ÉTUDE
Photovoltaïque au sol : préserver l’activité d’élevage

Pauline De Deus
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La Fédération nationale ovine (FNO) et l’Idèle se sont demandé comment préserver l’élevage ovin, notamment, mais aussi bovin, dans le cadre d’installation d’une centrale photovoltaïque au sol. Ils viennent de présenter le résultat de leur étude.

Photovoltaïque au sol : préserver l’activité d’élevage
La création d’un microclimat sous la centrale induit une meilleure pousse de l’herbe.

Marianne d’Azemar de l’Idele et André Delpech (FNO) se sont penchés sur l’installation de panneaux photovoltaïques au sol, souvent décriée. Les toits des bâtiments étant préférés.

Selon la charte de la FNO, la priorité, dès le départ du projet, doit être de maintenir l’activité agricole, et pour ce faire des paramètres doivent être étudiés. Ainsi l’impact de l’ombrage sur la prairie, la température sous les panneaux, la visibilité du troupeau pour l’éleveur sont des enjeux cruciaux. C’est pourquoi, parmi tous les systèmes disponibles, les mono-pieux et trackers sont privilégiés.

L’aménagement de la centrale

L’étude démontre que pour définir le système, il faut prendre en compte : la conduite du troupeau, ses besoins, et l’attribution de lots en fonction des ressources disponibles ; la conduite du système fourrager en limitant la taille de la centrale par rapport à la surface fourragère principale pour sécuriser le système fourrager. Enfin, il faut prendre en compte la conduite du pâturage, à choisir en fonction du potentiel des surfaces, en assurant les besoins des animaux, et en cloisonnant pour faciliter la surveillance du troupeau. Non seulement il faut veiller à la disponibilité des points d’abreuvements et d’affouragement, mais aussi prévoir des ruptures de structures dans la centrale pour délimiter le pâturage. Une distance raisonnable « fin de table-clôture » permettra le braquage des engins, et un espace libre pour le déchargement et un parc de contention.

L’ergonomie est étudiée avec un minimum d’espace entre les structures. Par exemple, une hauteur d’1,50 m minimum est attendue pour les tables de panneaux, une distance de 4 m entre les panneaux pour permettre le passage des engins. Ces distances permettent le passage des animaux, d’éviter les blessures, faciliter la surveillance, de faucher, broyer, épandre, et de limiter l’artificialisation des sols.

Les impacts relevés

Tout d’abord, des impacts agronomiques sont constatés sur l’évolution des rendements et la dynamique de la pousse. Une réduction de la photosynthèse a lieu, surtout sur les structures fixes, mais une résistance à la sécheresse est observée. Les zones d’ombre permettent à des variétés d’ombre à semi-ombre de s’adapter et de s’implanter. La capacité du troupeau à conserver sa santé et son potentiel de reproduction est favorable, alors que la création d’un microclimat sous la centrale induit une meilleure pousse de l’herbe, surtout sur les systèmes mobiles qui fait évoluer l’ombre tout au long de la journée.

Étienne Prunes, jeune éleveur dans le Lot-et-Garonne a mis en service une centrale de 13,5 MWc sur 17 ha. Il confirme que la mise en place de la centrale est très positive. La bergerie est en place sur le site, avec 100 brebis. Après deux ans d’exploitation, le constat est clair : l’herbe pousse sous les panneaux. Ses brebis restent de mars à mi-août et pâturent l’herbe. Ce n’est que fin août qu’il ajoute du fourrage, alors que l’herbe repousse rapidement sous les panneaux. La pousse de printemps est plus rapide car elle est protégée du gel par les panneaux. Pendant l’été, les brebis préfèrent l’herbe se trouvant sous les panneaux, plus verte qu’à d’autres endroits à découvert. Outre les revenus disponibles grâce à la revente d’électricité, l’installation de la centrale n’a amené que des bénéfices.

Véronique Legras

La loi de mars 2023

Toujours en attente du décret d’application pour la fin de l’année, la loi de mars 2023 définit ce qu’est une installation agrivoltaïque. Ainsi, l’activité agricole doit être l’activité principale de la parcelle avec une production significative et un revenu durable. En outre, l’installation de la centrale doit être réversible, et apporter à la parcelle agricole soit une amélioration du potentiel et de l’impact agronomique, soit l’adaptation au changement climatique, ou l’amélioration du bien-être animal ou encore l’amélioration contre les aléas.