CHRONIQUE PROTEINES
Les méteils grains allient céréales et protéagineux

Cultivés et récoltés ensemble, céréales et protéagineux donnent un aliment riche qui intéresse les éleveurs bios et conventionnels. Vive les mélanges !

Les méteils grains allient céréales et protéagineux
Il est nécessaire d’estimer la valeur alimentaire du méteil car elle peut varier considérablement selon la part de protéagineux récoltés. ©J. Jost/Idele

Le méteil est un mélange de céréales et de protéagineux cultivés ensemble sur une même parcelle. Cultiver conjointement plusieurs espèces permet de bénéficier de synergies. Les légumineuses fournissent (gratuitement !) de l’azote au sol et les céréales jouent le rôle de tuteurs pour les légumineuses. Le méteil est aussi plus résistant face à la sécheresse ou au gel tardif. Grace à la couverture des sols, les adventices s’y développent peu. Le mélange d’espèces réduit aussi les risques de maladies ou d’attaques par les ravageurs. De quoi séduire les producteurs en bio autant que les éleveurs conventionnels qui cherchent de la protéine pas trop chère. D’autant que ces cultures permettent de produire des concentrés protéiques dans les élevages, là où les cultures de protéagineux trouvent mal leur place.

On sait ce que l’on sème, pas ce que l’on récolte…

L’objectif est de récolter un mélange comportant au moins 30 % de protéagineux pour espérer obtenir un aliment à 16 % de protéines. Or, si l’on connaît la proportion de ce que l’on sème, on ne sait pas toujours ce que l’on va récolter. Les mélanges semés incluent diverses céréales (triticale, avoine, épeautre, blé…) et protéagineux (féverole, vesce, pois…). Un mélange de trois à cinq espèces avec triticale et féverole et au moins deux protéagineux semble le bon compromis. Le mélange se sème à la même période que les céréales, généralement en un seul passage entre 3 et 4 cm de profondeur environ. Un roulage de la parcelle après semis améliore la capacité de germination. Ensuite, peu d’interventions sont nécessaires pendant la culture. La récolte reste cependant délicate car les stades de maturité sont différents selon les espèces cultivées et il y a un risque de perdre des graines de tailles différentes lors du battage. Les proportions de céréales et de protéagineux récoltées étant très variables à la récolte, il est primordial d’estimer la valeur de son méteil grain. La valeur peut être obtenue par une analyse de l’aliment en laboratoire ou en l’approchant par comptage de la proportion de chaque graine à multiplier par les valeurs issues des tables Inrae. Si le mélange manque de protéines, on pourra toujours ajouter un complémentaire azoté du commerce, un tourteau d’oléagineux (colza, tournesol), un protéagineux pur (féverole) voire un fourrage récolté riche en légumineuses (luzerne, trèfle). A noter que l’aplatissage ou le broyage grossier des protéagineux permet souvent une meilleure valorisation de l’azote par les ruminants.

Damien Hardy, Institut de l’élevage