BOVIN
Bœuf des prairies fleuries : la dynamique est lancée

Les adhérents de l’association « Bœuf des prairies fleuries - saveurs de la montagne ardéchoise » étaient réunis, samedi 27 avril à Sainte-Eulalie, pour leur assemblée générale. Leur président, Dominique Laffont, fait le point sur le développement de la marque lancée en 2021.

Bœuf des prairies fleuries : la dynamique est lancée
L’assemblée générale était organisée sur l’exploitation d’Anthony Peyronnet, éleveur à Sainte-Eulalie, en présence de nombreux adhérents à l’association, élus et maires du territoire. ©DR
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Dominique Laffont, président de l'association « Bœuf des prairies fleuries - saveurs de la montagne ardéchoise ». ©AAA

Comment évolue la commercialisation de la marque « Bœuf des prairies fleuries - saveurs de la montagne ardéchoise » ?

Dominique Laffont : « La marque monte tout doucement en puissance, mais sûrement. Ce sont des projets longs à construire. Il y a beaucoup de travail à faire dans la sensibilisation des consommateurs et le démarchage des metteurs en marché. Nous sommes assez confiants pour l’avenir. En 2023, nous avons commercialisé 92 bovins dont 62 génisses, 14 jeunes vaches et 14 veaux. Une grande majorité des génisses ont été classées ER = 3 (à 5,60€ en moyenne) ou en ER + 3, quelques-unes U aussi donc avec un bon niveau de conformation, puis la plupart des bovins ont une note 3 d’engraissement, ce qui correspond aux objectifs que nous nous étions fixés. Au départ, nous étions un peu inquiets sur l’état d’engraissement des bovins parce que certains éleveurs ne suivaient pas vraiment la méthode d’engraissement de la bête finie avant de rejoindre la démarche du Bœuf des prairies fleuries, mais en observant les résultats, nous sommes plutôt satisfaits de la qualité des animaux qui ont été commercialisés, les bouchers également. On observe des résultats positifs. »

La marque s’est élargie avec la création d’une filière veaux en 2023. Quels résultats observez-vous ?

D.L. : « Nous arrivons à commercialiser quelques veaux mais nous rencontrons toujours des difficultés pour consolider cette production. L’élevage de veau sous la mère attire peu, pour la simple et bonne raison que ce type d’élevage est soumis aux mêmes contraintes que l’élevage laitier, avec des astreintes quotidiennes importantes, ce qui freine les éleveurs bovins, notamment les jeunes. Puis lorsque le marché des broutards se porte bien, les éleveurs n’ont pas envie de produire des veaux, compte tenu des contraintes d’élevage, même si les veaux se valorisent mieux. »

Fort de résultats globalement positifs, comment consolider cette dynamique ?

D.L. : « L’association regroupait une vingtaine d’éleveurs en 2023 et devrait en rassembler une trentaine cette année. Nous devons travailler sur les deux tableaux de l’offre et de la demande, à la fois pour attirer de nouveaux producteurs et augmenter la production, mais aussi trouver de nouveaux metteurs en marché pour la commercialisation. Les metteurs en marché sont un relais important auprès du consommateur, mais ils distribuent le produit si le consommateur le demande, donc c’est avant tout à lui que nous devons nous faire connaître et expliquer notre démarche. C’est un travail de longue haleine, sur lequel nous avons besoin d’un peu de temps et de moyens pour se développer davantage. Les éleveurs, eux, s’engagent quand nous arrivons à leur montrer qu’il y a une plus-value et il est vrai qu’elle n’est pas très importante actuellement, puisque le marché du conventionnel se porte bien. Il faudrait que l’écart se creuse un peu. Aujourd’hui nous observons quelques frémissements de tassement du marché conventionnel. Cela pourrait faire baisser ses prix et générer une marge un peu plus importante pour les nôtres, que nous comptons conserver à un niveau élevé, ce qui permettrait d’attirer de nouveaux producteurs. »

Et auprès des consommateurs, la marque a-t-elle pu gagner en visibilité ?

D.L. : « La communication est un autre point important à développer. Nous avons organisé des opérations dégustation, notamment au Salon international de l’agriculture à Paris en 2023 et 2024, à l’Intermarché d’Aubenas en avril 2023, à la Fête de l’agriculture au Cros-de-Géorand en août, au Marché du Champignon à Saint-Cirgues-en-Montagne en octobre, à l’Intermarché du Cheylard en mars dernier… Ces prochains mois, nous participerons aussi à la Foire des Violettes le 14 juillet à Sainte-Eulalie et au Salon de l’agriculture ardéchoise le 22 septembre à Lamastre. Nous avons besoin de nous faire connaître auprès des consommateurs et de valoriser notre démarche. Nous devons faire régulièrement parler de notre qualité de production mais aussi de notre démarche pour le territoire, l’environnement et la biodiversité, car nous avons intégré dans notre cahier des charges des critères liés aux prairies naturelles et au respect des zones humides. C’est aussi un projet de filière, pas seulement d’éleveurs : nous avons associé l’aval de la filière, les bouchers, les metteurs en marché, les restaurants… C’est également un projet de territoire, qui vise à donner envie aux jeunes de s’installer sur la montagne parce qu’il y a un créneau avec une plus-value, à donner envie à ceux qui y sont de rester et de continuer dans ce métier. »

Propos recueillis par A.L.

