AGRITOURISME
Tourisme agricole : les professionnels gardent le moral pour 2022

Marin du Couëdic
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Près de deux ans après le début d’une crise sanitaire qui a durement impacté leurs activités, les agriculteurs diversifiés dans l’hébergement touristique, la restauration ou l’accueil à la ferme espèrent une année 2022 sous de meilleurs auspices. Témoignages aux quatre coins de l’Ardèche.

Tourisme agricole : les professionnels gardent le moral pour 2022
En Ardèche, les vignerons font preuve d'imagination pour proposer des activités œnotouristiques originales.

Agriculteurs, ils ont aussi un pied dans le tourisme. Voire deux pour ceux qui ont tout misé ou presque sur ce secteur d’activité porteur en Ardèche. Sur le département, environ 20 % des exploitations agricoles pratiquent au moins une activité en lien avec le tourisme* : fermes pédagogiques, restaurants fermiers, gîtes et chambres d’hôtes, œnotourisme... Après deux années marquées par la crise sanitaire et des restrictions particulièrement difficiles pour les secteurs de la restauration et de l’hébergement, contraints de baisser le rideau pendant de longs mois, comment ces professionnels de l’agritourisme envisagent-ils 2022 ?

« Nous sommes confiants pour la saison à venir. L’essentiel de notre clientèle réside à moins de 200 km et cette tendance des vacances de proximité, qui se développe depuis deux ans, devrait se poursuivre », avance Nicolas Vernet, cogérant de l’hôtel-restaurant Beauséjour et éleveur bovin au Béage (20 mères Aubrac). Après un année 2021 « satisfaisante » malgré les mesures sanitaires, le producteur de Fin Gras du Mézenc espère que ce « tourisme local » va continuer à prospérer sur le plateau ardéchois. « Ce que nous souhaitons, ce sont des gens qui viennent sur la montagne et repartent avec le coffre plein de produits locaux », poursuit celui qui transforme sa viande à la ferme et l’écoule en vente directe et au restaurant tenu par son épouse, la cheffe Céline Vernet. Ont-ils déjà des réservations alors que l’hôtel-restaurant va rouvrir le 19 février ? « Les demandes commencent à arriver pour Pâques mais les gens ne se pressent pas trop. Il y a peut-être un effet Covid et inflation. »

Même vent d’optimisme au Domaine Walbaum, hôtel-restaurant 4 étoiles à Vallon-Pont-d’Arc, qui a ouvert ses portes en juin dernier. « Nous sommes satisfaits de cette première petite année d’activité, très encourageante pour la suite. Nous aurions pu finir sur un joli mois de décembre si nous n’avions pas été freiné par un contexte sanitaire et international compliqué », livre Ludovic Walbaum, vigneron et propriétaire de ce domaine familial qui propose également de nombreuses activités œnotouristiques (vélo œnologie, yoga dans les vignes…). « Ces cinq premiers mois nous confortent dans un projet tourné vers une clientèle française et étrangère souhaitant découvrir l’Ardèche, ses paysages et ses vins. Les réservations reprennent depuis une quinzaine de jours. Nous attendons avec impatience la réouverture, le 25 février. »

« On espère que la crise sanitaire est derrière nous »

Catherine Monchal, gérante de la Ferme auberge de Jameysse, à Désaignes, reste plus mesurée sur 2022. Ouvert toute l’année, son restaurant connu pour sa cuisine traditionnelle à partir des produits de la ferme (fruits, légumes, volailles et cochons en plein air) sort d’une année compliquée. « Nous avons fait une petite saison, avec une fermeture qui a duré sept mois et demi et de nombreuses annulations en fin d’année », rapporte celle qui peine à remplir son agenda pour les mois à venir. « Habituellement, le début de l’année est la pleine période de réservation, avec des anniversaires de mariage, des événements professionnels et des groupes qui viennent visiter le bourg de Désaignes et la ferme du Châtaignier. L’activité va redémarrer mais nous ne sommes pas euphoriques. Nous espérons que la crise est derrière nous et croisons les doigts pour la suite ! »

Sur les hauteurs de Montselgues, Philippe et Faty Vincent, de la Ferme auberge de la Bombine se montrent plus sereins. « Nous avons bien travaillé en 2021, malgré le Covid, et 2022 s’annonce dans la même veine. Nous avons la chance d’avoir principalement une clientèle locale, qui vient d’Ardèche et des départements limitrophes », expliquent ceux qui proposent des spécialités ardéchoises préparées avec les produits de la ferme (viande bovine, cochon, volailles), reprise par leur fils, Adrien Vincent. « Concernant l’hébergement, nous avons de bonnes perspectives à partir de février-mars 2022. »

« Nous aimerions de la visibilité sur les réservations »

Les agriculteurs diversifiés dans l’hébergement, pour beaucoup adhérents au réseau Bienvenue à la ferme, se montrent globalement confiants pour 2022. « Nous avons déjà quelques réservations pour Pâques et la haute saison, des habitués du nord de la France et des Belges, qui viennent en famille ou pour randonner », témoigne Michel Vannière, agriculteur et gérant du Camping des Acacias, ouvert d’avril à septembre à Uzer (27 emplacements).

« Dans l'idéal, nous aimerions une certaine visibilité sur notre saison avec des réservations prévues plusieurs mois à l’avance, plutôt que de la dernière minute comme ces deux dernières années », souligne de son côté René Coste, de la Ferme de la Croze, qui propose un camping de six emplacements, cinq gîtes et une yourte à Saint-Joseph-des-Bancs.

« 2021 a été une bonne année malgré les restrictions liées au Covid-19 mais nous avons eu des difficultés à nous organiser avec ces réservations tardives », confirme Bruno Jauzion, gérant du camping Les Chadenèdes (25 emplacements) et viticulteur coopérateur à Grospierres. « Je pense que 2022 sera sur la même logique, avec une belle affluence car les gens veulent sortir après la crise sanitaire ! »

*Source : Agreste - Recensement Général Agricole de 2010.