RHODA-COOP
« La fin des emballages plastiques va demander de gros investissements »

Mylène Coste
-

RHODA-COOP / Au sortir d’une saison bousculée par la crise sanitaire de la Covid-19, la coopérative fruitière Nord-Ardéchoise et ses 250 coopérateurs doivent faire face à de nouveaux défis. Le point avec Christophe Claude, son directeur.

« La fin des emballages plastiques va demander de gros investissements »
Christophe Claude.

Comment s’est passée la saison commerciale 2020 pour Rhoda-coop ?

Christophe Claude : « Malgré nos craintes, la saison s’est plutôt bien passé. L’engouement des consommateurs pour les produits français s’est ressenti, et les acheteurs ont joué le jeu. C’est davantage au niveau de la production que nous avons connu des difficultés, notamment sur notre production principale, l’abricot, destinée à 50 % à l’export. Nous avons perdu 2/3 de la récolte cette année, à cause du gel de printemps, de la grêle sur certaines parcelles localisées, mais aussi des contre-coups de la grêle de 2019 qui a abimé le végétal. La saison s’est en revanche bien passée pour la pêche, davantage centrée sur le marché français. La concurrence de la pêche espagnole a été moins présente. »

Quels sont aujourd’hui vos principaux circuits de distribution ?

C.C. : « La grande distribution française absorbe plus de 60 % de nos volumes. Mais depuis deux ou trois ans, nous observons un regain d’intérêt chez les grossistes. Ils ont en effet toute leur place dans le mouvement de retour vers une consommation plus locale. Le reste de nos volumes part vers l’export, l’industrie et les marchés de détails. »

À compter du 1er janvier 2022, les emballages plastiques pour fruits et légumes de moins de 1,5 kg seront interdits.  Comment vous y préparez-vous ? 

C.C. : « C’est forcément compliqué. Aujourd’hui, nous emballons près de 800 000 barquettes en réponse aux demandes de nos clients, pour l’abricot et la cerise notamment. 50 % de nos volumes d’abricots sont exportés, principalement vers le marché allemand. Or, la distribution allemande est basée sur la barquette depuis des années. Actuellement, nous sommes équipés de dépileurs de barquettes entièrement automatique. Pour des emballages cartons, il va nous falloir trouver un système mécanisable, ce qui va nécessiter de gros investissements. »

Quelles solutions privilégiez-vous ?

C.C. : « Nous avons étudié plusieurs contenants, mais nous n’avons pas encore de réponse concrète de nos clients sur leurs attentes. Chaque client a ses propres besoins en matière de contenant, de grammage, de matière première. L’emballage carton est plus compliqué, souvent plus grand, et pas toujours adapté aux tailles des rayons de la GMS. Et à l’export, quelles seront les attentes de la distribution allemande, britannique, hollandaise ? Nous ne le savons pas encore. Aujourd’hui, certains clients nous demandent des barquettes de 500 g d’abricots : c’est aberrant ! Toutefois, nous sommes très attentifs à l’évolution de l’environnement. Personne ne pouvait prévoir la crise de la Covid-19, qui a provoqué un regain d’intérêt pour la barquette, jugée plus sécurisante au niveau de l’hygiène. »

Quelles sont vos priorités pour les années à venir ?

C.C. : « La certification Haute valeur environnementale (HVE) fait partie de nos priorités à court terme. Nombre de nos coopérateurs sont déjà certifiés, mais cela prend du temps. La démarche ne concerne pas un produit, mais toute l’exploitation. C’est en tout cas un engagement environnemental important, qui peut réconcilier le consommateur avec l’agriculture. »

Propos recueillis par M.C.

A lire également :

L’emballage plastique des fruits et légumes, interdit dès 2022

Fin des emballages plastiques : quid des filets de châtaignes pour Vivacoop ?