DOSSIER SPÉCIAL RENTRÉE AGRICOLE
Raphaël Loveno : « 2020 sera une année blanche »

Propos recueillis par Pierre Garcia
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CONCOURS CHAROLAIS / Conséquence directe de l’annulation de la foire de Beaucroissant, le traditionnel concours charolais n’aura pas lieu cette année. Le point sur les conséquences pour la filière avec Raphaël Loveno, président du syndicat charolais Sud-Est et organisateur du concours.

Raphaël Loveno : « 2020 sera une année blanche »
Raphaël Loveno, président du syndicat charolais Sud-Est et organisateur du concours charolais de Beaucroissant. ©Raphaël Loveno

Comment a été prise la décision d’annuler le concours charolais de Beaucroissant ?

Raphaël Loveno : « Lorsque nous avons compris que la 801e édition de la foire de Beaucroissant ne pourrait pas avoir lieu dans des conditions normales, nous avons étudié plusieurs plans B. Nous avons dans un premier temps envisagé de limiter Beaucroissant à une foire agricole. Pour ce qui est du concours charolais, nous avons proposé de supprimer la partie restauration assise et de ne proposer que des burgers à emporter pour limiter les rassemblements de personnes. La restauration étant notre seule source de revenu pendant la foire de Beaucroissant, nous avons vite compris que nous ne parviendrions pas à nous y retrouver financièrement. Nous avons aussi envisagé d’organiser le concours en dehors de la foire mais trop d’inconnues restaient encore en suspens. Sur décision de Monsieur le maire, la foire a été annulée et nous avons acté le fait que 2020 serait une année blanche. C’est vraiment dommage car nous allions fêter cette année les 25 ans du concours et plusieurs projets festifs, comme la soirée entre éleveurs du samedi soir, étaient en préparation. »

Quelles sont les conséquences de cette annulation pour les éleveurs ?

R.L. : « Le concours de Beaucroissant a une renommée nationale. Il sert de vitrine pour une trentaine d’éleveurs qui viennent chaque année présenter environ 130 animaux. Après les concours des mâles et des femelles, nous remettons le dernier jour des prix spéciaux qui récompensent les éleveurs pour des lots de plusieurs animaux qui permettent de valoriser leurs exploitations. Le temps du concours, des transactions peuvent se faire, en particulier pour les mâles reproducteurs. Pour le reste, ce sont surtout des prises de contact et des échanges de cartes de visite qui permettent de faire des ventes le reste l’année. Cette année, nous allons perdre ce contact avec les clients. En dehors de l’aspect commercial, le concours charolais a aussi une vocation sociale. Ce concours est d’ailleurs apprécié car il a su garder ce côté familial. Chaque année, la foire représente pour nous l’occasion de nous réunir. Nous avons beaucoup de travail pendant l’année et nous savons que nous devrons sûrement attendre le concours 2021 pour nous retrouver. »

Les prochains concours d’élevage prévus cette année sont-ils maintenus ?

R.L. : « Pour le moment, tous les prochains rendez-vous sont maintenus, mais nous sommes dans l’expectative par rapport à l’évolution de la situation sanitaire1. Les principaux évènements à venir sont le concours de Roanne (Loire), le Sommet de l’Élevage à Cournon, le concours de Magny-Cours (Nièvre), le concours de Moulins (Allier) et le concours départemental de Saône-et-Loire. Il faut savoir que certains éleveurs font de nombreux concours tout au long de l’année mais pas tous. La préparation d’un concours représente de nombreux sacrifices entre les frais de préparation et le temps passé tout au long de l’année pour dresser les animaux et les tenir en état. C’est pour cette raison qu’à Beaucroissant nous donnons leur chance aux jeunes éleveurs pour qu’ils puissent valoriser leur travail. »

Comment se porte aujourd’hui le marché des bovins charolais ?

R.L. : « Aujourd’hui, le marché est tendu car les exportations se retrouvent bloquées à cause de la crise sanitaire. Les frontières sont ouvertes mais les transactions sont plus complexes qu’il y a encore quelques mois. Le gros de nos exportations, ce sont surtout les animaux vivants qui partent vers l’Italie, l’Espagne mais aussi le Liban ou certains pays du Moyen-Orient. Pour ce qui est des prix, ils parviennent pour le moment à se maintenir. Nous avons même connu une hausse d’environ 20 centimes pour le marché des vaches grasses. Pendant le confinement, nous avons dans un premier temps été impactés par l’interruption de la restauration hors domicile mais la hausse de la consommation de viande locale à domicile a globalement permis de rééquilibrer la situation. Aujourd’hui au niveau de la viande charolaise, pratiquement tout ce qui est abattu est consommé en France. Nous espérons que le boom qu’a connu la vente directe et l’attrait des Français pour une nourriture locale et équilibrée vont se poursuivre. »

Propos recueillis par Pierre Garcia

1. Cet entretien a été réalisé le 18 août. Depuis, la situation sanitaire a pu évoluer et des événements ont pu être annulés.