Une qualité et une traçabilité mieux valorisée
Installé sur 150 hectares à Mézilhac et Lachamp-Raphaël, Frédéric Faure élève une soixantaine de bovins. ©AAA_AL
MÉZILHAC

Une qualité et une traçabilité mieux valorisée

Éleveur de limousines, Frédéric Faure commercialise sa production bovine avec la jeune marque de la montagne ardéchoise depuis fin 2023.

Depuis son exploitation située sur les hauteurs de Mézilhac, Frédéric Faure élève un troupeau bovin composé d’une trentaine de mères limousines, deux taureaux, entre 12 et 13 génisses de renouvellement âgées de 2 ans et autant âgées d’un an, sans oublier son troupeau ovin qui regroupe une centaine de brebis pour la production de viande d’agneau.

Âgé de 29 ans, ce jeune éleveur dispose de 150 hectares de prairies naturelles situées à proximité de son exploitation et à Lachamp-Raphaël, dont une quarantaine d’hectares de prairies de fauche et 110 ha de landes et parcours. Un espace où ses vaches peuvent pâturer de début mai à début novembre, selon la ressource en fourrage.

Pour valoriser ces pratiques d’élevage typiques de la montagne ardéchoise, Frédéric Faure a participé au projet de création de la marque Bœuf des prairies fleuries dès 2020. « Je souhaitais mieux valoriser ma production. Il y a une recherche de viande de qualité et de traçabilité de la part des consommateurs. Avec cette marque, nous sommes certains que la viande vienne du plateau », rappelle-t-il.

« Faire vivre la montagne »

En délimitant son aire géographique aux 43 communes ardéchoises qui ont plus de la moitié de leur superficie à plus de 1 000 mètres d’altitude, de Saint-Agrève à Saint-Étienne-de-Lugdarès, la marque du Bœuf des praires fleuries a posé un premier cadre. Mais en choisissant de se distinguer avec des exploitants ayant au moins 80 % de leur SAU dans cette zone ainsi que leur lieu d’habitation, son ambition est aussi de conserver une vie dans la montagne ardéchoise : « Il y a une tendance à l’estive et ce n’est pas forcément une bonne solution pour maintenir des fermes sur le plateau et faire vivre la montagne. C’est une opportunité de réunir ses acteurs », poursuit Frédéric Faure, diplômé d’un Bas S et d’un BTS Acse suivis au lycée agricole d’Aubenas. « Nous sommes au début d’une chaîne importante, même au-delà de la thématique alimentaire, d’autant plus en Ardèche. »

Installé depuis 2016 à Mézilhac, après avoir repris l’exploitation de son oncle, il n’a pas rencontré de difficultés pour suivre le cahier des charges de la marque qui caractérise un engraissement des bovins à base de foin l'hiver et d'herbe l'été sur des prairies naturelles, avec un complément de céréales françaises sans OGM. « Cela n’a pas changé mes habitudes et ma logique de travail. Je travaillais déjà sans ensilage maïs ou enrubannage pendant la période de finition des génisses, et suivais la période de pousse d’herbe. » Frédéric Faure a commencé à vendre ses bêtes au principal négociant de la marque du Bœuf des prairies fleuries, Jérôme Gineys (Lac-d’Issarlès), en fin d’année 2023. « Il manque un peu de communication pour se faire mieux connaître par le consommateur, mais il y a de la demande. Je vends mes génisses et de jeunes bovins âgés de moins de six ans », détaille l’éleveur. « Pour le moment, il n’y a pas de gros écarts de prix avec le cours conventionnel, qui a grimpé au moment du lancement de la marque. Il faut jongler aussi entre l’offre et la demande, ce qui n’est pas toujours évident non plus lorsqu’on crée une marque. »

A.L.

CHIFFRES CLÉS 2023 DU BŒUF DES PRAIRIES FLEURIES /

92 bovins vendus (contre 56 en 2022) dont 62 génisses, 14 jeunes vaches et 14 veaux

20 éleveurs

4 GMS

4 bouchers

3 restaurants