ÉCONOMIE
La production française de lapin toujours en recul

CUNICULTURE / La production française de viande de lapin a chuté de plus de 7 % en 2020 pour se stabiliser à 34 200 tonnes. Point de conjoncture de la filière cunicole avec l’Itavi.

La production française de lapin toujours en recul
Depuis 2011, le recul de la consommation s’établit autour de 4 % par an en moyenne et s’accompagne d’une contraction de la production organisée. (Crédit : La Presse)

« Entre 2015 et 2019, la production de lapin est en baisse dans tous les pays de l’Europe, de l’ordre de 4 % par an », souligne François Cadudal, directeur du pôle économie à l’Itavi. La situation en France, avec une baisse de 7 % de la production en 2020, n’a rien donc d’inédite. Avec 34 200 tonnes (t) de viande de lapin produites en 2020, la France est le troisième pays producteur de lapin en Europe. Elle est devancée par l’Espagne avec 51 400 t et l’Italie avec 39 100 t. Ces trois pays rassemblent la majorité de la production européenne. Au-delà des frontières, la Chine représente 50 % de la production mondiale de lapin de chair (983 900 t) et détient près de 95 % des parts de marché en production de lapin pour les peaux et la fourrure. Les échanges de l’Union européenne sont structurés de la même façon que la production, autour des trois grands acteurs. « On estime qu’il y avait, en 2019, 11 000 t de lapins exportées sur le marché européen, ce qui représente environ 10 à 15 % de la production », note François Cadudal. 3 000 t sont expédiées vers les pays tiers, principalement vers la Suisse ou vers l’Asie. « Il s’agit essentiellement d’un commerce de proximité. En termes d’exportateurs, le marché est structuré autour de la France et de l’Espagne (environ 25 % des volumes échangés sur le marché européen), la Hongrie (vers le marché allemand et l’Europe de l’Est) et la Belgique qui joue un rôle de plaque tournante », poursuit le directeur.

 

Les produits découpés ont la côte
François Cadudal, directeur du pôle Economie à l’Itavi. (Crédit : Itavi)

Les produits découpés ont la côte

Pour autant, la production de lapin en France est en recul structurel depuis le milieu des années 2000. « Depuis 2011, le recul de la consommation s’établit autour de 4 % par an en moyenne et s’accompagne d’une contraction de la production organisée. » En 2019, les débouchés de la filière lapin française étaient à 50 % pour la consommation à domicile (grandes et moyennes surfaces, boucheries), 20 % en consommation hors domicile, 15 % en vente directe et autoconsommation et 15 % à l’export. En 2020, l’apparition de la Covid-19 a eu un impact sur les évolutions structurelles de consommation. « Malgré une baisse de 6 % de la consommation à domicile entre janvier et novembre 2020, nous voyons une nette orientation, spécifique à tous les produits carnés, vers des morceaux faciles à cuisiner. Les produits découpés et préparés (+ 20,6 % pour les râbles) perdent moins de parts de marché que le contexte global. Le « découpé » montre donc une évolution plus positive que le lapin entier (- 5,8 %), non découpé (- 11,2 %), gigolette (- 13,1 %) », prévient François Cadudal. Les mesures de confinement et la fermeture de certains débouchés ont eu un effet sur les différents types d’enseignes : recul de la fréquentation dans les hypermarchés et supermarchés, boom de l’e-commerce, circuits traditionnels (bouchers-volaillers) en hausse…

Des enjeux majeurs pour la filière cunicole

En termes de commerce extérieur, la filière française a subi un fort recul des exportations, du fait que « les principaux marchés de la France sont des pays qui ont été très durement touchés par la Covid-19, que ce soit l’Italie ou l’Espagne ». Face à ce constat global de l’année 2020, plusieurs pistes de réflexion sont à étudier. Dans un premier temps, la filière pourrait avoir un besoin de renouvellement de génération des consommateurs. « Entre 2016 et 2020, la part de marché des personnes de plus de 65 ans consommatrices de lapin a gagné sept points, essentiellement au détriment des personnes entre 50 et 64 ans », souligne François Cadudal, d’après une étude Kantar. D’autre part, un ajustement du potentiel de production pourrait s’avérer nécessaire. « L’arrêt des créations d’élevage depuis 2008 et un ralentissement assez sensible du nombre des agrandissements ou des renouvellements depuis 2013 posent des questions d’ajustement structurel et conjoncturel. » Selon le directeur du pôle Économie de l’Itavi, la consommation tend à devenir de plus en plus marquée saisonnièrement, avec notamment une baisse très importante de la consommation en été, alors qu’un élevage de lapins peut produire toute l’année. D’autres enjeux seront également à aborder dans les années à venir : les marges de progrès sur la démédication, les tensions sur les matières premières, l’évolution des systèmes d’élevage pour faire face à la pression sociétale…

Amandine Priolet