VITICULTURE
« Nous avons besoin d’une filière forte »

La fédération départementale des caves coopératives de l’Ardèche tenait son assemblée générale, jeudi 21 décembre à Néovinum à Ruoms.

« Nous avons besoin d’une filière forte »
De droite à gauche : Ludovic Chalvet, président de la fédération départementale, Cyril Jaquin, vice-président, et Gilles Clerc, président de Vigneron savoyard. ©AAA_AL

L’assemblée générale des vignerons coopérateurs, qui réunit 15 caves coopératives et une Union, a débuté avec « une pensée forte suite à une saison dramatique de la viticulture ardéchoise avec le décès d’un salarié sur la cave de Lablachère et le décès de Pascal Franchi, président de la cave de Viviers, à la sortie des vendanges », a souligné Ludovic Chalvet, qui a pris la présidence de la fédération départementale à la suite de la démission de Cyril Jaquin.

Un budget déficitaire

Après avoir rendu ces hommages, le président a détaillé le bilan de la récolte 2022. « Une petite année avec du gel et de la sécheresse. » Avec près de 347 861 hl produits sur un peu moins de 6 700 ha, principalement en IGP, les comptes de résultat s’avèrent déficitaires encore cette année. « Il y a des réserves pour absorber ce déficit », rassure Ludovic Chalvet. Le prévisionnel de l’année passée n’est pas positif lui non plus. Pour équilibrer le budget, les élus ont évoqué l’organisation de l’organisme de défense et de gestion (ODG) qui est alimenté pour 85 % par les coopératives, mais aussi la création de partenariats avec des entreprises. Objectifs : maintenir le dynamisme et l’équilibre budgétaire de la fédération des vignerons coopérateurs. Un travail sera mené dans ce sens dès le mois de janvier 2024.

La cotisation appelée par la fédération départementale est de 0,14 €/hl soit 48 777,55 € HT pour les caves et 4 000 € HT pour l’Union, précise le vice-président Cyril Jaquin. Cette cotisation augmentera à 0,15 €/hl pour la récolte 2022. « Sur les cotisations nationales, nous n’étions pas sur les moyennes ces dernières années. La volonté maintenant est de lisser les volumes en prenant en compte la moyenne des trois dernières années. »

Assurance récolte, restructuration différée…

La fédération départementale est le relais des caves coopératives et l’organisation de la filière au niveau local, a rappelé Ludovic Chalvet. Parmi les dossiers portés figurent ceux du dispositif de l’assurance récolte et des dispositions juridiques et fiscales. « Il nous faut continuer de travailler sur les outils qui permettent de faire face aux aléas climatiques. Les dernières aides apportées ont permis de limiter l’impact du gel et la capacité des caves à investir et à être performante. Nous avons besoin d’une filière forte pour promouvoir les intérêts des caves coopératives », ajoute le président de la fédération.

Les adhérents ont évoqué la mesure de restructuration différée et le vieillissement du vignoble ardéchois qui nécessiterait des primes à la rénovation et à la restructuration, a souligné Jérôme Volle. Vigilance est de mise sur l’impact de l’arrachage différé par rapport aux investissements engagés, « des opportunités individuelles qui iraient à l’encontre d’intérêts collectifs ».

En 2024, une réunion de section, ouverte à tous les adhérents ardéchois, est organisée le 15 avril à Tain-l’Hermitage. Une seconde réunion est prévue le 23 juillet. La fédération départementale participera aussi à la prochaine journée régionale, ouverte à tous les adhérents elle aussi, prévue le 5 décembre dans le Beaujolais. L’occasion d’aborder les dossiers évoqués en 2023, dont les aides à la distillation de crise, le plan de filière viticole et les nouvelles règles d’étiquetage des vins en cours de validation. Sur ce dernier point, « nous devons être prêts dès cette année dans l’élaboration de nos vins », prévient Cyril Jaquin.

A.L.

VIGNOBLE

« Promouvoir une gestion durable de résistance »

Conseiller en viticulture et agronomie à la chambre d’agriculture de l’Ardèche, José Guzman est intervenu lors de l’assemblée sur le sujet des variétés résistantes aux maladies.

Artaban, Vidoc, Floréal, Muscaris, Voltis… Sont autant de variétés de vigne développées pour lutter naturellement contre certaines maladies, notamment le mildiou et l’oïdium. En Ardèche, leur implantation est en augmentation et suit la tendance nationale, avec une forte implantation d’Artaban et de Floréal entre 2019 et 2021. Crées à partir d’hybridations manuelles, ces variétés résistantes possèdent un ou plusieurs gènes de résistance qui leur permettent un contrôle total ou partiel des infections, a expliqué José Guzman, mais elles ne pourront pas pour autant substituer totalement l’usage de fongicides. « Promouvoir une gestion durable de résistance implique de maîtriser les pressions de maladies avec des itinéraires de lutte et de conduite. » Selon la résistance, ces itinéraires techniques varient et réclament des interventions spécifiques qui ont été exposés lors de l’assemblée générale des vignerons coopérateurs. Des perspectives intéressantes dans le cadre des évolutions réglementaires (retrait et reclassement des produits phytosanitaires, respect des zones DSPPR et aquatiques, nouvelle réglementation HVE), climatiques et sociales (respect de l’environnement, réduction de coûts, restructuration, etc.), qui pourraient obliger les vignerons coopérateurs à se restructurer pour savoir où implanter ces cépages résistants, dont le délai d’inscription est de 15 à 20 ans.

A.L.