la société. « C’est un thème qui nous touche, ça nous tient à cœur de sensibiliser les plus jeunes élèves, certains ne connaissent pas tous les types de harcèlement », témoigne Myriam Djelloul. « Qui dit harcèlement dit besoin d’appartenance, d’aide, et c’est plutôt sur ce genre de choses que nous nous basons en Sapat », ajoute Noa Koehler. Leur formation les sensibilise en effet à cette thématique, ainsi qu’à la laïcité, l’égalité entre les hommes et les femmes, les agressions sexuelles, confirme Nathalie Martin, leur professeur d’éducation socioculturelle, qui les accompagne dans leur projet.
Le centre d’information des droits de la femme et de la famille (CIDFF) Ardèche a été un intervenant incontournable pour ces élèves qui cherchaient à mieux comprendre les mécanismes du harcèlement, quel qu’il soit. Dans le cadre du dispositif de l’APJ, « l’articulation soumise par la MSA était de faire bouger les choses sur des établissements », souligne leur professeur, d’où l’idée de mettre en place un parcours d’ateliers « interactifs et participatifs » au sein de leur lycée : affiches, quizz, memory, jeu de pistes, jeu de l’oie géant, projection d’une série télévisée centrée sur la thématique du harcèlement scolaire…
« La violence du harcèlement existe partout »
« Le but est d’échanger avec d’autres élèves sur les causes et les conséquences des différents types de harcèlement, le rôle des témoins, les solutions pour qu’il n’y ait pas ce genre de problème, discuter avec eux de ce qu’ils pensent, ressentent », explique Méryl Bizet. « L’idée est d’avoir un apport de connaissances, en particulier sur les mécanismes du harcèlement. Souvent on gère les conséquences en milieu scolaire mais on n’interroge pas les causes : la frustration, le rappel aux normes, aux stéréotypes… », ajoute Nathalie Martin. « On sait aussi que les origines du harcèlement scolaire, par exemple, sont souvent liées à des violences sociétales et intrafamiliales. On stigmatise beaucoup les scolaires comme étant les acteurs de harcèlement avec les réseaux sociaux, ou en tout cas on veut les responsabiliser, mais la violence du harcèlement existe partout et c’est une bonne chose qu’ils puissent prendre la parole, être libre des animations pouvant être faite sur ce sujet. »
Le 24 février dernier durant le Salon international de l’agriculture, le projet de ces élèves a été primé au niveau national par la MSA, en recevant le 2e prix de la catégorie des 13-17 ans. « Une belle récompense », traduit Amandine Pereira, référente jeunesse MSA et responsable de l’APJ en Ardèche, « qui montre que leur projet est pertinent et leur permettra de le développer un peu plus ». Les aides obtenues par la MSA Ardèche Drôme Loire (1 000 €) et l’obtention de ce prix au niveau national (2 300 €) leur ont permis de financer le matériel nécessaire pour réaliser le parcours d’ateliers organisé mi-mai. « Ce n’est qu’un premier exercice. On a encore plein d’autres projets, comme faire appel à des partenaires, la police, des psychologues, pour venir animer des temps d’échanges en classe », ajoute Noa Koehler.
A.L.
Contribuer au développement des territoires ruraux
Amandine Pereira, référente jeunesse MSA et responsable de l’appel à projets jeunes (APJ) depuis une dizaine d’années pour l’Ardèche.
En quoi consiste l’appel à projets jeunes (APJ) ? Quels sont ses objectifs ?
Amandine Pereira : « C’est un appel à projet proposé par la MSA depuis plus de vingt ans dans l’objectif de favoriser l’accès à l’autonomie des jeunes issus du milieu rural, en leur apprenant des compétences sur la conduite de projets, pouvant être transférables dans leur vie future. Il vise à encourager et soutenir leurs initiatives et leur engagement citoyen vis-à-vis de leur environnement, leur contribution à la qualité de vie, la mixité du territoire, au développement du lien social… Les projets doivent être à l’initiative des jeunes, ils ont toujours de super idées pour animer leur territoire. Ce dispositif est souvent méconnu malgré nos campagnes de communication, car les jeunes pensent qu’il n’est ouvert qu’aux allocataires de la MSA alors que ce n’est pas forcément le cas. »
Quel est votre rôle en tant que référent ?
A.P. : « Les accompagner dans leur projet, voir comment ils pourraient le mettre en place, surtout pour les plus jeunes qui remplissent pour la première fois un dossier. Ils sont souvent déjà accompagnés par un adulte référent d'un établissement ou d'une structure. Nous, nous les accompagnons notamment sur le volet budgétaire, savoir comment solliciter les structures pouvant leur apporter un appui financier, car nous demandons qu’il y ait un pluri financement dans le cadre de l’APJ, ou leur ouvrir des horizons en lien avec leur projet. »
Comment avez-vous accompagné les élèves du lycée agricole d’Aubenas ?
A.P. : « Leur projet, bien mené, rentrait tout à fait dans le cadre de notre APJ. Nous avons abordé avec eux le fait de le développer sur le territoire, l’ouvrir à d’autres publics et établissements, à travers des expositions, que cela apporte un intérêt pour le territoire. »