PRÉVENTION
Un nouveau guide pour lutter contre les dégâts des corvidés

L’édition 2024 du guide de prévention et protection des cultures contre les corvidés vient de paraître ! Élaboré par le réseau des chambres d’agriculture et à destination des conseillers et des agriculteurs, ce nouveau guide explore en détail les moyens de prévention et les différentes stratégies à adopter pour lutter contre les dégâts des corvidés.

Un nouveau guide pour lutter contre les dégâts des corvidés
Vue aérienne des dégâts causés par les corbeaux. ©CDA_France

Le déclin des oiseaux dû à une biodiversité en berne a laissé la place aux corvidés et autre pigeon ramier. Habitués à vivre à proximité de l’humain, ils ont développé une résistance accrue aux périodes parfois compliquées de disette, augmentant leur taux de survie. De plus, avec davantage de réglementations et l’interdiction de certaines techniques de chasse (le tir dans les nids) les corvidés se reproduisent à grande vitesse. Face à un animal non-craintif envers l’humain, le constat est sans appel : il est difficile d’éloigner les corvidés des cultures et de se protéger des dégâts causés.

Des améliorations existent, mais pas de solution miracle !

Malgré tout, des moyens de préventions variés existent et sont proposés dans le guide, bien que leur efficacité soit limitée et doivent être le plus souvent combinés. Parmi les effaroucheurs visuels, les sempiternels épouvantails sous forme d’humain, de ballon ou de cerf-volant, ou encore la classique technique des miroirs ont fait plus ou moins leurs preuves.

D’autres outils d’effarouchement, notamment sonores et pyrotechniques, ont fait leur apparition, comme les haut-parleurs, le pistolet lance-fusées, ou les canons effaroucheurs, qui améliorent sensiblement la protection, bien que la présence humaine reste la méthode d’effarouchement la plus efficace. Avec le développement de l’intelligence artificielle, de nouvelles idées émergent et sont en test. Plusieurs start-up développent actuellement des effaroucheurs autonomes sonores ou laser, basé sur une programmation d’intelligence artificielle (IA) très prometteurs.

Au-delà des outils, des stratégies peuvent ainsi être mises en place comme les semis sous-couverts, l’application de répulsifs chimiques enrobant les semences, ou encore à l’échelle d’un territoire, la coordination des semis afin de limiter les risques. « Ce qui peut fonctionner une année, peut ne pas fonctionner l’année d’après. Il y a des améliorations, mais pas de solution miracle », rappelle, prudent, Alexis Soiron, chargé de mission faune sauvage pour la chambre d’agriculture France et rédacteur du guide.

Si plus rien ne fonctionne, il reste la destruction administrative, autrement dit la chasse, bien que le conseiller préconise de se rapprocher de la fédération. Le chargé de mission insiste également sur l’importance de signaler les dégâts à l’administration. « Car sans déclaration fiable, l’administration se retrouve en difficulté pour justifier de moyens pour diminuer la pression. »

Pour aller plus loin, des formations sur les sujets Esod1 et corvidés peuvent être dispensés dans les fédérations départementales de chasse et s’avérer très utiles aussi pour échanger sur les problématiques rencontrées et se mettre à jour au niveau des réglementations.

M.M.

1. Espèces susceptibles d’occasionner des dégâts.

Bien utiliser les canons effaroucheurs
Ce flyer est destiné à être affiché en mairie dans un but de "médiation" pour éviter tout conflit de voisinage.©CDA_France
Prevention sonore

Bien utiliser les canons effaroucheurs

Les canons effaroucheurs font partie des méthodes les plus efficaces, mais peuvent faire l’objet de réelles tensions dans les communes entre habitants.

Un flyer à placarder dans les mairies accompagne le guide, afin de justement prévenir les tensions en informant le plus grand nombre.

Concernant les canons effaroucheurs, les agriculteurs sont soumis à un cadre de réglementation strict, en accord avec le code de la santé publique.

« Il faut respecter une distance de 250 à 300 mètres des habitations. De plus, il ne faut pas poser les canons trop tôt dans la saison, mais à un stade sensible : au moment des semis et de la récolte. En effet, si les détonations sont trop rapprochées, l’oiseau s’y habitue. L’idéal est de déplacer les effaroucheurs tous les deux ou trois jours dans la parcelle », conseille Alexis Soiron.