DIVERSIFICATION
De la lentille verte Made in Coiron

Mylène Coste
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Éleveur bovin installé à Freyssenet depuis 2019, Clément Coing expérimente cette année la culture de la lentille verte. Une première sur le plateau du Coiron, qui représente une piste de diversification intéressante pour le jeune exploitant.

De la lentille verte Made in Coiron
Pour le tri des lentilles, Clément Coing a dépoussiéré un ancien trieur a grains acheté dans les années 1970 par son grand-père pour trier le grain. Il a également investi dans un trieur hélicoïdal à spirale.

« L’élevage bovin reste ma principale activité, celle pour quoi j’ai voulu faire ce métier ! », prévient Clément Coing. « Pour autant, dès que j’ai terminé mon BTS, j’ai toujours voulu innover, tenter de nouvelles choses et me diversifier. » Et le jeune éleveur, installé depuis 2019 à Freyssenet avec ses parents au sein du Gaec de la Prades, n’a pas tardé à trouver : « Tester la lentille m’a paru intéressant : ici, nous avons des terres noires volcaniques qui s’y prêtent bien, similaires à celles qu’on peut trouver dans l’aire de l’appellation de la Lentille du Puy. Nous sommes à 900 m d’altitude, proche de celle de Costaros, avec une hygrométrie un peu plus faible mais ce n’est pas plus mal, car il ne faut pas non plus trop d’eau ! »

De la lentille verte sur le Coiron ? « À ma connaissance, il n’y en a jamais vraiment eu. Mon arrière-grand-père en a fait un peu à une époque, mais davantage pour son autoconsommation. » L’entourage de Clément Coing s’est d’ailleurs montré un peu sceptique lorsque celui-ci s’est lancé au défi d’en produire. « Aujourd’hui, ils sont encore plus enthousiastes que moi ! »

Un essai concluant

Cette année, pour la première fois, Clément Coing a donc expérimenté la culture de lentilles vertes, semées autour du 15 avril à environ 110 kg/ha, sur une petite parcelle de 0.8 ha. « Je me suis renseigné un peu auprès d’autres producteurs avant de me lancer. C’est une culture qui demande assez peu de travail : j’ai seulement fait un désherbage et un antigerminatif après le semis. » Le printemps frais et pluvieux a toutefois compliqué la gestion de la culture : « Les pluies de juillet ont fait pousser beaucoup d’autres herbes, avec le risque d’étouffer la lentille. Du fait des températures douces, les gousses ont mis beaucoup de temps à se développer. Puis avec les fortes chaleurs de la mi-août, elles sont arrivées à maturité d’un coup, en 4 jours ! J’ai donc moissonné au 17 août : lorsque la cosse a séché mais ne s'est pas encore ouverte, cela signifie que la graine est prête à être récoltée ! »

Une aubaine pour Clément Coing, dont la première récolte est plutôt concluante : « Je compte tout vendre en direct, et j’ai déjà été sollicité par des clients localement ! » L’an prochain, il compte bien transformer l’essai, avec désormais une parcelle de 2 ha et un peu plus d’expérience : « J’ai fait l’erreur d’installer la culture sur un champ qui avait été travaillé en céréales, et où il restait quelques graines d’adventices, malgré le labour. L’an prochain, je vais implanter mes lentilles dans un pré. » 

Pour Clément Coing, qui élève également un troupeau de charolaises et des volailles de chair vendues en label Rouge, la lentille est une source de diversification intéressante. « En bovin, nous avons aujourd’hui 100 mères. C’est beaucoup de travail, d’autant plus que l’autonomie fourragère a été compromise ces dernières années avec les sécheresses, et que le marché est fluctuant. Dans les années à venir, lorsque mon père partira à la retraite, j’envisage de réduire un peu le troupeau. La lentille permettra donc de diversifier les sources de revenus. »

Année noire pour l’or vert du Puy

La lentille verte pourrait être d’autant plus convoitée cette année qu’elle sera, sans doute, rare en Haute-Loire. La récolte de la Lentille du Puy AOP semble en effet compromise, la faute à une météo capricieuse. Alors que les cultures peinent à arriver à maturité, les agriculteurs comptent les gousses vides et craignent de voir leur rendement divisé par deux. A Lesperon, commune ardéchoise limitrophe de la Haute-Loire, Guillaume Chaze a tout bonnement abandonné la culture de la lentille depuis 2 ans : « Ces dernières années, les conditions climatiques ont été très mauvaises et la récolte en a pâti. Cette année, la campagne est catastrophique dans le secteur, et beaucoup de producteurs se posent des questions. Avec la hausse du cours des céréales ou la possibilité d’implanter du maïs ensilage, le contexte n’est plus très favorable à la lentille ces temps-ci. » L’utilisation de certains désherbants, interdite par le cahier des charges de l’AOP Lentilles du Puy, complique un peu plus la gestion de la culture pour les producteurs. Pour autant, « l’or vert » reste une niche rémunératrice pour les producteurs, oscillant autour de 9 €/kg en vente directe. 

M.C.